Décidément, le Christ n'est jamais satisfait. Il lui en faut toujours plus. Dans cet Evangile, il passe en revue les principales règles obligatoires pour toute vie paisible en société, parce que, regardez bien !, les problèmes liés au meurtre et à l'adultère, au divorce et au faux serment, cela ne concerne pas seulement les catholiques, ni même les chrétiens. Cela concerne toutes les sociétés, qu'elles soient tribales ou citadines, toutes les religions, qu'elles soient polythéistes ou monothéistes. Cela concerne même les francs-maçons. Eh oui ! Le meurtre et l'adultère, le divorce et le faux serment, cela concerne tout le monde. Et alors ! Qu'y a-t-il de propre et de particulier au christianisme ?
La première règle, c'est de ne pas se contenter de ce qu'on doit faire. C'est la première chose qu'on apprend en famille et en communauté : il n'est pas interdit de rendre service. Il n'est pas interdit d'en faire un peu plus que ce que le contrat minimum exige. La question qui se pose aussitôt, c'est de savoir pourquoi c'est toujours qui dois en faire le plus. Pourquoi les autres ne pourraient-ils pas faire de même ? Tout le monde pourrait se poser la même question. Votre conjoint, mon confrère, Dieu pourraient se dire : pourquoi est-ce moi qui toujours dois en faire plus ? Dieu pourrait se dire : OK ! Je vous ai donné la vie et tout pour réussir, mais vous préférez vous disputer et vous entretuer. Très bien ! Allez-y ! Moi, je reste chez moi, dans mon ciel éclatant. Mais Dieu a arraché son peuple de l'esclavage en Egypte, Dieu a mis en garde par ses prophètes les rois et les gouvernants qui accablaient le peuple. Dieu a envoyé son propre Fils pour nous arracher au désespoir de la mort.
Oui, mais, me direz-vous, à quoi cela sert-il de se décarcasser, de se dépenser tellement et de recevoir aussi peu ? Oui, vous avez raison. C'est une bonne question. Et je trouve la meilleure question dans la première lecture : « le Seigneur a mis devant toi l'eau et le feu, c'est la vie et la mort qui sont proposées aux hommes, l'une et l'autre leur est donnée selon leur choix ». Eh oui ! On peut vivre et mourir comme un bon fonctionnaire de l'amour, comme un bon fonctionnaire de la foi, comme ces scribes qui, à la cour du roi Hérode, savaient où le Messie devait naître, mais n'avaient pas envie de bouger, pas envie de se déranger.
Oui, il y a tant de choses à faire pour transformer le monde en royaume de Dieu : il faut d'abord se réconcilier avec son frère, il faut ensuite accueillir l'autre comme un don de Dieu, il faut enfin laisser de la place à Dieu. Oui, la vie chrétienne, c'est beaucoup plus que quelques règles de politesse. C'est surtout Dieu qui doit pouvoir surgir dans notre vie et laisser éclater son amour infini pour chacun d'entre nous.
6e dimanche ordinaire, année A
- Auteur: Henne Philippe
- Temps liturgique: Temps ordinaire
- Année liturgique : A
- Année: 2013-2014