Tant la presse écrite que la presse parlée en a fait la une de ses journaux. Il est vrai qu'ils ont quand même été condamnés à près de cinq cents millions d'euros. Vraisemblablement une bagatelle pour eux.
Voilà ce qu'il en coûte de vouloir maîtriser tout un secteur par une situation de monopole. Je n'entrerai pas dans ces considérations économiques car ce n'est pas le lieu, mais j'ai été frappé de certaines similitudes entre les logiciels et l'évangile de ce jour : celui de la femme adultère. Quel est le lien se demandent sans doute certains. Le vocabulaire évidemment. Je suis toujours frappé du vocabulaire religieux utilisé dans le langage informatique. Grâce à la souris, appelée mulot par le président Jacques Chirac, nous cliquons sur une icône. Lorsque nous écrivons un texte sur l'écran, avant de fermer le programme, l'ordinateur demande si nous voulons le sauver. Enfin pour la présentation d'un travail écrit, il est toujours préférable de justifier celui-ci. Etonnant, voilà trois mots : icônes, justification et sauver qui se retrouvent dans l'extrait d'évangile de ce jour.
Au fil des années, la femme adultère est devenue une icône du pardon offert par Dieu. Sa justification est un don gratuit du Christ lorsque ce dernier lui dit : " je ne te condamne pas, va, et désormais, ne pèche plus ". De la sorte, elle vit de nouveau l'espérance d'être sauvée. S'il en est ainsi pour la femme adultère, il en va d'une certaine manière de même pour chacune et chacun de nous. De par notre conception, toutes et tous nous sommes images, c'est-à-dire icônes de Dieu. Un Dieu qui veut que toute sa création chemine vers sa réalisation, son accomplissement, en fait vers l'épanouissement de chaque individu. Dieu désire donc que chaque être humain puisse être sauvé ou pour le dire autrement que chaque personne choisisse de partager la vie divine puisque toutes et tous nous avons été créés capables de Dieu. Telle est l'espérance que la foi nous propose dans la mort et la résurrection du Fils. Devenir des êtres résurrectionnels, des êtres sauvés, " un jour " pleinement accomplis en Dieu.
Pour ce faire, nous devons nous aussi être justifiés. Dans cette perspective, la justification est essentielle à notre propre réalisation. En effet, tout chemin de vie est parsemé d'embûches, d'entraves posées par les autres ou par nous-mêmes. Ces entraves jouent un rôle négatif dans notre accomplissement puisqu'elles nous empêchent de devenir pleinement nous-mêmes. Certains pourraient alors se dire : " Ca, c'est mon affaire, cela ne regarde que moi ".
Penser de la sorte n'est-ce pas s'enfermer dans une sphère égocentrique qui nie le sens même de toutes les relations que nous construisons et qui nous définissent. N'est-ce justement pas dans la relation d'amour et d'amitié que tout être grandit et chemine vers son propre accomplissement ? Si ma propre existence est entravée de tous mes encombrements, il n'y aura alors plus ni lieu, ni temps pour une rencontre en vérité avec mes contemporains ou avec Dieu car je suis devenu tellement encombré de tout ce qui m'empêche de devenir moi-même.Un sentiment de paralysie m'envahit et finit par m'empêcher d'exister dans toutes les dimensions de mon être. Il suffit me direz-vous de faire comme l'ordinateur, c'est-à-dire de tout envoyer à la corbeille puis de la vider. Comme cela tout est effacé et nous pouvons recommencer à vivre. C'est pourtant ici que s'arrêtent les similitudes entre les langages informatique et théologique.
Le pardon n'efface rien. Nous n'oublions pas. Le pardon est un acte de souvenir. Je me souviens, je n'oublie pas mais je me libère de toutes ces entraves. Tel est un des sens du pardon. Par amour, Dieu souhaite notre libération, notre justification. Il nous propose un chemin de vie où il se révèle à nous dans la réconciliation. Toutefois, cela demande une certaine dose d'humilité de notre part pour le recevoir. Dieu le Père par son Esprit dans le Fils vient au plus profond de chacune et chacun de nous pour nous offrir son propre pardon.
Si nous souhaitons le recevoir, désencombrons-nous de tout ce qui nous empêche de devenir nous-mêmes, de tous ces manques d'amour qui nous habitent, de toutes ces ruptures d'alliance que nous vivons entre nous et avec Dieu. Que l'Esprit Saint nous éclaire et nous accompagne sur cette route du pardon offert pour que nous puissions, après un temps de méditation, en toute liberté, venir poser au pied de la croix du Christ tout ce qui nous encombre afin de marquer notre volonté de revenir dans l'Alliance promise, de vivre une nouvelle fois de la vie divine.
Amen