DIMANCHE : « JOUR DE FÊTE PRIMORDIAL » (Concile Vatican II)
Les 4 évangiles concordent : les disciples ont découvert que Jésus était ressuscité le lendemain du sabbat, que l'on appelle « 1er jour » puisque les Juifs n'avaient pas de noms spéciaux pour les jours de la semaine.
Ce jour devenu du coup tout à fait extraordinaire, les disciples le dénommèrent « Jour du Seigneur », et ils décidèrent de le fêter non chaque année au jour anniversaire de la Pâque juive, mais chaque semaine. Le rythme hebdomadaire juif (1erjour, 2ème, 3ème ..., 7ème = sabbat) fut donc modifié : 1er jour = jour du Seigneur = fête = dimanche......puis 2èmeetc. La semaine chrétienne débutant par le dimanche, le nom « week-end » s'applique donc en fait à vendredi-samedi (bonne habitude à prendre !)
Comment les premiers disciples décidèrent-ils de célébrer ce Jour premier ? En se réunissant. Puisque Jésus avait dit : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34), la conséquence directe du mystère pascal de mort et résurrection était l'union visible des brebis autour de leur Bon Pasteur. La résurrection de Jésus ne se prouvait ni par le constat du tombeau vide ou de nouvelles apparitions ni ne se définissait par une formule dogmatique. Lorsque, quelque part, le dimanche, des hommes et des femmes de tous âges, de toutes conditions sociales, de toutes nations, de toutes langues, se réunissent, ils manifestent par ce fait même que le projet de Jésus a réussi puisque Jésus est mort « pour réunir les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52) et que nous devenons les membres de son Corps (1 Cor 12, 27). Passion, Résurrection, Assemblée, Eucharistie et Dimanche sont inséparables. L'évangile de ce dimanche nous prouve l'origine de cette foi.
JEAN 20 : APPARITION DU RESSUSCITE AU SOIR DE PÂQUES
« Le soir du premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint : il était là au milieu d'eux. Il dit : « La Paix avec vous » et il leur montra ses plaies. Les disciples furent remplis de joie.
Il répéta : « Paix à vous. De même que le Père m'a envoyé, je vous envoie ». Il souffla sur eux : « Recevez l'Esprit-Saint et allez remettre les péchés ».
Depuis lors, à cet exemple, le dimanche, les disciples se rassemblent en un lieu. Ils écoutent la Bonne Nouvelle, ils actualisent la présence de Jésus vivant en partageant son Corps et son Sang, ils reçoivent le souffle de l'Esprit qui les recrée. La foi au Christ les libère de leurs peurs, les extrait de leur solitude, les comble d'allégresse puisque la Passion de Jésus est source de leur paix. Et guéris de leurs appréhensions, pleins d'assurance, par la force de l'Esprit, ils se dispersent pour aller partout annoncer la Bonne Nouvelle. Moqueries et menaces ne leur font plus peur : leur expérience est telle qu'ils brûlent de la partager.
Cette mission n'est pas simple, elle rencontre des échecs.
L'un des 12, Thomas, était absent. Ils lui disent : « Nous avons vu le Seigneur ». Il déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains les marques des clous, non, je ne croirai pas ».
Ainsi onze apôtres, unanimes, convaincus, ne parviennent pas à convaincre leur confrère ! Ne nous étonnons donc pas que tous nos arguments, toutes nos tentatives se brisent devant le scepticisme de nos jeunes.
Huit jours plus tard, les disciples étaient dans la maison et Thomas avec eux. Jésus vient, il était là au milieu d'eux....Il dit à Thomas : « Avance ton doigt... : cesse d'être incrédule, sois croyant ».
Thomas dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu »
Thomas est vaincu non par des affirmations réitérées mais parce qu'il accepte d'aller à la réunion de la semaine suivante, c.à.d. « le dimanche » suivant. Il doit rejoindre la communauté, approfondir avec les autres le sens de la croix, constater que ses frères sont vraiment libérés de leur angoisse, que la paix qui les inonde n'a d'autre source que la croix, que la Passion de Jésus l'a rendu Seigneur qu'aucune barrière n'arrête. Alors lui aussi peut confesser sa foi.
Thomas nous dirait aujourd'hui qu'il ne faut plus demander d'apparitions, exiger des preuves mais faire confiance aux femmes et hommes qui ont fait l'expérience de Jésus ressuscité. Il reste à participer à l'Eucharistie dominicale où tout incrédule est invité par des disciples qui chantent leur joie d'être pardonnés et se réjouissent d'aller dans le monde pour annoncer et donner le pardon. Alors l'ancien incrédule peut goûter le bonheur de croire sans voir.
D'autres passages montrent l'importance capitale du « dimanche », jour qui est une invention chrétienne.
EVANGILE DE LUC : LES DISCIPLES D'EMMAÜS
Ces deux disciples eux aussi refusaient d'accorder foi aux femmes qui annonçaient la Résurrection de Jésus. Le maître qui devait rendre à Israël son indépendance, avait échoué : il n'y avait plus qu'à rentrer à la maison. Mais, en ce 1er jour de la semaine, un inconnu les rejoint sur la route et leur propose de reprendre le procès Jésus, de relire les Ecritures, de chercher à en percer une interprétation plus profonde. La croix était-elle la fin odieuse d'un imposteur ou le don d'amour du Serviteur de Dieu ? La libération était-elle la défaite des Romains ou la sortie de la prison universelle du péché ?
Perplexes, les marcheurs progressent dans leur réévaluation et ils invitent l'étranger chez eux. Tout à coup, au contraire de toute convenance, c'est lui qui prend le pain, le rompt et le leur offre. Il a disparu mais maintenant ils ont compris : la croix était amour, la résurrection était pardon. Bouleversés, les deux jeunes gens rebroussent chemin et, à Jérusalem, ils retrouvent Pierre et les autres. La communauté éclatée se reconstitue. Elle grandira au rythme des assemblées dominicales où l'on est illuminé par la cohérence des Ecritures et alimenté par le Pain qui est fractionné afin que l'Eglise ne le soit plus.
PAUL : LA MESSE DU DIMANCHE A CORINTHE EN L'AN 55
Paul rappelle à la communauté de Corinthe ce qu'il leur avait appris dès la fondation (années 51 /52) : « Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain... » (1 Cor 11, 23). Les chrétiens se réunissent bien « le 1er jour de chaque semaine » (16, 2) ; mais Paul les apostrophe sèchement car, lors de ces assemblées, les disciples reconstituent leurs divisions sociales : ils se regroupent par affinité, les riches d'un côté, les pauvres de l'autre. « Vos réunions vous font du mal, dit-il, ce n'est pas le Repas du Seigneur que vous prenez...Méprisez-vous l'Eglise de Dieu ?...Celui qui mange et boit sans discerner le Corps du Christ mange sa propre condamnation » (1 Cor 11, 17-28). Les disciples « discernaient » bien que le Pain rompu était le Corps du Christ mais, par leurs divisions, ils ne « discernaient » pas que le partage de ce Pain devait accomplir et manifester une assemblée où tous se rejoignaient comme frères et s½urs.
Le dimanche est la réalisation initiale et prophétique d'une humanité qui surmonte ses divisions, ses antipathies et ses racismes pour devenir unie. « Père, que tous soient UN comme Toi en moi et moi en Toi, afin que le monde croie » (Jn 17, 21).
L'Eucharistie, mémoire de la Passion et fête de la résurrection, crée la communion fraternelle et du coup réalise une Eglise missionnaire - car la première mission est l'unité des croyants.
L'APOCALYPSE (2ème lecture)
Vers la fin du 1ersiècle, Jean, évêque d'Ephèse, est arrêté et exilé. Tout à coup le Ressuscité lui apparaît :
« Moi, Jean, votre frère dans l'épreuve, je me trouvais à Patmos à cause de la Parole du Seigneur et du témoignage rendu à Jésus. Au jour du Seigneur, je fus saisi par l'Esprit...Je me retournai et... je vis comme un Fils d'homme...Il me dit : « Ne crains pas...je fus mort et je suis vivant pour les siècles des siècles, et je tiens les clefs de la mort » (1, 9-18). On persécute les chrétiens mais le Christ vivant ne les abandonne jamais : il les rejoint chaque dimanche et les remplit de force pour comprendre ce qu'ils vivent et endurent.
La méditation de ces scènes suffit à comprendre que le dimanche et sa messe ne sont pas un ordre mais l'effet immédiat de la Pâque du Christ. Cherchons comment convertir nos célébrations qui, si souvent, semblent une corvée où l'on vient sans désir, que l'on subit en silence et que l'on fuit en hâte.