4e dimanche de Pâques, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Saint Jean a consacré 4 chapitres ( 7 à 10) au séjour de Jésus à Jérusalem lors de la Fête des Tentes. Dans la capitale bourrée de pèlerins, pendant huit jours d'allégresse, les interrogations sur l'identité de Jésus se sont succédées : Qui donc est-il ? D'où vient-il ? Où va-t-il ? Comment se fait-il qu'il soit si savant sans avoir fait d'études ?...Comment ose-t-il proclamer pareilles énormités : " Que celui qui a soif, vienne à moi...Je suis la Lumière du monde ...Je suis le Bon Berger..." ???..... Car, sans relâche, Jésus parlait de sa relation unique à son PERE. Et même, à trois reprises, il avait osé affirmer : "JE SUIS"...reprenant à son compte le NOM par lequel Dieu s'était révélé à Israël : "JE SUIS QUI JE SUIS"

LES ENNEMIS DE JESUS : QUI SONT " LES JUIFS " ?

Ces proclamations ont provoqué la division parmi les auditeurs ( 7, 43 ; 9, 16 ; 10, 19). Certains, ébranlés par l'assurance de ce prophète, commençaient à le croire ; au contraire d'autres fulminaient, se durcissaient toujours davantage dans le refus et enrageaient contre ce Jésus jugé blasphémateur.

Ces adversaires acharnés, Jean les appelle toujours "LES JUIFS" !!??

Il faut prendre garde que ce vocable ne provoque encore de l'antijudaïsme (comme, hélas, ce fut le cas au cours de l'histoire). Puisque tous les auditeurs, tous les disciples (et Jésus lui-même) sont Juifs, il est évident que ce mot ne désigne pas un peuple mais une attitude : celle d'hommes qui se disent croyants, qui se veulent "religieux" mais qui demeurent soumis à une religion d'observances, endurcis dans leurs préjugés et incapables d'entrer dans une démarche d'ouverture et de recherche. On peut encore aujourd'hui trouver de ces gens dans tous les milieux, toutes les nations, toutes les religions (y compris chrétienne !)

LA FETE DE LA DEDICACE ( " HANOUKKAH " )

Plusieurs semaines ont passé et nous sommes à présent en hiver, à LA FETE DE LA DEDICACE qui va marquer la fin de ces discussions. Cette fête de huit jours commémorait la consécration du nouvel autel édifié quand le pays recouvra son indépendance après la victoire de Judas Maccabée en -164 sur l'armée syrienne ( lire le récit dans 1 Macc 4, 52... ) .

On célébrait alors à Jérusalem la fête de la Dédicace. C'était l'hiver. Au temple, Jésus allait et venait sous le portique de Salomon. Les juifs firent cercle autour de lui et lui dirent : " Jusqu'à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement !". Jésus leur répondit : " Je vous l'ai dit et vous ne croyez pas. Les ½uvres que je fais au nom de mon Père me rendent témoignage mais vous ne me croyez pas parce que vous n'êtes pas de mes brebis. Mes brebis, elles, écoutent ma voix et je les connais et elles viennent à ma suite. Je leur donne la Vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père.

LE PERE ET MOI NOUS SOMMES UN."

A nouveau les Juifs ramassèrent des pierres pour le lapider.

Jamais Jésus n'a donné un enseignement ésotérique réservé à quelques privilégiés : il s'est toujours exprimé sur la scène publique et s'est adressé ouvertement à tout le peuple - quels que soient les dangers encourus. Ici encore, dans la foule, il circule sur l'esplanade quand, soudain, quelques adversaires s'approchent et l'encerclent. Lui faire répéter qu'il est le Messie attendu, est-ce bien utile ? A quoi bon le redire puisque de toutes façons ses interlocuteurs refuseront de le reconnaître ? Il n'est pire sourd...

Puisque ses paroles ne suffisent pas, Jésus leur rappelle toutes les "oeuvres" qu'il a accomplies (guérison du paralytique, de l'aveugle, ...) : elles témoignent qu'il est davantage que ce que l'on pense d'abord, elles orientent vers la découverte de sa véritable identité. Ils les ont bien vues, ces ½uvres, mais ils ne croient toujours pas. St Jean a eu raison de désigner les miracles de Jésus comme des "signes. Ces actes lancent des appels : encore faut-il être disposé à les interpréter et à y répondre !

ACCEPTONS-NOUS JESUS COMME NOTRE BON PASTEUR ?

Pourquoi, ayant vu des guérisons, se ferment-ils à la vérité ? "Parce que vous n'êtes pas de mes brebis" : Jésus reprend le thème qu'il a développé à la fin de la Fête des Tentes ( 10, 1-21 qu'il faudrait relire aujourd'hui). Non pas qu'un Dieu arbitraire donne à certains une foi qu'il refuse à d'autres. Le message de Jésus est identique pour tous et tout homme est libre de se prononcer à son sujet. C'est dans le c½ur que tout se joue. Ou bien l'homme cherche sincèrement la Vérité, consent à dialoguer, à s'informer, à écouter les Paroles de Jésus, à examiner son comportement et ses actions, quitte à se laisser remettre lui-même en question. Ou bien il s'enferme dans ses opinions, écoute et regarde Jésus avec un c½ur décidé de toutes façons à ne pas croire. Heureuses "les brebis" qui sont "de Jésus". Elles écoutent ses paroles, elles les acceptent, elles leur obéissent. Elles croient en lui, elles changent de route et se décident à le suivre, à le rejoindre dans sa situation de rejeté.

Ces brebis-disciples, il les comble de la Vie divine- ainsi qu'il l'avait déjà affirmé magnifiquement : " Moi, je suis venu pour que les hommes aient la Vie et qu'ils l'aient en abondance" ( 10, 10). Cette Vie n'est pas biologique, éphémère, fragile : elle est divine, éternelle, inamissible puisqu'elle est communion à Dieu même.

Jésus reste très humble : il ne se vante pas d'avoir réussi par son talent à conquérir quelques disciples. Il en est convaincu : ses amis sont UN DON QUE SON PERE LUI A FAIT ( cf. Jean 17). Et ces disciples-brebis sont donc inséparablement dans la Main du Père et dans la Main de Jésus le Fils - c'est-à-dire qu'ils sont et resteront toujours sous leur protection. Jamais rien ni personne ne pourra les leur arracher. Même la mort !

Quelle confiance nous pouvons avoir ! Certes les épreuves ne manqueront pas, et il nous faudra, comme le Seigneur, affronter des adversaires, subir leur questionnement hargneux, leurs critiques acerbes, leurs persécutions. S'en remettre au Père et au Fils Jésus nous donne une sécurité inébranlable.

Que la protection soit apportée et par le Père et par le Fils se justifie car : "MOI ET LE PERE NOUS SOMMES UN." Ce UN n'est pas au masculin (qui signifierait un seul être) mais au neutre - car l'union tellement intime du Père et du Fils n'est jamais fusion, amalgame. Ils agissent de concert.

A nouveau, cette prétention paraît blasphématoire aux ennemis prêts à le lapider. Mais Jésus va poursuivre dans la même ligne : il est bien LE FILS DE DIEU, celui que le Père a consacré. En ce jour où l'on fête "la consécration" d'un autel de pierres, Jésus assure que c'est lui le CONSACRÉ, le DEDICACÉ. Il est donc en même temps LE TEMPLE, l'AGNEAU, l'AUTEL : il accomplit toute la liturgie, il est le sens des Fêtes. Grâce à Lui, en lui, nous pouvons rendre le culte authentique au Père.