3e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

QUEL EST LE TRAVAIL ESSENTIEL DE L'EGLISE ?

JEAN DISPARAÎT : JESUS ENTRE EN SCÈNE


Quand Jésus apprit l'arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe :
« Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée,
toi le carrefour des païens : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l'ombre et de la mort, une lumière s'est levée ».
A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer :
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche».
Jean-Baptiste, prophète courageux, qui osait dénoncer le péché du roi, est arrêté et jeté en prison. A cette nouvelle, ses disciples se dispersent et Jésus fuit au nord, en Galilée. Plus tard, apprenant que les pharisiens ont décidé sa mort (12,15) puis encore lorsque Jean sera exécuté (14,13), Jésus à nouveau « s'écartera au loin ». Il n'est pas un lâche mais il doit d'abord poser les bases de sa mission sans que les hommes puissent l'en empêcher. Un jour, lorsque son heure sera venue, il déclarera qu' « il lui faut monter à Jérusalem et y être mis à mort » (16, 21). Ce ne sont pas les hommes qui décident de son destin : c'est lui qui accomplit la Volonté de son Père. Il y a un temps pour échapper à la mort, et un temps pour l'affronter. On apprenait aux premiers chrétiens qu'il ne fallait pas courir au martyre.
Jean s'était fixé sur un certain lieu de Judée (un gué frontière) et les gens devaient « sortir » pour le rencontrer dans la solitude. Tout au contraire, son successeur, Jésus « sort » pour aller à la rencontre des gens et il sera toujours un prophète itinérant. Si Capharnaüm, au bord du lac, sera son port d'attache, il demeurera un marcheur qui sillonne la région pour rejoindre les gens dans leur milieu de vie. L'Eglise doit « sortir », répète sans arrêt notre cher pape.

Lorsque la Galilée, annexée par les Assyriens en -732, avait été libérée, le prophète Isaïe chanta la joie de la lumière de vie retrouvée (Is 8, 23 à 9, 3). Matthieu interprète cet événement passé : l'oracle se réalise, « il s'accomplit » à présent quand Jésus vient car c'est Lui la lumière du monde qui se lève comme une aurore sur ce district où le paganisme romain étendait de plus en plus son influence.
Et quelle est l'action essentielle que Jésus va poursuivre jusqu'à la fin de sa vie ? Proclamer, de village en village, la Bonne Nouvelle : avec lui Dieu vient instaurer son règne. Encore faut-il l'accueillir et donc décider de changer ses conceptions et de se convertir.

APPELS DES PREMIERS APÔTRES

Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c'étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes ». Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.
La conversion à la Bonne Nouvelle de Jésus n'engage pas au célibat, à l'ascèse, à la solitude ; elle n'exige pas le changement de métier, l'exil dans le désert ou dans un couvent. Jésus laisse les gens dans leur état : mariage, famille, profession, loisirs, écoles, politique. Mais, en regardant travailler de jeunes pêcheurs, il prend conscience que sa mission consiste en cela : pêcher les hommes. Car  les hommes sont plongés dans le péché, ils sont submergés par les tentations, ils s'enfoncent dans le désespoir. Il faut donc d'urgence les retirer de ce milieu où ils étouffent, où ils coulent dans l'absurde et la mort. Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux.
Faire entendre la Bonne Nouvelle, ce n'est pas un supplément religieux, une pression fanatique, une oppression des consciences : c'est tendre la main à celui qui tombe au fond, c'est briser la glace de sa solitude, c'est lui permettre de respirer et donner un fondement à son existence. Il s'agit de VIE !
C'est pourquoi, débordé de travail, Jésus cherche des collaborateurs. La mission reçue de son Père doit être partagée, elle peut être exercée par des hommes. Touchés par son appel, certains peuvent s'ouvrir à l'immense malheur des hommes et s'engager à travailler à leur salut.
La tâche ne se limite pas à la bonne volonté, elle n'est pas réservée à des intellectuels : elle doit s'apprendre. Jésus appelle « la bande des 4 » à le suivre, c.à.d. à partager son existence. Plus que des méthodes et des trucs à appliquer, il s'agit d'abord et surtout d'aimer Jésus, de s'attacher à lui. C'est « l'être-avec-Jésus » qui suscitera « l'être-avec-les-hommes » et l'évangélisation.
Cette mission conférée à certains n'est donc pas un privilège, une montée en grade mais un service  des hommes, tellement urgent et essentiel qu'il exige même, de certains, la rupture avec la famille.

ACTIVITES ESSENTIELLES

Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues,
proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume,
guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
Sa renommée se répandit dans toute la Syrie et on lui amena tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés ; et il les guérit.
De grandes foules le suivirent, venues de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et de la Transjordanie.
Matthieu complète le contenu de la mission de Jésus. Au centre, l'essentiel : PROCLAMER LA BONNE NOUVELLE d'un Dieu qui vient aimer, pardonner les péchés, réaliser la communauté humaine dans la paix, conduire notre recherche de bonheur à son terme, accomplir notre destin.
Cette « proclamation » est soutenue par 2 autres activités : ENSEIGNER dans les synagogues. Rejoindre les hommes dans leur recherche de Dieu, là où ils écoutent la Loi et les Ecritures pour leur révéler qu'elles s'accomplissent aujourd'hui. Le cri initial de la Bonne Nouvelle devient un échange, une conversation, une catéchèse, afin de déployer les merveilles de l'Evangile, encourager à la décision, rejeter les doutes, renforcer la communion.
Et enfin GUERIR. Jésus avait certainement un don de thaumaturge qui a d'emblée provoqué son immense succès: les gens ne venaient pas pour réfléchir mais pour implorer la guérison. Et s'il ne guérissait pas tout le monde, s'il ne vidait pas les hôpitaux, Jésus accueillait ces supplications, il compatissait à la souffrance des parents devant leur enfant malade. L'Evangile n'est donc pas un message réservé aux belles âmes, une idéologie, une théologie abstraite, un flux de bonnes paroles ; en visant les âmes, il atteint également les corps. Car Dieu veut le salut intégral de l'homme.

----------------Aujourd'hui il nous faut réfléchir à ce verset qui nous paraît ordinaire mais qui est tellement important que Matthieu le répétera tel quel en 9, 35.

JESUS MARCHE ET PROCLAME LA BONNE NOUVELLE. Là est le premier ministère dans l'Eglise : des marcheurs hérauts de l'Evangile. Action qui ne peut jamais cesser et qui doit demeurer la mission première de l'Eglise car nous ne sommes jamais installés dans la foi. Pour avoir cru que l'Europe était convertie, l'Eglise aujourd'hui se perd en lamentations. La proclamation de l'Evangile (kérygme) ne doit jamais être remplacée par la catéchèse ou la liturgie ou les bonnes ½uvres ou les constructions.

IL ENSEIGNE DANS LES LIEUX DE PRIERE pour que la foi s'éclaire et se renforce, pour que la liturgie ne se fige pas dans la routine, pour que la morale ne se durcisse pas dans un code de lois, pour que le chrétien puisse justifier sa foi devant les critiques.

GUERIR ET SOIGNER LES MALADES. Les miracles restent rares, mais toute communauté chrétienne a mission de s'éveiller à la souffrance des hommes, de  répondre aux cris des souffrants, à la plainte des malheureux. Handicap, famine, solitude, vieillesse sont des lieux privilégiés où le chrétien ne demande pas un certificat de baptême ni une foi sans faille, ni une vie sans péché mais où il sert. « Quand tu souffres, j'ai mal » disait l'abbé Pierre.