Qui n'a jamais eu de doutes contre la foi ? Personne. Comment ne pas douter quand Dieu se tait devant l'immense détresse des hommes ? Pourquoi prier quand le mal inexorable emporte la personne que vous chérissez ? Pourquoi encore aller à la messe du dimanche que des millions de baptisés ont abandonnée et qui n'a plus de sens ?
Rassurez-vous : les plus grands Saints ont, eux aussi, été taraudés par des interrogations parfois cruelles : relisez les confidences de la petite Thérèse, rongée par la tuberculose dans son carmel de Lisieux et obsédée par la question : " Et s'il n'y avait pas de ciel ?"
LA QUESTION DE JEAN BAPTISTE
Même le grand Jean-Baptiste fut pris d'angoisse. Près du Jourdain, il avait reconnu sa propre impuissance et désigné clairement Jésus comme le Messie attendu, celui qui allait effectuer le grand nettoyage :
Il a sa pelle à vanner : il ramassera le bon grain et brûlera la paille (cf. l'Evangile de dimanche passé).
Mais voilà que Jean est arrêté et jeté en prison pour avoir eu le front de dénoncer les m½urs du roi : Je vais être bientôt exécuté, pourquoi donc Jésus n'intervient-il pas ?...
Jean-Baptiste dans sa prison avait appris ce que faisait le Christ (en Galilée). Il lui envoya demander par ses disciples :
Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?
Terrible question - bien plus aiguë encore aujourd'hui car d'autres religions proposent d'autres messages. Car l'Evangile n'a guère prouvé son efficacité. Car de nouvelles découvertes scientifiques vont peut-être éclairer le mystère de l'aventure humaine. Ne devons-nous pas nous résoudre à attendre la solution d'un autre que de Jésus ?...
Aux ambassadeurs venus lui transmettre le trouble de Jean, Jésus fait une très curieuse réponse :
Jésus leur répondit :
Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
Ce qui signifie : je ne lancerai pas un commando d'assaut contre la prison et je n'effectuerai aucun acte de libération magique. Jean doit donc accepter son destin. Non il ne s'est pas trompé sur Jésus - qui est bien le Messie, le Libérateur - mais, comme tout le monde à l'époque, Jean guettait la venue d'un Justicier des derniers temps, d'un Vengeur implacable, d'une Apocalypse finale.
Or si Jésus inaugure vraiment le Royaume de Dieu sur la terre, c'est d'une façon tout à fait inattendue : par la multiplication de petits signes de guérison et par l'annonce de la Bonne Nouvelle...qui n'est pas d'échapper à la mort !!!...
LA TÂCHE DES AMBASSADEURS
Aussi les délégués de Jean ont-ils une tâche capitale et difficile à accomplir : sauver leur maître du désespoir, lui permettre d'assumer son martyre sans révolte, dans la certitude que l'espérance d'Israël est en train de se réaliser ...mais tout autrement qu'il ne l'imaginait.
Plus tard Etienne, le premier, puis l'un après l'autre, les apôtres, Jacques, Pierre, Paul et des milliers d'autres seront arrêtés, torturés, exécutés...mais ils mourront sans révolte, soutenus par l'Esprit de feu que Jésus leur avait communiqué par sa Parole et son Pain rompu et partagé.
Parce qu'ils avaient reçu le CORPS DU CHRIST dans son Eucharistie, ils étaient devenus capables - oh dans l'angoisse et avec larmes - de donner LEUR CORPS pour la Vérité.
ALLER DIRE CE QUE VOUS AVEZ VU
Est-ce que Jésus est le Messie, le Libérateur ? Ne faut-il pas en attendre un autre ? : Est-ce que l'Eglise a échoué ? Doit-elle s'effacer de l'histoire ?...
Pour répondre à ces questions anxieuses posées par les jeunes générations, nous devons obéir à l'injonction de Jésus : " Allez dire à ceux qui doutent que la croix du Christ continue à éclairer le monde, que des martyrs ont offert, et offrent encore, leur vie pour leur Unique Sauveur, que des malades sont soignés, que des malheureux sont soutenus, que des désespérés retrouvent un sens à leur vie....et QUE LA BONNE NOUVELLE EST ANNONCEE AUX PAUVRES.
Car seuls comprennent vraiment Jésus ceux qui ont perdu leur assurance et leur orgueil, qui ne réduisent son message ni à des rites formalistes ni à des souvenirs de catéchisme enfantin ni même à une généreuse philanthropie : ceux qui se sentent rejoints par Quelqu'un qui ne leur apporte pas le bonheur sur un plateau d'argent mais qui les aime au fond de leur misère et qui demeure en eux jusqu'à les rendre capables de transformer leur mort en don.
"Jésus est-il le Messie ? Dois-je aller à la messe ?". Je n'ai pas d'ordre à te donner, ami. Simplement je te dis : cesse de rêver d'une liberté égoïste, refuse les préjugés de ton milieu, n'imagine pas une Eglise à ta mode qui résout tous tes problèmes. une Eglise puissante, forte, impressionnante. Rejoins-la lorsqu'elle accomplit ces signes presque ridicules que sont les soins des malades et la célébration avec des assemblées - souvent vieillies - qui écoutent l'annonce de la Bonne Nouvelle et qui partagent un morceau de Pain.
Ami, que Dieu mette sur ton chemin des témoins qui te feront comprendre que Noël, ce n'est rien d'autre que la pauvre, la misérable, la superbe, la stupéfiante Messe du dimanche. Elle est le grand signe. Sans elle, l'Eglise n'est rien.
Mais la vérité de ce signe exige que ses pratiquants prolongent les soins du Christ et annoncent son Evangile aux pauvres.