« Père, délivre-moi de cette heure ». Le Christ Jésus a connu l’angoisse de la mort, l’angoisse devant un malheur brutal et injuste. C’est comme pour chacun d’entre nous quand le médecin nous apprend qu’un cancer est en train de ronger nos entrailles et que cette maladie pousse ses ramifications partout dans notre coprs. C’est comme le jour où nous apprenons que notre enfant ou notre petit-enfant est victime d’un grave accident et qu’il restera paralysé tout sa vie. C’est comme le jour où un étudiant termine ses études et ne trouve pas de travail et que bientôt il ne pourra plus rester en Belgique. « Père, délivre-moi de cette épreuve ». Il est des épreuves qui sont trop lourdes à porter, qui brisent le cœur, qui rongent l’âme, qui sapent tout courage et toute joie de vivre. C’est cet enfant handicapé, ce conjoint diminué, cet adultère commis avec notre meilleur ami. Chaque jour, chaque matin, c’est ce rappel cruel d’une situation injuste et douloureuse. Il y a des hommes, il y a des femmes qui sont brisés par la vie. C’est trop dur. Ils sont asis sur le bord du chemin de la vie, prostrés, écrasés. Ils ne voient même plus les gestes d’aide et de solidarité qui leur sont offerts. Ils ont les yeux pleins de larmes. Ils sont aveuglés par le chagrin.
Dans l’Ancien Testament, il y a aussi des hommes et des femmes victimes de telles catastrophes. Prenons l’exemple de Joseph. Joseph, vous vous souvenez, c’est le fils de Jacob, l’un des trois grands patriarches, Abraham, Isaac et Jacob. Eth bien ! Jacob avait eu douze fils, dont Joseph, le dernier, celui qu’il a eu sur le tard. C’était lui, le petit chouchou de son papa. Jacob lui avait même offert une magnfique tunique. Pleins de jalousie, ses frères ont décidé de l’éliminer. C’et pour cela qu’ils le vendent à des Madianites, des nomades de passage. Joseph finira esclave en Egypte. Il connaîtra la prison. Il connaîtra la trahison, mais il finira par gagner la confiance de Pharaon et il sera nommé responsable de l’approvisionnement du pays. C’est ainsi qu’il remplira les greniers de grains en prévision d’une grande famine. Et voilà pourquoi, un beau jour, Joseph pourra fournir du grain à ses frères affamés. Lui, le paria, vendu comme esclave, vient au secours de ses traîtres. Il accueillera même toute sa famille en Egypte, dans la sécurité et le confort. Il a transformé toute cette haine injuste en une leçon d’amour et de solidarité. Il n’a pas été victime de la trahison. Il l’a transformée en geste de pardon et de réconciliation.
Joseph annonce Jésus, Jésus le Christ, trahi par les siens, mais qui nous nourrit pendant les périodes de famine affective, Jésus le Christ, qui nous accueille dans son royaume. Jésus le Christ, Dieu, n’est pas victime de nos petites trahisons. Il est vainqueur de toutes traces d’amertume et de rancœur. Et s’il en est capable, c’est parce qu’il est porté, transporté par l’amour de son Père. « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore », voilà ce que dit son Père. Non, Jésus n’est pas seul. Il est aimé par son Père et il le sait. Nous aussi, nous sommes aimés par Dieu et nous le savons. Alros tournons-nous vers le Bein-aimé et laissons-nous porter par son amour afin de transformer les échecs et les catastrophes de notre vie en un chant d’amour infini.