Ascension

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2012-2013

ASCENSION GRANDE FÊTE DE L'ESPÉRANCE

Célébrée un jeudi, l'Ascension risque toujours de demeurer une fête mineure, une opportunité agréable de profiter d'un beau congé. Le message qu'elle nous transmet et qu'elle nous invite à vivre est cependant d'une qualité extrême. Il importe beaucoup d'en présenter aux chrétiens les richesses inépuisables. Comment passer de la Pâque de Jésus à notre vie pascale à nous aujourd'hui ?

RESURRECTION ET ASCENSION : UN SEUL MYSTERE

L'évangile de ce jour nous présente la fin du livret de Luc : tout s'est passé « le 1er jour de la semaine » :
à l'aube, découverte du tombeau vide ; événement ambigu car il peut y avoir eu rapt du cadavre.   
pendant la journée : les disciples d'Emmaüs cherchent à comprendre ; Jésus  « ouvre » les Ecritures. On les lisait comme promesse d'un triomphe national or elles annonçaient bien la venue d'un Messie rejeté par les hommes et glorifié par Dieu
le soir ils retrouvent Jésus dans « la fraction du pain » ; La rencontre du Christ vivant se fera désormais par la lecture des Ecritures et le partage du  repas du Seigneur (la messe).
la nuit, la communauté se reconstitue à Jérusalem autour de Jésus ressuscité
Là-dessus Luc enchaîne tout de suite par le récit de l'Ascension.

Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans cesse dans le temple à bénir Dieu.

A la fin de son long voyage, Jésus était arrivé par Béthanie (« le village des pauvres »), au-dessus du mont des Oliviers. Il est descendu, en ville, dans l'abîme de la souffrance et de la mort. Maintenant il remonte et il sera accueilli dans la véritable « Maison de son Père » - non le temple de Jérusalem mais le ciel. Son dernier geste est de « bénir » les siens, les mains tendues pour les protéger et leur offrir la Vie. C'est précisément le geste que le prêtre Zacharie, au début de l'évangile,  n'avait pu faire en sortant du temple où il n'avait pas cru qu'il allait être père de Jean, le précurseur du Messie : son manque de foi l'avait rendu muet, incapable de transmettre la grâce divine au peuple prosterné. La Loi et le sacerdoce sont donc restés aveugles. Dorénavant c'est le Ressuscité qui comble les croyants et les assure de sa protection éternelle. C'est par ses mains trouées, signes de la croix, que nous viennent le pardon et la Vie.

« Il fut emporté » (la forme passive souligne que c'est l'½uvre du Père) et sa disparition ne provoque pas pleurs et lamentations mais au contraire « la joie ». Le dessein de Dieu est accompli. Il est dorénavant possible d'espérer rejoindre Jésus dans la Joie éternelle. Il ne reste plus qu'à prier Dieu pour que l'extraordinaire salut qu'il a réalisé se propage.

La bénédiction de Jésus est don de la grâce divine : en retour celle des hommes est louange, action de grâce pour les bienfaits reçus. La relation Dieu / homme est restituée. On est bien loin des « petites bénédictions » furtives et insignifiantes avec lesquelles nous confondons ce qui est la plus haute forme de prière dans les Ecritures.

L'ASCENSION DANS LES ACTES DES APÔTRES.

Après son évangile, Luc a eu l'excellente idée d'écrire un second livre racontant la suite de l'histoire, « Les Actes des Apôtres », et il le débute en reprenant la finale du premier pour enchaîner. Or curieusement, il raconte l'Ascension d'une autre manière : signe que l'essentiel d'une histoire n'est pas dans un compte-rendu minutieux dans tous les détails mais qu'il faut tenter d'entrer dans son mystère en l'abordant sous plusieurs angles. Dans l'évangile, l'Ascension est la fin de la vie terrestre de Jésus ; dans les Actes, elle est le prologue de cette même histoire qui se poursuit dans la communauté croyante.

............Au cours d'un repas qu'il prenait avec ses apôtres (....), il leur disait : «  C'est la promesse que vous avez entendue de ma bouche. Jean a baptisé avec de l'eau ; mais vous, c'est dans l'Esprit-Saint que vous serez plongés d'ici quelques jours ». Ils lui demandèrent : «  Est-ce maintenant que tu vas rétablir le Royaume en Israël ? ». Il répondit : «  Il ne vous appartient pas de connaître les détails et les dates que le Père a fixées....Vous allez recevoir une force, l'Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins, à Jérusalem, en Judée, Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre »

Les apôtres ne semblent pas encore guéris de leur nationalisme et de leur conception d'un Royaume juif. Or la Pâque de Jésus n'est pas victoire d'un peuple sur l'autre mais victoire sur la mort donc libération de l'humanité entière. En conséquence, rien n'est plus urgent que d'annoncer cette Pâque de Jésus jusqu'au bout du monde.
Cette mission gigantesque dépasse toute force humaine : culture, science, argent, génie n'y suffisent pas. Il faut impérativement la Force de Dieu, seul Souffle assez puissant pour communiquer la Vie pascale, éliminer racisme, envie, haine, guerres, et entraîner les hommes dans la sphère de Dieu.

Après ces paroles, ils le virent s'élever et disparaître à leurs yeux dans une Nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : «  Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus qui a été enlevé du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel ».

Pourquoi est-il si important que les apôtres VOIENT ? Luc s'inspire de l'épisode de la seule « ascension » racontée dans les Ecritures : le prophète Elie va vers le Jourdain, dissuade son disciple Elisée de le suivre mais celui-ci s'accroche, il voudrait avoir deux parts de l'esprit de son maître c.à.d. être reconnu comme son successeur. Alors Elie lui dit : « Si tu me vois pendant que je serai enlevé, il en sera ainsi ». Effectivement « Elie monta....Elisée voyait » (2 Rois 2).
Il en va de même ici : les apôtres n'ont pas vu s'envoler un cosmonaute mais ils ont pénétré le mystère : ils sont sûrs que Jésus est « monté dans la Gloire de Dieu ». Ils « voient », ils sont certains qu'il est SEIGNEUR ! C'est pourquoi ils pourront recevoir l'Esprit-Saint, se présenter comme les héritiers  légitimes du Christ et témoigner de sa gloire.
Car l'Ascension ne fige pas l'humanité dans la contemplation béate, nous ne pouvons demeurer « le nez en l'air » dans l'attente passive de la parousie dont nul ne connaît l'échéance. L'histoire se poursuit, chaque minute compte : il faut annoncer partout la Résurrection, la réconciliation, la Paix.
Pour cela il est indispensable de demander et d'accueillir l'Esprit de Dieu.

Ils regagnèrent Jérusalem ils montèrent dans la chambre haute. Il y avait là Pierre, Jean et les autres. Tous unanimes, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, la mère de Jésus, et avec les frères de Jésus ».

Le lien avec le temple se disjoint : les assemblées chrétiennes se déroulent dans les maisons. Elles sont toutes en lien avec la communauté originelle, autour des apôtres, d'abord Pierre, et les femmes, les premières à annoncer la Résurrection, et avec Marie, la mère. Ensemble, d'un seul c½ur, toute rivalité disparue, ils PRIENT avec persévérance, ils demandent que vienne l'Esprit promis.

A partir d'aujourd'hui, du 40èmeau 50ème jour (Pentecôte), voici la NEUVAINE A L'ESPRIT que chaque communauté se doit d'entreprendre pour que brûle à nouveau le feu de la mission.  Conscients de notre faiblesse, de nos responsabilités et de la gravité de la situation mondiale, PRIONS LE SEIGNEUR.