32e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2012-2013


La semaine passée, à la fin de notre célébration dominicale, l'une d'entre vous était venue me demander pourquoi dans le credo il est écrit que « Jésus est descendu aux enfers ».  Jésus est-il allé en Enfer, s'interrogea-t-elle ?  Comme quoi, les gens réfléchissent quand ils viennent à la messe.  Entre deux poignées de mains, et donc en quelques secondes, je me suis permis de balbutier la réponse suivante : Il y a bien une différence entre les enfers et l'Enfer.  Tout d'abord, l'expression « les enfers » signifie le séjour des morts.  Il ne s'agit pas de l'Enfer à proprement parlé et qui serait le pendant du Paradis.  Celui dont une blague raconte que l'on y attend Lakshmi Mittal pour qu'il aille y éteindre tous les fours. L'enfer et les enfers décrivent deux réalités bien différentes.  Et il en va de même aujourd'hui avec ce questionnement des Sadducéens concernant la résurrection.  Il est vrai qu'ils n'y croyaient pas tellement l'idée était récente dans la culture de l'époque.  Toutefois, nous ne sommes plus dans la thématique de l'Enfer et des enfers mais plutôt dans celle de la mort et des morts.
En effet, actuellement, lorsque nous faisons l'expérience de la mort, celle-ci est toujours la mort de quelqu'un d'autre.  Nous sommes incapables de savoir ce qu'ils vivent, ce qu'ils ressentent à ce moment-là puisqu'ils viennent de nous quitter.  Et nous ne pouvons plus communiquer entre nous.  Malgré le fait que nous ne savons pas réellement ce qu'elle représente dans le concret, la mort nous touchera d'autant plus lorsqu'elle frappe nos proches.  Ces derniers quant à eux font vraiment l'expérience de leur propre mort tandis que nous de notre côté, nous vivons leur départ, leur absence, l'apprentissage d'une nouvelle présence.  Un vide s'installe entre nous.  Nous n'avons que l'espérance qu'ils poursuivent leur vie mais autrement.  Dès lors, nous devons bien admettre que nous ne ferons l'expérience de notre mort que dans l'instant précis où nous la vivrons et c'est sans doute la raison pour laquelle il est si difficile d'en parler puisque nous n'en savons rien par définition.  Et le seul qui l'a vécue sur le bois de la croix, ne nous en a rien dit lorsqu'il est ressuscité au matin de Pâques.  Dans la foi, parce que nous croyons que la résurrection nous est promise et qu'elle agit déjà en chacune et chacun de nous, la mort est un instant que nous traverserons pour nous conduire de la vie terrestre à la vie éternelle.  Nous entrons dans une nouvelle lumière, celle de Dieu.  Nous serons dans un nouvel état où nos contingences sociales, familiales n'auront plus de raison d'être.  Toutefois, nous ne vivons pas cette traversée sans rien.  Nous emportons avec nous comme seul bagage, tout l'amour que nous avons donné et reçu au cours de notre pèlerinage terrestre.  L'amour est à la fois le combustible dont nous avons toutes et tous tant besoin et il est ce qui nous transforme tout au long de nos vies.  Et c'est justement cet amour qui nous fait prendre conscience qu'il y a une différence entre la mort qui reste un mystère et les morts que nous avons aimé sur cette terre. Pour beaucoup, nous n'aimons pas la mort car elle nous sépare, nous conduit vers un ailleurs indicible.  Par contre, nous continuons d'aimer nos morts parce qu'ils poursuivent leur accompagnement dans nos vies.  Ils vivent en nous, dans notre c½ur, dans ce temple intérieur de nos souvenirs.  Le c½ur est l'endroit privilégié où vivent nos morts.  Il est une forme de cimetière chaleureux où celles et ceux qui nous ont quitté parfois bien trop tôt, reposent en paix en nous.  Ils nous reviennent en mémoire lors d'une pensée, d'un rappel de ce qu'ils ont pu dire ou faire.  Nous veillons sur leur mémoire comme nous espérons qu'ils veillent sur nous de là où ils sont.  Mieux encore, ils nous enveloppent de leur nouvelle présence.  Ils sont nos étoiles qui poursuivent l'éclairage de nos routes humaines par tout ce qu'ils nous ont laissé dans notre souvenir.  C'est par l'amour et dans l'amour que nous continuons à être reliés les uns aux autres.  Il nous suffit de ne jamais les oublier et d'oser croire qu'ils sont devenus les grands vivants de notre humanité.  En effet, nous dit saint Luc dans l'évangile de ce jour, « Notre Dieu n'est pas le Dieu des morts mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui ».  Y a-t-il plus belle espérance que cette promesse qui nous est faite ?  Poursuivons alors tout en confiance notre chemin terrestre puisqu'un jour il deviendra céleste et cette fois, pour l'éternité.

Amen