30e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Materne Pierre-Yves
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2002-2003

Au bord de la route, un aveugle, appelé Bartimée, est assis avec sa souffrance et son unique manteau.

Les habitants de la ville l'ont enfermé dans une identité étroite. Après tout, c'est un aveugle parmi d'autres, il n'est guère intéressant de s'y arrêter. Cet homme est complètement rejeté, oublié, exclu de la société. Il n'existe plus aux yeux de ses contemporains. Soudain, l'aveugle se met à crier pour appeler Jésus. Il refuse de rester silencieux. Il lui faut du courage pour oser se faire remarquer. S'il n'avait rien dit, Jésus serait probablement passé sans le voir. Mais Bartimée a rassemblé ses forces pour sortir de son état silencieux. Grâce à cette audace, Jésus s'est laissé toucher. L'aveugle est guéri par son cri, sa confiance et sa reconnaissance du Christ.

" Va ta foi t'a sauvé ". Jésus l'invite à vivre sa vie. Délivré de son aveuglement, il s'élance sur la voie tracée par Jésus. D'un bond, il quitte son vieux manteau vers une nouvelle vie. L'histoire de Bartimée ressemble un peu à la nôtre. Durant notre enfance, on nous a dis qui on était. On s'est construit une sorte de carapace semblable au manteau de l'aveugle. Et nous n'étions peut être pas apprécié à notre juste mesure. Oh, lui, c'est un paresseux. Oh, elle, c'est une craintive. Ce genre de définition finit par limiter la place de l'autre.

Nous pouvons nous donner à nous-même cette identité. Nous avons certaines croyances sur nous qui aveuglent. Si nous nous y sentons trop à l'étroit, en marge de notre chemin de vie, nous pouvons éprouver le besoin de crier. Le cri intérieur ou extériorisé, signifie un désir de sortir de l'enfermement et de l'aveuglement. C'est la volonté d' y voir clair, de sortir de l'obscurité. Il y a toutes ces expériences qui nous font voir nos limites. La foule des idées, des pensées voudrait nous faire taire, nous résigner. Nous avons des limites, c'est vrai, mais nous pouvons refuser d'y être enfermé.

Par une décision, faite d'audace et de courage, nous sommes capables d'aller vers une nouvelle manière d'être plus authentique. Le fait d'avoir un caractère plus secondaire, par exemple, ne soit pas conduire à se définir comme lent ou paresseux. Si c'était le cas, nous serions comme Bartimée enveloppé dans son manteau d'aveugle.

Le message de l'Evangile, c'est que toute personne est unique et aimée de Dieu. Si nous sommes parfois prisonniers de certaines identités, Dieu nous invite à nous en libérer par le courage et la confiance. Par un acte libre et courageux, qui commence éventuellement par un cri, nous pouvons nous élancer vers Dieu qui nous appelle à vivre comme des personnes uniques et dignes d'amour. Armé de notre courage, nous entendrons alors au fond de nous : " Va, ta foi t'a sauvé ".