Vers la fin de l'année liturgique, l'évangile nous parle souvent de l'attente. Il nous dit : l'époux va arriver, attendez ; le jour du jugement va arriver, attendez ; la mort sera vaincu, attendez. Parfois, comme aujourd'hui dans la parabole des dix jeunes filles, le message peut sembler un peu menaçant : si nous ne sommes pas bien préparés, risquons de rater le moment que nous devons attendre et d'être exclus. Mais toujours, même s'il y a un élément négatif, le message de Jésus est au fond toujours positif et porteur d'espérance.
Attendre, c'est notre lot commun. Chacun de nous doit attendre, tous les jours. Nous attendons le train, le bus, le feu vert. A la caisse au GB, c'est toujours la file, et nous attendons. Il y a des attentes plus importantes : la femme enceinte attend la naissance de son enfant, le prisonnier attend le jour où il sera libre.
Dans un certain sens, attendre, c'est ne rien faire, ce n'est pas une activité. Quand nous attendons à la gare ou au GB, nous restons simplement là, sans rien faire de spécial. En attendant le train, nous lisons peut-être le journal ; au supermarché, nous regardons peut-être les autres clients et leurs achats. Mais lire le journal n'est pas attendre, regarder les autres n'est pas attendre. Attendre, c'est simplement être là. Mais c'est être là parce qu'on espère quelque chose. Si nous restons à la gare sans rien faire de spécial, c'est parce que nous espérons que le train viendra. Nous sommes orienté vers l'avenir, et vers un avenir positif. Si nous croyions que le train ne viendrait pas, si nous n'avions pas cet espoir, nous quitterions la gare tout de suite. Nous espérons que le train viendra, c'est pourquoi il vaut la peine de rester à la gare. Si nous restons dans la file au GB, c'est parce que nous espérons arriver un jour à la caisse. L'attente suppose l'espoir. D'autre part, cesser d'attendre, c'est cesser d'espérer. Si nous cessons d'espérer, nous faisons peut-être quelque chose d'autre, nous quittons la gare ou le magasin pour aller ailleurs ; mais nous sommes déçus. La déception est parfois fondamentale : le prisonnier qui ne croit pas qu'il sera libéré, qui cesse d'espérer le jour de sa libération, ne peut pas aller ailleurs, sans espoir, il tombe dans le désespoir, il est désespéré.
Il n'y a pas que des prisonniers qui tombent dans le désespoir. Beaucoup de gens croient qu'ils n'ont rien à espérer. Pour eux, la vie semble être le feu rouge permanent, la déception permanente. Ou il n'y a que la mort qui les attend. Quand Jésus nous dit d'attendre, il nous dit effectivement que nous avons quelque chose à espérer. Quelles que soient les difficultés de notre vie, quelles que soient les déceptions que nous avons éprouvées, nous pouvons espérer, il vaut la peine d'attendre. Nous pouvons nous orienter vers l'avenir, parce il y aura un avenir positif. C'est la promesse de Jésus.
Parfois, si on attend quelque chose, on risque de rater ce qu'on attend. Pour ne pas le rater, il faut attendre de manière intelligente. Bien attendre le train veut dire attendre à la gare et pas à la maison. Il faut être attentif : si on lit le journal en attendant, il ne faut pas s'y immerger à ce point qu'on ne remarque pas le train qui arrive. C'est en effet le côté négatif de ce que Jésus dit : quelque chose de bon va arriver, quelque chose qu'il est possible de rater. Attendons donc le bonheur qu'il nous promet, mais attendons avec intelligence.