4e dimanche de Pâques, année C

Auteur: Coulée André
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : C
Année: 2003-2004

La voix : c'est la première chose qu'on entend lorsque naît un bébé : il crie, il pleure, il se fait la voix. Quand un enfant s'est éloigné de la maison, avant même de courir à sa recherche, on l'appelle par son nom. On dit aussi que c'est le dernier contact qu'un mourant peut avoir avec quelqu'un dans son agonie : c'est de l'entendre lui adresser la parole, et ce contact est réconfortant ; le mourant sait ainsi qu'il n'est pas seul. Quand nous téléphonons, nous ne pouvons reconnaître l'interlocuteur qu'à sa voix seule - du moins tant que nous n'avons pas de téléphone-vidéo. C'est par la voix que nous entrons en relation avec un autre, surtout avec celui ou celle qu'on aime : Ainsi, dans l'Ancien Testament, dans le chant d'amour appelé le Cantique des Cantiques, la fiancée s'éveille car, dit-elle : " J'entends mon bien-aimé qui vient ; il élève la voix et ma parle.. " (2/ 8,10) Oui, avant de voir quelqu'un, on peut le reconnaître à sa voix.

Jésus nous parle aujourd'hui encore. Certes il prend ici une image bucolique, celle d'un berger soucieux de faire paître son troupeau dans de bons pâturages mais aussi de ne perdre aucun de ses moutons. Des images que nous voyons parfois à la télé d'un berger avec son troupeau n'insistent pas tellement sur le fait que les moutons suivent le berger, presque aveuglément, mais sur le fait qu'une personne est capable de les rassembler en les appelant de sa propre voix, souvent par une parole, une onomatopée, une langage codé. Il y a un dialogue et la voix du berger construit une relation d'amour.

Quand, le jour de la Résurrection, Marie de Magdala va au tombeau elle rencontre le jardinier ; il lui est totalement inconnu, jusqu'au moment où ce jardinier parle et l'appelle "Marie" : elle reconnaît aussitôt la voix de Jésus, son intonation, sa façon de prononcer. Et elle lui répond. Reconnaître la voix des êtres proches et aimés est en effet le fondement de toutes les relations humaines, de celles qui font vivre.

La parole prononcée, le message est évidemment inséparable de la voix. Ainsi par sa Parole, Jésus nous met ainsi en contact avec Dieu notre Père et son Père, avec lequel il ne fait qu'un, et nous fait découvrir son intimité. Ecouter la parole de Dieu, ce n'est pas simplement entendre une invitation morale ou un enseignement ou une révélation, c'est une invitation à entrer en contact, en relation même avec Dieu. Et cette relation est une relation d'amour, qui aide à vivre, qui nous rapproche du Père. Par la parole, quelqu'un - et Dieu aussi - donne, livre ce qu'il y a de plus intime en lui-même. Mais, plus encore, la voix de quelqu'un est aussi invitation à entrer dans son intimité ; pas seulement à y être bien au chaud comme dans un cocon, mais invitation à commencer avec lui des relations durables : c'est ce qui se passe au début de tout amour. Ainsi, appeler quelqu'un c'est aussi l'inviter à entrer dans son projet, à marcher avec lui, à épouser d'une façon ou l'autre sa mission, l'objectif de sa vie

Si l'Eglise choisit ce dimanche pour nous rappeler le souci des vocations religieuses et sacerdotales, c'est parce que toute vocation se fonde sur cette relation d'intimité avec Dieu en Jésus-Christ, Dieu et Jésus ne faisant qu'un comme celui-ci le dit dans l'évangile de ce jour. Comme la fiancée du Cantique des Cantiques s'éveille à l'appel du bien-aimé et donc se met en route, nous sommes invités à une réponse à cette voix du berger, à cet appel de Jésus en vue de plus d'intimité et d'une telle communion avec lui que certains d'entre nous souhaiteront la vivre et s'y engager dans la quotidienneté, en épousant la mission de Jésus.

Oui, la parole de Jésus est là, source de communion avec lui et dans nos communautés ; les différentes réponses que nous pouvons donner situent nos rôles divers dans une même communauté, celle qui nous rassemble dans cette eucharistie.

Combien de fois ne sommes-nous pas appelés nous aussi à coopérer à cette mission de Jésus, à dire des paroles qui font vivre d'autres personnes : consolation, paroles d'espoir, paroles de simple présence "je suis là près de toi ", paroles d'encouragement, paroles d'estime, paroles de tendresse. Elles sont toujours signes de présence ; elles font vivre. Ainsi en va-t-il de la parole de Dieu, par Jésus-Christ, comme de la nôtre, dans notre fidélité à la tendresse de Dieu.

A nous d'ouvrir nos oreilles, de discerner cette voix qui nous appelle à divers services de la mission de Jésus et de savoir y répondre. " Aujourd'hui, si vous entendez sa voix ne fermez pas votre c½ur... " (Psaume 95)