2e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Nos évêques ont proposé à toutes les communautés du pays de réfléchir, au long de cette année 2006, au thème de la PRIERE.

Sujet capital car si le 1er commandement dit : "Tu aimeras le Seigneur Dieu de tout ton c½ur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir", c'est donc que la foi est d'abord et essentiellement lien personnel, dialogue affectif avant d'être pratique rituelle ou dévouement philanthropique. Mais sujet extrêmement difficile car si déjà il n'est pas toujours simple de s'entretenir avec quelqu'un que l'on voit, a fortiori est-t-il ardu de s'adresser à quelqu'un que l'on ne voit ni ne sent, dont on ignore les réactions ...et qui est DIEU !!!!

Parce qu'il y va de la profondeur de la vie de foi de l'Eglise et parce qu'il s'agit d'une activité qui exige apprentissage et persévérance, l'enjeu de cette année est donc vital. Il faudra bien la durée d'un an pour que chacun de nous s'interroge à fond sur son rapport personnel à Dieu et pour que l'Eglise, en situation de crise, réalise qu'elle n'accomplira pas sa mission en se contentant de relifter ses édifices, renforcer ses "piliers", étendre son réseau d'organisations et multiplier les réunions. La vie de l'âme croyante comme le tonus d'une Eglise dépendent essentiellement de leur relation profonde à leur Seigneur vivant, de l'Alliance de personne à personne que l'on appelle PRIERE.

Or justement, pour entrer dans ce sujet, la liturgie de ce dimanche nous présente une magnifique scène de la prière d'un enfant.

L'ENFANT QUI SE METTAIT EN PRIERE

Nous sommes au XIème. siècle avant le Christ. Les bribes de populations qui deviendront Israël sont disséminées dans le pays de Canaan et elles restent toujours tentées d'adopter la religion des autochtones : prier les baals pour obtenir la bénédiction des champs et des troupeaux. A plusieurs reprises, elles sont écrasées par les armées des voisins, notamment les Philistins.

Le sanctuaire se trouve à Silo, avec l'arche de l'Alliance (le caisson qui contient les tables de la Loi) mais le responsable, Eli, est âgé et ne parvient pas à corriger les excès et les errements de ses fils.

Or il y avait une femme, Anne, l'épouse bien-aimée d' Elqana, qui était très malheureuse parce qu'elle restait stérile. Lors d'un pèlerinage à Silo, elle fit un v½u : si elle obtenait un fils, elle le consacrerait au Seigneur. Quelque temps plus tard, elle devint enceinte et mit au monde un garçon qu'elle appela SAMUEL

Fidèle à sa promesse, lorsqu'il eut grandi, elle le conduisit à Silo et le confia au prêtre : Samuel devint "servant du Seigneur". C'est ici que se place la scène de son appel - 1ère lecture de notre liturgie du jour :

Le petit Samuel couchait dans le temple du Seigneur où se trouvait l'arche. Le Seigneur appela Samuel qui répondit : " Me voici". Il courut vers le prêtre Eli : " Tu m'as appelé : me voici".

Eli répondit : " Je ne t'ai pas appelé ; retourne te coucher".

De nouveau le Seigneur appela Samuel qui alla près d'Eli : " Tu m'as appelé : Me voici". Eli répondit : " Je ne t'ai pas appelé, mon fils, retourne te coucher".

Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, la Parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.

Une 3ème fois, le Seigneur appela Samuel. Il se leva, alla près d'Eli : " Tu m'as appelé : me voici".

Alors Eli comprit que c'était le Seigneur qui appelait l'enfant : il lui dit :

" Retourne te coucher et, si on t'appelle, tu diras :

"Parle, Seigneur, ton serviteur écoute".

Samuel retourna se coucher. Le Seigneur vint près de lui et il l'appela comme les autres fois : "Samuel ! Samuel !"

Et Samuel répondit : " Parle, ton serviteur écoute".

LA PRIERE EST ECOUTE

L'enfant Samuel croit d'abord que Dieu ne peut lui parler qu'à travers l'enseignement du prêtre : c'est pour cela qu'il va d'abord réveiller Eli. Mais Dieu peut s'adresser à quelqu'un - même un petit - de façon directe, sans la médiation cléricale ou parentale.

Les prêtres sont là pour nous instruire mais le croyant doit toujours s'interroger : Qu'est-ce que Dieu me dit, à moi ?

C'est l'honneur du prêtre Eli de ne pas s'interposer entre Dieu et l'enfant et de renvoyer Samuel à une écoute personnelle.

Prier n'est pas répéter un enseignement appris. Le prêtre, la catéchiste, les parents doivent s'effacer et laisser Dieu construire sa relation avec l'enfant.

Il arrive que celui-ci perçoive mieux la Voix de Dieu.

Que les adultes ne le fassent pas taire.

Il nous semble toujours que prier c'est parler. Nous lançons un flux de paroles comme si nous voulions faire connaître à Dieu toutes nos pensées et nos besoins. Pourtant Jésus a prévenu ses disciples de ne pas rabâcher comme les païens (Matth 6, 7).

Merveilleusement, le petit, seul dans la nuit, se fait accueil :

" PARLE, SEIGNEUR , TON SERVITEUR ECOUTE "

Nous, nous disons le contraire : " Ecoute, Seigneur, moi je vais parler" !!!.

D'autre part, des religions orientales remportent un certain succès car elles promettent d'atteindre à la maîtrise de soi par une technique de concentration et de silence. Dans une posture de rigoureuse immobilité, nous serions enfin guéris de ces fameuses "distractions" qui nous assaillent l'esprit dès que nous voulons prier.

Samuel se tait non parce que le silence a un valeur sacrée mais parce qu'il veut servir le Seigneur en vérité et que servir quelqu'un, c'est d'abord l'écouter, lui demander d'exprimer ses désirs afin d'accomplir ses volontés.

A l'Annonciation, Dieu, par l'Ange, a pris l'initiative et Marie a écouté un message qui la désarçonnait mais auquel, enfin, elle a acquiescé. Au baptême, Jésus a écouté son Père qui l'interpellait : " Tu es mon Fils : moi aujourd'hui je t'engendre". La prière quotidienne en Israël (que Jésus a dite toute sa vie) commence par : "Ecoute (SHEMA), Israël, ...".

Donc l'Eucharistie commence par des lectures de la PAROLE DE DIEU et nous entrons dans le rite en écoutant.

A condition d'arriver à l'heure !!! ...et de prêter l'oreille, avant de donner notre c½ur. Et de nous donner à l'action.