4e dimanche de Carême, année C

Auteur: Sélis Claude
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : C
Année: 2012-2013

Le choix des lectures de l'Ancien Testament tout au long de ces dimanches nous suggère un parallèle entre l'histoire du peuple hébreu et le cheminement du chrétien durant le Carême.
Nous avons vu Abraham se laisser interpeller par le Dieu de la Promesse. Nous avons vu Moïse se laisser interpeller de même par le Dieu de la Délivrance. Ayant mangé le repas de la Pâque, le peuple hébreu quitta l'Egypte en traversant la Mer Rouge. Il séjourna un long temps dans le désert, le temps d'éprouver son intimité avec Dieu. Le voilà parvenu dans cette Terre Promise. Leur premier geste sera d'y célébrer une Pâque, cette fête devenant le symbole des événements majeurs de l'Histoire du Salut. A partir de ce moment également, le peuple put se nourrir des produits de la terre qu'il cultivait lui-même. La tentation était cependant grande de croire que, désormais, on n'avait plus besoin de Dieu, dispensateur de la manne, ou la tentation de croire que ces biens étaient le fruit exclusif de son travail à soi et non plus, d'aucune manière, un don de Dieu. La tentation était grande de gérer cette terre comme une chose purement humaine. C'est ce qui arriva et cette Terre Promise redevint en quelque sorte une Egypte de l'orgueil et de l'esclavage...dont il fallait sortir !
« Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Cet appel pathétique de Paul intervient dans un long développement sur le ministère apostolique suite, très vraisemblablement, à une querelle aiguë entre lui-même et les chrétiens de Corinthe. A peine le Christ avait-il accompli son ministère de réconciliation que naissaient des conflits dans les toutes neuves communautés chrétiennes !
Tout est-il, pour autant, perdu ? La parabole du fils perdu et retrouvé est là pour nous réconforter. Le fils cadet dans la parabole correspond bien à l'image du pécheur, de celui qui fait offense à Dieu. Ayant d'abord exigé l'application de la loi et de la coutume à son profit, aussitôt il se met hors-la-loi : il s'éloigne de cette loi (géographiquement) et la transgresse. Ce n'est même pas vraiment un sentiment de contrition qui le fait revenir mais une contrainte bien matérielle. Que Dieu accordait son pardon au pécheur vraiment repentant, on le savait depuis longtemps en Israël. Il n'y aurait pas eu de quoi scandaliser les pharisiens. Mais Dieu, ici, en fait beaucoup plus qu'il ne devrait. Le père attendait ce fils hors-la-loi. Il tressaille de joie en le voyant revenir. Le vêtement, la bague, les sandales, sont autant de signes de réintégration et de recouvrement des droits. Mais l'exclamation : « Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie » va encore au-delà. De la part de Dieu, le moindre geste de conversion est vu comme une résurrection, rien de moins.
Le fils aîné n'attendait pas son frère. Lui, n'était jamais sorti de la loi ; au contraire, il en était un exécutant fidèle et scrupuleux. Bref, c'était un bon pharisien. Il ne supportait pas, il trouvait injuste que Dieu puisse faire plus que la justice, qu'il fasse miséricorde. A l'invective méprisante du fils aîné : « ton fils que voilà », le père corrige : « ton frère que voilà ». N'est-ce pas là le problème ? ...de nous reconnaître comme frères ! Comment en effet reconnaître Dieu comme Père si nous ne reconnaissons pas nos frères comme frères. Et assurément, si nous faisons des progrès dans le sens de la réconciliation (à laquelle appelait Paul), serons-nous mieux disposés pour approcher ce Dieu-Père !
Chacun de nous, à sa mesure, dans ses relations, peut avoir des gestes de miséricorde qui redonnent vie. Dans notre chemin vers Pâques, n'ayons de cesse de travailler à ce ministère de la réconciliation en nous-mêmes et entre nous. Le Christ lui-même nous attend pour nous réconcilier avec Dieu.