7e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Après une première tournée dans les villages avoisinants, Jésus est revenu à Capharnaüm. La nouvelle se répand, la foule se presse devant la demeure de Pierre et Marc écrit : "ET IL LEUR PARLAIT LA PAROLE", expression qui, chez les premiers chrétiens, désigne la proclamation de l'Evangile ( Actes 4, 29-31 ; 8, 25 ;...).

Ne l'oublions jamais : l'action la plus essentielle est d'oser proclamer que, au c½ur même de notre monde ravagé par le mal, Dieu arrive. Le Dieu d'amour et de tendresse peut régner sur le c½ur qui s'ouvre à lui, qui écoute la Parole nouvelle de Jésus et se décide à la pratiquer.

Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par 4 hommes. Comme ils ne peuvent l'approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de Jésus, font une ouverture et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.

On imagine la scène. Un homme a un parent ou un voisin paralysé depuis des années et il veut l'amener à Jésus. Comment faire ? Il trouve des volontaires et, à 4, ils vont chez l'handicapé et le transportent sur son grabat. Ils demandent à la foule de s'écarter : "Laissez passer svp. !". Peine perdue : ils se heurtent à une barrière de dos. Jésus est enfermé dans son auditoire. Déçus, les porteurs pourraient s'en retourner. Mais non, ils restent décidés. L'un d'eux va chercher des cordes solides. Les petites maisons de l'époque, sans étage, ont un petit escalier latéral qui conduit sur la terrasse faite de quelques poutres, de branches et de terre battue. Les hommes montent, pratiquent une ouverture par laquelle ils font descendre le bonhomme qui ne doit pas être très rassuré dans cet ascenseur fragile ! Au bruit et devant la chute de gravats, Jésus s'interrompt et contemple avec surprise et amusement cet homme qui descend du ciel- tel un ange, un cadeau de Dieu ! Il a tout de suite compris la manoeuvre.

VOYANT LEUR FOI, Jésus dit au paralysé : " Mon fils, tes péchés sont pardonnés".

Ces 4 hommes aimaient cet handicapé, ils croyaient que Jésus pouvait le relever ; ils sont allés le chercher, l'ont porté ; ils ne se sont pas découragés devant la dureté du public ; ils ont inventé une méthode pour que le paralysé advienne devant le Maître. Ils étaient animés par la foi(confiance en Jésus), par l'amour ( ils aimaient leur copain) et l'espérance ( ils étaient sûr que Jésus pouvait le relever). -- Jésus opère parce qu'il a VU cela.

Merci à tous ces bénévoles qui inlassablement se dévouent pour porter les malades dans les lieux de pèlerinage. Que faisons-nous en paroisse pour amener les handicapés à la liturgie ? Croyons-nous suffisamment à la force de "nos intentions de prière" ? N''en faisons pas des ritournelles mais " des cordes" par lesquelles nous amenons les souffrants devant le Seigneur....... Est-ce que les pratiquants savent s'écarter pour que des chercheurs, des pauvres découvrent le Christ ? L'Eglise n'est-elle pas parfois un mur qui empêche l'accès au Christ Sauveur ?......

Stupeur ! : Jésus offre à l'homme non la guérison physique qu'on était venu chercher mais la guérison spirituelle : le pardon. Prenons bien garde : Jésus ne dit pas que la paralysie est la conséquence du péché, qu'elle est un châtiment de Dieu. Il affirme que le mal le plus grave chez l'homme est le péché qui "paralyse" son c½ur et sa vie. Certaines personnes souffrantes ne sont-elles pas plus libres que des gens en bonne santé mais enchaînés par leurs vices ?..

Il y avait dans l'assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes : "Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ?". Saisissant dans son esprit les raisonnements qu'ils faisaient, Jésus leur dit : " Pourquoi tenir de tels raisonnements ? Qu'est-ce qui est le plus facile ? Dire au paralysé "Tes péchés sont pardonnés" ou bien de dire " Lève-toi, prends ton brancard et marche" ? ...Eh bien afin que vous sachiez que le Fils de l'Homme a la pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l'ordonne, dit-il au paralysé, lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi". L'homme se leva, prit aussitôt son brancard et sortit devant tout le monde. Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu : " Nous n'avons jamais rien vu de pareil !!!"

Ce pardon donné par grâce fait bondir les scribes théologiens : prétention insoutenable, blasphématoire ! Si un homme avait péché, il devait se rendre au temple, observer le jour du Kippour, offrir des prières et des sacrifices et implorer la miséricorde divine ! C'est pourquoi, en réponse, Jésus justifie sa déclaration : la guérison physique qu'il opère instantanément est un SIGNE manifeste que sa parole est vraie, efficace, qu'elle opère ce qu'elle dit !

Donc la thérapie à l'endroit des malades est le SIGNE de la guérison essentielle, celle des c½urs.

Et pour la 1ère fois, Jésus s'attribue un titre énigmatique - qui va devenir célèbre : il est LE FILS DE L'HOMME. Cette expression juive désigne d'abord un être humain. Mais la Bible rapporte un rêve étonnant du prophète Daniel qui, s'interrogeant sur le mystère de l'histoire, décrit la succession des quatre empires ( Babylone, puis les Mèdes puis les Perses puis l'Empire grec) sous la forme de quatre Bêtes horribles (symboles de violence et de cruauté). Mais ensuite apparaît un Vieillard majestueux (symbole du Dieu éternel) qui vient siéger pour le Jugement définitif. Sur quoi arrive ce passage capital :

"Je regardais dans les visions de la nuit et voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un FILS D'HOMME. Il arriva près du Vieillard et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté ; les gens de tous peuples, nations et langues le servaient. Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas" ( Daniel chap. 7 )

Jésus s'est reconnu dans cette figure. Alors que les ambitieux, les conquérants cherchent à dominer par la force des armes, Jésus, lui, vient tel un homme agréé par Dieu. Sa douceur est en flagrant contraste avec les Puissants usant de la violence animale mais Dieu lui donne le Royaume éternel - qui se manifeste ici dans la miséricorde, la guérison intégrale du paralysé : c½ur et corps.

Donc l'Eglise n'est pas une institution philanthropique mais une communauté mondiale où nous nous amenons les uns les autres en présence du Christ Sauveur afin que chacun entende ses paroles : " Tes péchés sont pardonnés. Christ te libère de tes entraves, il délie tes liens spirituels, il te donne ce que personne ne peut t'offrir : la miséricorde totale, entière. Tu entres dans le Royaume de Dieu

Cette affirmation est-elle vraie ? Peut-on s'y fier ? Oui absolument ! La preuve en est que l'Eglise partout s'engage en faveur de tous les souffrants et malheureux. Cet engagement près des malades doit conduire les hommes à croire au Christ, à demander le pardon, la guérison de la paralysie des c½urs. Et d'ailleurs plus le chrétien a conscience du bienfait extraordinaire qu'est pour lui la pitié de Dieu, plus il sera porté à exercer la miséricorde envers les malades.

MERCREDI DEBUTE LE CAREME : qui allons-nous tenter d'amener au Christ ?... Avec quel désir demanderons-nous le pardon de nos fautes ?...Et d'abord savons-nous que le péché est la plus terrible des maladies ?...