4e dimanche de Carême, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Jn 3, 14-21

Vous n'ignorez pas qu'au début de cette année notre pape Benoît XVI a publié sa première encyclique qui, tout de suite a connu un immense succès (plus d'un million d'exemplaires déjà vendus en Italie). Reprenant la magnifique affirmation de St Jean, elle s'intitule "DIEU EST AMOUR" et plonge ainsi au c½ur de la révélation chrétienne.

DIEU EST AMOUR

Non, Dieu n'est pas une puissance cosmique anonyme, un justicier implacable, un provocateur de guerres ou d'attentats. En lui l'amour n'est pas une qualité parmi d'autres, un sentiment volatile, une passion destructrice. Dieu n'a pas l'amour : il est amour. Et si les disciples de Jésus ont pu, pour la première fois, exulter en lançant cette affirmation, c'est parce qu'ils venaient d'en avoir la preuve :

Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique...

Il a envoyé son Fils non pas pour juger le monde,

mais pour que le monde soit sauvé par lui

( évangile de ce jour)

Et St Jean écrit dans sa Lettre :

Voici ce qu'est l'amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est Lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime d'expiation pour nos péchés" ( 1 Jn 4, 10).

La croix n'est pas l'apologie de la souffrance ni un reproche qui nous culpabilise : elle est preuve, attestation, manifestation stupéfiante de l'identité de Dieu

"car il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime" (Jn 15, 1)

La foi n'est rien d'autre que l'accueil de cette révélation, le OUI à cette Bonne Nouvelle, l'acceptation de ce don.

"Nous avons reconnu et nous avons cru que l'amour de Dieu est parmi nous"( 1 Jn 4, 16) : c'est ainsi, dit le pape, "que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie"...car " à l'origine du fait d'être chrétien, il n'y a pas une décision morale ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon et, par là, son orientation décisive".

Quiconque se dit croyant n'a d'autre vocation que d'aimer : il se doit d'offrir aux autres ce qu'il a reçu de Dieu

LA REPONSE : NOUS AIMER LES UNS LES AUTRES

La révélation de l'amour infini de Dieu n'est pas une belle idée, elle n'attend pas de nous quelque vague assentiment, des actes de piété ou d'ascèse, elle ne cautionne pas tout bonnement une vie d'honnêteté et de gentillesse (ce que les païens font aussi).

Jésus a précisé à ses disciples ce qu'il attendait d'eux :

Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn. 15,12)

Et, en écho, Jean écrit dans sa lettre :

C'est à ceci que nous connaissons l'amour :

Jésus a donné sa vie pour nous.

NOUS DEVONS, NOUS AUSSI,

DONNER NOTRE VIE POUR NOS FRERES.

Et pour que cela ne se cantonne pas dans des velléités ou des signes hypocrites, Jean continue :

Si quelqu'un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin et qu'il se ferme à toute compassion, comment l'amour de Dieu demeurerait-il en lui ?...Mes petits enfants, n'aimons pas en paroles et de langue, mais en actes et dans la vérité " ( 1 Jn 3, 16-18)

Les apôtres n'ont pas pris en charge toute la misère du monde, ils n'auraient jamais admis que "faire la charité" se réduise à glisser une piécette dans la sébile d'un mendiant. Ils appelaient les fidèles à se réunir dans la joie autour de la source de l'amour - l'Eucharistie - et, du coup, à constituer une vraie communauté où l'on partageait selon les besoins de chacun.

LA COLLECTE DE CAREME

L'Eglise du Christ est un seul Corps constitué d'innombrables cellules locales : donc il est logique, évident, indispensable, que les communautés chrétiennes se soutiennent les unes les autres, que les paroisses de nos pays riches exercent leur devoir de solidarité active avec nos frères des pays pauvres.

Un exemple. L'abbé liégeois F.X. Jacques, qui vient de changer de poste au Mali, est frappé par la misère de l'Eglise qu'il découvre : il écrit :

" Ces communautés qui sont nées il y a à peine 50 ans, pourquoi sont-elles moribondes ? Que s'est-il passé ?...Les chrétiens sont minoritaires, l'Islam est moins exigeant...Les imams étant plus nombreux que les prêtres, il est plus facile de les trouver lors des événements...Les musulmans ne donnent pas leurs filles en mariage à des chrétiens, mais l'inverse est vrai...

Des chapelles qui croulent alors que les mosquées se construisent régulièrement, quel impact symbolique ? .....Que ce soit ici ou en Europe où certaines communautés se meurent, la question est-elle différente ? ..." ( in Eglise de Liège, 2.06)

Quand donc les Eglises d'Occident reconnaîtront-elles que si elles sont frappées par une crise grave, si les couvents et les séminaires se vident, si les nouvelles générations s'éloignent, ce n'est ni à cause du pape, ni de la morale conjugale, ni parce qu'on a démontré la non-existence de Dieu. La raison en est que nous sommes gangrenés par l'avidité, l'avarice, l'appétit de possession et nous ne consentons guère à aider nos frères et s½urs qui se débattent dans des conditions parfois effroyables. Il y a un certain style de vie aujourd'hui qui est devenu "normal" et qui est incompatible avec la foi chrétienne.

Si nous ne voulons pas être hypocrites, combien allons-nous glisser dans l'enveloppe de carême ? Quelle décision allons-nous prendre pour vivre nos engagements de foi tout au long de la vie ?