3e dimanche de Carême, année A

Auteur: Materne Pierre-Yves
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 2001-2002

Jn 4, 5-42

" Maman j'ai soif ". Combien de fois l'avons-nous dit et entendu. Les enfants aiment exprimer leur besoin avec insistance tant ils comptent bien être contentés. L'expérience de la soif nous est familière. En pleine chaleur, lorsque la gorge est sèche, nous aspirons à boire une bière fraîche. Et les hommes savent pourquoi. L'Evangile parle de la soif d'une femme, la samaritaine, et d'un homme, le Christ. Je voudrais m'attarder sur sa soif à lui. Quel en est son sens ?

La samaritaine, hérétique aux yeux des juifs, est surprise en arrivant au puits. En effet, un homme juif s'est assis là et voilà qu'il lui parle. Jésus, fatigué par la chaleur et la marche, désire boire un peu pour se rafraîchir. Non seulement, il adresse la parole à la samaritaine, mais en plus il lui demande à boire. Quelle audace ! Lui, le Fils de Dieu, ose laisser transparaître sa faiblesse, son humanité concrète devant celle qui est habituellement rejetée par les autres juifs. Cette femme peut-elle voir en lui le Christ en lieu et place du juif supérieur et méprisant ? " Voilà un juif pas comme les autres ", songe-t-elle. . " Voilà qu'il me demande de l'aide pour boire et me promet une désaltération absolue ". Jésus a également soif de communiquer ce qui rassasie pour toujours. Il se manifeste tout simplement comme l' envoyé du Père qui a soif de communiquer la vie et l'amour autour de lui. Ce genre de soif n'est jamais comblée, jamais apaisée.

La Samaritaine sursaute lorsque le Christ lui parle de sa vie conjugale désordonnée. Lui qui arrive parfois à sonder le fond des c½urs de ses interlocuteurs se dévoile comme prophète. C'est un prophète qui peut connaître ce qui est dissimulé mais il ne juge pas la personne. Il témoigne d'un profond respect à l'égard de chacun. Comme nous avons pu le constater dans l'Evangile, Jésus ne se met jamais en position de supériorité dans une rencontre. Il est assis sur le bord du puits quand il interpelle la samaritaine. Par conséquent, son regard va de bas en haut ou à hauteur égale. Il en est de même lorsqu' on lui présente une femme adultère pour la lapider. Il se baisse, dessine sur le sol, et lui parle. Jamais il ne prend les gens de haut. Il préfère se mettre à leur portée, en commençant par les réprouvés car il est venu pour ces derniers et non pour les bien-pensants, affirme-t-il à maintes reprises.

Face à la Samaritaine, Jésus fait le premier pas tant il a soif d'être reconnu pour ce qu'il est. Nous-mêmes, nous avons soif de reconnaissance. Or , la découverte des autres s'enlise souvent dans des préjugés et des peurs. Faire le premier pas ne va pas de soi et demande une bonne dose d'audace. Nous désirons rejoindre et être rejoint mais il y a des obstacles, des rochers qui obstruent la rencontre. Comme Moïse, il faut faire jaillir l'eau du rocher pour laver notre pensée de tous ces préjugés-obstacles. A son peuple qui veut faire marche arrière par peur de l'inconnu, Moïse donne une fontaine. Peut-être qu'ils mourront de faim et de soif demain ? Nous-mêmes, nous pouvons parfois craindre l'inconnu.. Pour dépasser cette barrière, il est possible de nous appuyer sur Dieu. Il est l'anti-barrière par excellence puisqu'il est présent partout, en esprit et en vérité. Il n'est prisonnier d'aucun temple et d'aucune église.

Le Christ nous a révélé le visage de Dieu, comme pour la Samaritaine. C'est le visage qui touche nos vies, parfois blessées, pour faire jaillir une source de vie éternelle. La présence du Seigneur est humble et proche comme Jésus assis sur le puits. Notre être est parfois encombré par des rochers mais Moïse nous montre que Dieu est plus fort que la pierre. Il peut fissurer les c½urs de pierre et humidifier notre vie intérieure. De la sorte, si notre conscience et notre c½ur sont irrigués par le don de Dieu, nous aurons plus de force pour dépasser les obstacles dans la rencontre des autres, inconnus ou mal connus. Dieu a soif de nous rendre vivants et heureux. Nous, nous avons soif de bonheur et de vivre pleinement. Alors pourquoi ne pas jetter nos préjugés à la poubelle et accepter de trouver en Dieu le lieu de notre désir.

Amen