4e dimanche de l'Avent, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

 

Marie et l'Eucharistie

Le problème n'est pas de savoir si oui ou non la messe est obligatoire, pas plus que la solution n'est de la considérer comme un rite à consommer de temps à autre selon ses envies du jour. Il s'agit de pénétrer dans le mystère de l'Eucharistie, de savoir ce que nous faisons lorsque, chaque dimanche, à la suite de dizaines de générations de croyants, nous nous réunissons pour célébrer la messe.

Pour mieux entrer dans cette intelligence, à la lumière de Noël tout proche, je vous invite à contempler Marie : y a-t-il une relation entre la Mère de Jésus et notre Eucharistie ? Si oui, laquelle ? Notre méditation va nous révéler quelques richesses que nous ne soupçonnons guère.

ECOUTER LA PAROLE DE DIEU

La vie chrétienne de Marie a commencé lorsqu'un appel de Dieu lui est parvenu : " Réjouis-toi, comblée de grâce...Consens-tu à devenir la mère du Messie annoncé par les prophètes ?...". La petite paysanne de Nazareth a été bouleversée par cette initiative de Dieu. "Qu'est-ce que cela signifie ? comment cela va-t-il se réaliser ?..." : les questions se bousculaient, son c½ur battait la chamade. Mais sur le champ, sans demander un délai de réflexion, sans attendre la permission de quiconque, la jeune fille, toute seule devant l'Infini, a dit OUI :

" Je suis la servante du Seigneur : que tout se passe en moi comme Il l'a dit".

De façon semblable, notre semaine chrétienne commence par l'écoute de la même Parole. Attribuée à Moïse ou à Jérémie, à Saint Luc ou à Saint Paul, la Parole, proclamée par un lecteur, sort du livre et nous atteint au c½ur. Elle ne veut pas se figer tel un souvenir historique du passé ("dans le bon vieux temps...") ni briller au loin tel un rêve utopique ( "plus tard je ferai cela..."). Elle n'exige nullement que nous soyons parfaits, sans péché. Elle sollicite notre adhésion, elle nous presse de la recevoir comme une parole vivante qui secoue, oblige à faire des choix, incite à des décisions courageuses et immédiates. Elle attend que nous disions non seulement un "oui " du bout des lèvres mais que nous nous donnions, comme Marie :

" J'accepte de servir cette Parole, de me donner afin qu'elle se réalise aujourd'hui".

Comment est-ce que je suis disponible à l'écoute des Lectures de la Messe ?...

L'INCARNATION CONTINUE

Lorsqu'un homme écoute Jean-Baptiste, ou un maître zen ou un professeur remarquable, il devient son disciple : dès lors il va tenter de bien saisir la profondeur du message et il s'appliquera, de toutes ses forces, à le mettre en application.

De la même façon, Pierre, Jacques, Jean et les autres ont d'abord été les élèves de Jésus qu'ils appelaient : "rabbi, maître".

Mais à la dernière cène, il s'est passé un événement extraordinaire, inattendu, déroutant. Le maître qui présidait le repas a partagé le pain puis leur a tendu la coupe de vin en déclarant clairement : " Ceci est mon corps ... ceci est mon sang : faites cela en mémoire de moi".

Donc avant que ses ennemis ne le prennent pour l'exécuter, Jésus se donna à ses amis, il transforma sa passion subie en action voulue, il décida de continuer à vivre en ses amis !

L'Eucharistie prolonge donc le mouvement d'incarnation inauguré quelques années auparavant dans le village de Nazareth. Le Fils de Dieu avait d'abord pris chair dans le sein de Marie - ensuite, par l'Eucharistie, il continue à demeurer en ses fidèles afin qu'ils soient saints. Du coup les communiants ne sont plus uniquement des élèves d'un prophète mais, ensemble, ils constituent la demeure, comme le Corps du Christ. Si Marie a été le premier tabernacle du Verbe, à présent l'Eglise l'est à son tour.

Est-ce que je me donne à la constitution, à la croissance du Corps du Christ pour que l'Eglise soit sa Manifestation ?

L' EUCHARISTIE, MAGNIFICAT DE L ' EGLISE

On comprend pourquoi les premières assemblées chrétiennes autour des apôtres ont très vite compris que le Repas du Seigneur devenait le c½ur de leur existence en Eglise, que le dimanche se plaçait comme centre de leur histoire. Et ce Repas on l'appela Fraction du Pain, puis EUCHARISTIE - ce qui signifie "action de grâce, louange".

En cela encore l'Eglise imite Marie et fait écho à son cantique du Magnificat. A la suite de la Mère de Jésus - et avec elle, car elle est présente en toute célébration et nous la nommons chaque fois -, l'Eglise chante son allégresse " Mon âme exalte le Seigneur, j'exulte en Dieu mon Sauveur...".

Avec Marie, l'Eglise voit comment Dieu continue à travailler dans l'histoire et, sûre de sa victoire - à lui -, elle proclame : " Il renverse les orgueilleux, les nantis, les potentats, les avares ...Il élève les humbles et comble les pauvres et les humiliés".

Marie est question pour beaucoup de chrétiens - comme elle le fut au point de départ (cf. l'évangile du jour). A Joseph qui envisageait de s'éloigner d'elle, il fut dit : " Joseph, ne crains pas de prendre chez toi Marie : l'enfant en elle vient de l'Esprit-Saint". Et plus tard, au pied de la croix, sur le point de mourir, Jésus dira au disciple bien-aimé : " Voici ta mère", et dès ce moment " il la prit chez lui".

N"hésitons pas à prendre Marie dans notre patrimoine de foi et dans nos célébrations. Non pour quémander des miracles mais pour la contempler. En participant à l'Eucharistie avec elle, nul doute que nous pourrons la vivre avec plus de c½ur et une joie renouvelée.