Présentation du Seigneur

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Fêtes du Seigneur et Solemnités durant l'année
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014

LE GRAND ÂGE OUVRE LES YEUX DU COEUR

La fête de la PRESENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE paraît tellement importante qu'elle supplante la liturgie  du 4ème dimanche ordinaire.

LE RACHAT DES PREMIERS-NES

Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : « Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur ». Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Les parents de Jésus observent fidèlement les 3 rites prescrits par la Loi. Le nouveau-né a été circoncis le 8ème jour (2, 21). Le 40ème jour, la mère se présente au temple pour le rite de purification rituelle (Lév. 12, 1) (non parce qu'il y a eu péché mais écoulement de sang) : pauvre, elle ne peut offrir l'agneau prescrit mais seulement deux colombes (Lév 12, 8).
Il est nécessaire également de « racheter » l'enfant car « tout premier-né de sexe masculin est consacré au Seigneur » (Ex 13,2). Subtilement Luc  parle plutôt de « présentation » - pratique facultative de dévotion. La suite de l'histoire montrera que Jésus est de soi consacré, on ne le rachète pas à son Père ; au contraire c'est lui qui s'offrira pour le rachat, la libération de son peuple.
Le prêtre de service a accompli sa tâche sans  rien remarquer ; le sacerdoce juif ne reconnaît pas le Fils qui entre, pour la première fois, dans la Maison de son Père. De même, plus tard,  Jésus ne sera pas reconnu par les grands prêtres.
Ce sont deux simples laïcs, âgés, qui, les premiers, vont percer le secret de cet enfant.

LE PROPHETE PLUS LUCIDE QUE LE PRETRE

Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples :
lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple. »
Sur la vaste esplanade du temple remplie de monde, le jeune couple rencontre tout à coup un vieil homme qui chemine lentement, perdu dans ses prières. Il s'arrête et demande à porter le bébé : « Oh qu'il est beau ! Il ressemble à son père ( ??? en effet !)...Comment s'appelle-t-il ? ». Marie répond : « IESHOUAH » - ce qui est un prénom mais signifie aussi SALUT !
Du coup Syméon laisse éclater sa joie : oui, ce petit pauvre inconnu, c'est le Messie attendu depuis des siècles, c'est celui qui réalise les promesses. J'ai tant prié pour qu'il vienne nous apporter le « salut » ! Maintenant je peux mourir en paix : cet enfant est notre avenir.
Emporté par l'Esprit, Syméon fait aux parents une révélation qu'ils ignoraient encore : Jésus sera la Gloire d'Israël mais en même temps il sera « « Lumière pour tous les peuples ». Car l'élection d'Israël n'est pas un privilège qui entraîne le rejet des autres peuples : toute vocation est une grâce-pour-les-autres. Le Messie est juif mais il est le Libérateur de toute l'humanité.

Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui.
A l'Annonciation, Marie était « bouleversée : elle ne comprenait pas le sens de la salutation » (1, 29), elle posait des questions avant de murmurer son oui ; à la Visitation, la salutation de sa cousine l'avait surprise ; à Noël, elle avait vu survenir dans la nuit quelques jeunes bergers mystérieusement prévenus et, étonnée, « elle retenait les événements et les gardait dans son c½ur » (2, 19). Et voici maintenant un vieil inconnu, rencontré par hasard, qui lui donne une nouvelle révélation avant d'évoquer le drame futur. Marie, comme nous, marche sur le chemin de la foi : tout n'est pas dit, n'est pas su au premier abord. La révélation est reçue progressivement, parfois au hasard des rencontres, au fur et à mesure que le croyant accepte l'événement qui le bouscule, « l'étonne » et le fait réfléchir.
Dieu ne parle pas seulement dans les églises !

ORACLE A MARIE

Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton c½ur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. »
Prophétie qui transperce le c½ur de Marie. Cet enfant que Dieu lui a donné, le descendant de David qui aura son trône pour toujours (1, 32) et qui sera la Gloire d'Israël, ne sera pas admis par tous. Car ce roi n'exercera aucune coercition: il proposera le message de l'amour, appellera à une conversion coûteuse et beaucoup resteront sceptiques. Certains même - et parmi les plus haut placés - seront exacerbés, furieux devant les prédications et les agissements de ce pauvre Galiléen et leur haine provoquera sa mort ignominieuse. Quelle tristesse pour Marie, quel désarroi, quelle souffrance ! Au Golgotha, ce n'est pas que son fils qui sera percé d'un coup de lance : elle aussi sera « transpercée ». Mais le dessein de salut s'accomplira et Jésus deviendra, de cette façon, « Gloire d'Israël et Lumière du monde ».
Jésus fera vite l'expérience de cet échec devant certains, il dira qu'il est venu apporter la division au sein même des familles (12, 51) et il préviendra ses apôtres qu'ils auront à vivre le même déchirement.

LA FEMME PROPHETESSE

Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Luc se plaît toujours à souligner la présence et le rôle des femmes, égales des hommes, capables comme eux de recevoir l'Esprit et de remplir la fonction de prophète. Anne est un modèle : le grand âge et la faiblesse sont l'occasion de s'adonner davantage à la prière et non de se perdre dans les commérages et les distractions futiles. La vieillesse ne rend pas inutile, ne met pas sur la touche : elle offre la vocation de « priant », elle permet une recherche de Dieu que les soucis du monde et les travaux ne rendaient pas possibles à ce point. Anne, comme Syméon, loue Dieu et en outre, elle se met à parler de Jésus à l'entourage : première messagère faisant honte à nos silences gênés.

LA JEUNESSE CACHEE DE JESUS

Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Luc a bâti son « évangile de l'enfance » sur le parallélisme de la vie des deux enfants, Jean et Jésus.
Il termine en notant que Jean grandissait; pour Jésus il ajoute qu'il  est « tout rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui » ; et tandis que Jean part dans les déserts (1, 80), Jésus demeure dans son village, dans la société. Le bourgeon est décrit : il s'agit d'attendre sa floraison. C'est le temps de la patience avant l'entrée en action.