Comme Belges, nous sommes habitués à l'idée d'avoir un roi. Depuis le début de son existence, notre pays est un royaume. Le rôle joué par le roi a considérablement évolué au cours de l'histoire. Certains se demandent s'il est encore nécessaire d'avoir un roi ?
L'Eglise nous invite aujourd'hui à fêter le roi des chrétiens qui est Jésus. Avons-nous vraiment besoin d'un roi pour vivre ? On ne peut y échapper : l'Evangile lui-même est l'annonce du Royaume de Dieu. Qu'est-ce que ce Royaume ?
Jésus est venu nous annoncer la proximité du Royaume de Dieu. Jésus se fait le serviteur de ce Royaume divin. Il ne se considère donc pas comme un roi. Beaucoup ont voulu faire de lui un chef politique. Le Christ a toujours refusé d'entrer dans cette logique de pouvoir. « Mon royaume n'est pas de ce monde » répondait-il. Les romains voyaient en lui un concurrent de l'empereur. Les scribes et les pharisiens ne pouvaient accepter qu'il soit le nouveau David, le messie d'Israël.
Lors de son entrée à Jérusalem, Jésus est monté sur un âne. Un roi sur une si modeste monture a de quoi faire rire. C'était une manière de démontrer qu'il n'est pas un roi comme les autres. Le Christ ne s'est d'ailleurs jamais attribué le titre de Roi d'Israël. Ce sont les autres qui lui donne ce titre. A Pilate qui lui demande s'il est le roi des Juifs, Jésus répond : « c'est toi qui le dit ». Jésus est un roi moqué. Les malfaiteurs l'insultent, les soldats le mettent au défi, le peuple regarde par curiosité. Tout le monde est dans l'incompréhension. Comment peut-on dire que cet homme en croix est un roi ? C'est de la folie pure. Un écriteau l'atteste pourtant : « Celui-ci est le roi des Juifs ».
Regardons d'un peu plus près l'attitude de Jésus. Interpellé par un des deux malfaiteurs qui l'entourent, Jésus répond : « Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis ». C'est un criminel que Jésus emmène avec lui. A la différence de l'autre brigand, le bon larron reconnaît sa faute et surtout l'innocence du Christ. Il n'a rien fait de mal. Il ne devrait pas être ici. Le larron a compris que Jésus n'avait pas recherché la mort mais qu'il avait accepté cette éventualité.
Jésus n'est pas venu dans le monde pour mourir mais pour aimer. En voulant rester fidèle à ses amis et à son message, il a pris le risque de choquer les autorités de son époque. Il a pris le risque de la mort. C'est par amour et fidélité que Jésus s'est livré pour nous. Pour nous, c'est-à-dire pour que nous soyons libérés de nos esclavages, de nos peurs, de nos obstinations. C'est probablement cela que le larron a compris du haut de sa croix. C'est cette prise de conscience qui l'a sauvé. Comme il n'était plus enfermé dans sa culpabilité, il a laissé le Christ entrer dans sa vie pour le mener dans la paix de Dieu.
N'est-ce pas le sens du Royaume de Dieu ? C'est que tout n'est jamais définitif. Tout peut-être changé, même à la dernière minute. Nous ne sommes pas dans une prison de fatalité mais sur un chemin de liberté. A la suite de Jésus, nous sommes invités à ne pas entrer dans une logique de domination. A la suite du Bon Larron, nous sommes appelés à accepter ce que nous sommes et à demander le pardon pour nos manques de justice et d'amour. Que Dieu nous guide sur cette voie royale.
Amen.