L'histoire de Zachée, nous la connaissons sans doute toutes et tous. Elle nous rappelle des souvenirs de notre enfance où Zachée dans son arbre nous était conté pour mieux comprendre la vie de Jésus. Zachée est aujourd'hui encore tellement connu, qu'il est même devenu un exercice type chez les logopèdes ou dans la formation des frères dominicains pour apprendre à développer certains muscles de la langue en disant de plus en plus vite, la phrase suivante : " Jésus s'en va chez Zachée ". Je vous invite à faire cet exercice, mais plutôt chez vous afin d'éviter une cacophonie dans notre église.
Au-delà du périlleux exercice de diction, la phrase " Jésus s'en va chez Zachée ", et je prends quelques risques en la répétant, peut être reçue comme une invitation à nous remettre fondamentalement en question. Je m'explique. Lorsque j'avais huit ans, ma maman m'a avoué que tout ce qui tournait autour des cloches de Pâques ou encore d'un grand saint dont je tairai le nom pour que le rêve puisse se poursuivre dans le c½ur des plus jeunes, étaient le fruit de la générosité d'autres. Vous ne pouvez imaginer à quel point fut le choc. J'y avais tellement cru. Ma déception passée, mes premiers mots l'ont alors effrayée lorsque je lui ai demandé : " maman, et Dieu, c'est pas vrai non plus ? ". Vous imaginez son désarroi. Comment me faire comprendre qu'il y a des choses auxquelles je ne dois pas croire alors que d'autres, qui me semblent encore plus invraisemblables, je devais les accepter. Dieu existe et j'étais prié de ne pas remettre cela en question.
Dieu existe. Je ne peux le prouver puisque nous sommes dans le champ de la foi. Une foi, aujourd'hui encore, parfois traversée de certains doutes. Est-ce vraiment vrai ? Existe-t-il réellement alors que je ne vois rien ? Est-ce que je ne me trompe pas ? Avons-nous la bonne interprétation et sommes-nous sur la bonne voie ? Ces questions nous traversent parfois l'esprit. Alors imaginons-nous un instant non plus que " Jésus s'en va chez Zachée " mais plutôt " Jésus s'en vient chez nous ". Nous sommes à la maison, afférés aux tâches quotidiennes, quelqu'un sonne à la porte. Nous le reconnaissons. Je ne sais pas vous dire comment et pourquoi. Mais son regard nous transperce et nous avons la conviction intime que le Fils de Dieu est bien devant nous. Passé cette surprise émotionnelle, notre raison reprend vite le dessus. Nous lui posons alors quelques questions pour être vraiment certain de ne pas s'être trompé. Peut-être que les incrédules lui demanderont de revenir à un autre moment pour vérifier cette certitude qui les envahit. Voilà, Jésus est chez moi, devant moi. Je lui parle de ce que je vis, de ce que je ressens, de mes questions : suis-je sur la bonne voie ? est-ce que je le déçois ? Dieu pardonne-t-il réellement ? Lui, ne me dit sans doute pas grand chose. Il me regarde et dans ses yeux je lis toute la tendresse de Dieu. J'ai confiance, je suis bien. Après un temps, il décide de s'en aller. Il est vrai qu'il a encore tant de gens à rencontrer. Et je me retrouve seul face à moi-même mais cette fois avec la joie de vivre dans le c½ur de Dieu. La foi n'est plus une question, elle est certitude. Je n'ai plus d'interrogations sur la divinité mais bien sur le sens de mon humanité. Je décide alors de vivre intensément. Peut-être même que je me mettrai en marche sur les routes pour partager l'expérience vécue. En tout cas je m'impliquerai beaucoup plus encore. Toutes les valeurs que j'estime fondamentales ne sont plus de vain projets à réaliser mais bien le c½ur même de ce que je veux vivre. Elles ouvrent la voie à la vie ici et maintenant. En Dieu, je me lance sans peur, je n'ai plus d'inhibitions. Je vis dans la confiance. Et à chaque croisement, je me tourne vers lui et je communique, je prie avec cette certitude d'être entendu. Suis-je entrain de vous conter un rêve éveillé ? Je ne le crois pas. " Jésus s'en va chez Zachée ". Cela s'est passé, il y a deux mille ans. Dieu s'est incarné et a partagé notre humanité. A chacune et chacun d'y croire encore et toujours. Et Dieu ce soir (matin) frappe à la porte de notre c½ur. Allons-nous lui ouvrir sachant que notre vie en sera bouleversée, transformée ? " Jésus s'en vient chez moi ", cela se vit à chaque instant. Amen