5e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Désespérée, cette jeune fille avait un jour écrit à ses proches la lettre suivante : « J'ai conscience que cela peut vous choquer puisque « le bonheur vient de l'intérieur » est un mensonge. Par contre « l'argent me rendra heureux ». Dans trente ans, je raconterai à mes filles Qu'elles ne sont pas les choses les plus essentielles dans ma vie. Mon employeur saura Que j'ai mes priorités parce que l'activité professionnelle Est plus importante que La famille. Je vous dis cela Il y a longtemps Les familles restaient ensemble Mais ceci n'est plus vrai à mon époque C'est une société où tout est rapide Les experts me disent Que dans trente ans je célébrerai le dixième anniversaire de mon divorce Je ne peux accepter que Je vivrai dans un pays où je participerai à la propre construction de celui-ci. Dans le futur, La destruction environnementale sera la norme. Plus jamais il ne pourra être dit Que mes contemporains et moi-même nous nous préoccupons de la terre. Il sera évident que Ma génération est apathique et léthargique C'est stupide de croire que Il y a de l'espoir. » Elle se sentait bien seule au c½ur de son désespoir. Elle ne savait plus vers qui se tourner. Où est donc Dieu dans ce que je traverse, se demandait-elle ? Où se cache-t-Il ? Que fait-Il ? A l'instar de Job entendu dans la première lecture, elle se maintenait en vie par son cri surgissant du plus profond de son être. Au fil des semaines qui s'écoulaient, elle cherchait de l'aide autour d'elle car vivait en elle un désir indicible de sortir de cette situation, de cette prison qui l'enfermait dans un sentiment mortifère. Elle découvrit peu à peu que la réponse à ses questions était plutôt en elle. Elle partit alors à la recherche non d'un temps perdu mais de cette source intarissable qui jaillit au c½ur de notre c½ur, là où se noue en nous notre humanité et notre divinité. Elle comprit qu'il y avait en elle une forme d'appel à la Vie, offert par le Dieu de Jésus-Christ. Dans la foi, elle s'en retourna alors vers celui qui est venu parmi nous pour que nous puissions être levés, relevés par lui. Dieu nous aime debout dans notre c½ur alors que notre corps, lorsque la maladie, l'âge surviennent, nous positionne parfois dans diverses postures, pas toujours les plus confortables d'ailleurs. Cette jeune fille était un peu comme la belle-mère de Pierre. Le Christ s'est alors approché d'elle pour la relever, la ressusciter à la vie nouvelle. Comme le souligne Claude Lichtert, l'appel ne déracine pas puisque Simon a toujours un chez lui, une maison. L'appel de Dieu ne nous déracine donc pas de nous-même. C'est à nous et en nous qu'il s'adresse. Il y a en chacune et chacun de nous un tabernacle intérieur vers lequel nous pouvons toujours nous retrouver dans le champ de l'intimité divine. Il n'y a pas de déracinement et pourtant, le Christ nous invite en même temps à partir ailleurs, c'est-à-dire non pas à nous éloigner de nous-même mais à lire notre vie autrement et ce, sans en changer les mots. C'est d'ailleurs ce que fit la jeune fille. Un jour, elle relut la lettre qu'elle avait envoyée à ses proches et elle décida dorénavant de la réécrire à l'envers sans en changer un seul mot. Je me permets de la relire avec vous. C'est surprenant et cela donne ceci : « Il y a de l'espoir. C'est stupide de croire que Ma génération est apathique et léthargique. Il sera évident que Que mes contemporains et moi-même nous nous préoccuperons de la terre. Plus jamais il ne pourra être dit La destruction environnementale sera la norme. Dans le futur, Je vivrai dans un pays où je participerai à la propre construction de celui-ci. Je ne peux accepter que Que dans trente ans je célébrerai le dixième anniversaire de mon divorce Les experts me disent C'est une société où tout est rapide Mais ceci n'est plus vrai. A mon époque Les familles restent ensemble Il y a longtemps que Je vous dis cela La famille Est plus importante que les activités professionnelles Que j'ai mes priorités Mon employeur saura Qu'elles ne sont pas les choses les plus essentielles dans ma vie. Par contre, dans trente ans, je raconterai à mes filles « l'argent me rendra heureux » est un mensonge Puisque « le bonheur vient de l'intérieur ». Voici donc un texte, lu dans un sens il conduit au désespoir, lu dans l'autre sens, il conduit à la Vie puisqu'il y a l'espoir. Ne serait-ce pas ce que le Christ attend de nous ? A partir de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, opérons un déplacement salutaire pour nous tourner vers la lumière de l'espérance. Sans nous déraciner de nous-même, partons vers cet ailleurs de Dieu. Nous sommes appelés à nous lever, à nous relever pour vivre de cette guérison toute intérieure. Le Père ne nous laisse pas seuls, il nous a donné son Esprit. Que Celui-ci vienne dans quelques instants sur toutes les personnes de cette assemblée qui le souhaitent pour recevoir ce merveilleux sacrement de la Vie. Amen