Dans les catacombes de Rome où les premiers chrétiens se réunissaient pour prier et ensevelir leurs martyrs, on découvre encore avec émotion des graffiti représentant le Christ comme le Bon Berger qui, avec amour, porte sur ses épaules une brebis égarée.
Pour nos ancêtres dans la foi, Jésus n'était pas un cadavre suspendu à la croix, il n'était pas un mort mais un VIVANT, le SUPERVIVANT même. Ils étaient convaincus que le Christ vivait avec eux, qu'il se rendait présent dans l'Eucharistie qu'ils célébraient. Et ils l'aimaient tellement qu'ils étaient prêts à donner leur vie pour lui, dans la certitude qu'il les conduirait au ciel .
Dans le monde, ils essayaient d'être des citoyens modèles mais ils confessaient hardiment que leur seul et véritable guide n'était pas César mais bien Jésus ressuscité, leur UNIQUE SEIGNEUR.
Osons-nous encore aujourd'hui proclamer cette même foi ? Sommes-nous fiers et heureux de confesser que nous ne nous mettons à la traîne de personne, que si nous obéissons aux lois en tant que citoyens, il reste que, en profondeur, nous sommes décidés à suivre Celui-là seul qui nous indique le chemin de l'accomplissement de l'homme, celui-là seul qui peut nous entraîner, au-delà de ce monde visible, dans la Maison du Père ?...
"Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit"
Le double "amen"qui ouvre le discours souligne que le titre de Pasteur que Jésus revendique n'est pas une mièvrerie de carte postale pieuse. L'enjeu en effet est extrêmement grave : il y va de la réussite ou de l'échec de l'humanité !
D'emblée Jésus nous met en garde : beaucoup désirent diriger les hommes, devenir leurs "leaders" mais ce sont "des voleurs et des bandits". Qu'est-ce à dire ? Trois personnages de l'évangile portent ces noms : Judas - le "voleur" qui a trahi son maître par amour de l'argent- et les deux "bandits" crucifiés avec Jésus - qui étaient, comme Barabbas, des résistants juifs partisans d' un messianisme violent et armé. Prenez garde, dit Jésus, beaucoup prétendront vous guider sur la route du bonheur : les uns vous mèneront à la violence et au carnage (le führer Hitler, Staline, Pol Pot,...), les autres vous séduiront par l'appât de l'argent et ne viseront qu'à s'enrichir ( idoles et publicités de notre société ). L'actualité montre à suffisance que ces déviations restent modernes, que ces candidats à la guidance du monde ameutent les foules et, hélas, les conduisent à l'abîme : guerres, drogues, attentats, désespoir,...
Celui qui entre par la porte, c'est lui, le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom et il les fait sortir. Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s'enfuiront loin de lui car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus"
Dieu ( le portier) a ouvert la porte, il a donné à Jésus, son Fils, l'accès à l'humanité. Jésus, alors, accomplit sa mission : il parle, il s'adresse à chacun selon sa personnalité ( le chrétien n'est pas "un mouton de panurge"). Chacun(e) reçoit son appel, sa vocation particulière - parent, ouvrier, prêtre, moine.... Jésus les fait sortir de l'égoïsme, de l'ignorance, de la fausse piété, du péché et de la mort et il marche à la tête de son troupeau, de sa communauté.
Ses disciples lui sont "accordés", ils perçoivent si bien le ton de sa voix qu'ils se méfient tout de suite d'un faussaire, d'un simulateur qui, par des promesses fallacieuses, voudrait les entraîner sur des voies de perdition hors des routes évangéliques. Hélas, lorsque des baptisés ne s'appliquent pas à reconnaître la voix du Seigneur, lorsqu'ils méconnaissent son Evangile, ils se laissent abuser et courent derrière un voleur ou un bandit.
JESUS LA PORTE
Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé : il pourra aller et venir et il trouvera un pâturage.
Tout à coup, Jésus se définit par une autre image : il est l'accès, "la porte" par laquelle il faut entrer pour être sauvé - rare apparition de ce mot dans S. Jean. Qu'est-ce que signifie le salut ? Deux privilèges exceptionnels :
le vrai disciple peut "aller et venir" : il est libre, il peut toujours rentrer, jamais il ne sera rejeté...sauf s'il ne veut pas revenir !
et il "trouve pâture" : car la vraie nourriture de l'homme est la vérité, et le disciple se plaît à "ruminer" les Ecritures. En écoutant, dans l'Evangile, la Voix de son Maître, il jouit d'une félicité renouvelée, inépuisable.
"Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire ; MOI JE SUIS VENU POUR QUE LES HOMMES AIENT LA VIE POUR QU'ILS L'AIENT EN ABONDANCE."
Voici une des grandes déclarations de l'Evangile où Jésus définit sa mission reçue du Père : NOUS VIVIFIER ! Il n'est pas venu nous écraser de règlements, nous menacer de punitions. "Venez à moi, cria-t-il un jour, mon joug est facile et mon fardeau léger". Il vient pour nous sauver de la mort où le péché nous entraîne, nous combler de la Vie divine et nous permettre d'atteindre notre destination : la Gloire vivante et vivifiante de Dieu.
PRIERE POUR AVOIR DE JEUNES PASTEURS
Ce 4e dimanche pascal est la JOURNEE MONDIALE DE PRIERE POUR LES VOCATIONS.
Nous connaissons la situation dramatique des Eglises d'Occident et nous prions beaucoup pour que Dieu nous donne des prêtres, des diacres, des religieux et religieuses...Mais rappelons-nous que la vocation désigne d'abord l'appel personnel que chaque chrétien et chrétienne reçoit afin d'accomplir sa route. Les vocations sacerdotales et religieuses naîtront au sein de l'Eglise lorsque chacun(e) de ses membres aura repris conscience de son appel et fera tout pour y répondre de tout son c½ur et de toutes ses forces.
Si le peuple chrétien demeure amorphe, s'il prête une oreille trop complaisante à tous ceux qui aujourd'hui ne lui parlent que de niveau de vie, de tranquillité égoïste, de divertissements, de confort, s'il ne consent pas à rompre avec la mentalité ambiante et à avancer hardiment derrière son Seigneur, s'il rechigne à accepter les exigences de l'Evangile, il ne doit pas s'étonner de la pénurie de guides.
Seigneur : des jeunes sont prêts à accepter tes exigences, à assumer la croix sacerdotale, à devenir les humbles pasteurs de leurs frères dans la foi. Mais ton appel passe d'abord par chacun de nous. Que je sois, moi d'abord et tout de suite, une brebis fidèle qui écoute ta Parole, la met en pratique et témoigne de la joie indicible de te suivre. Que nos paroisses soient de véritables communautés où l'on communique, où l'on s'entraide, où l'on partage l'espérance. Qu'elles se montrent ouvertes à tes appels, qu'elles proclament le bonheur de suivre JESUS .