Assomption de la Vierge Marie 

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2011-2012

SE LAISSER ASSUMER

Ce lundi 6 août, le robot « Curiosity », après un voyage de plus de 8 mois (570 millions de km), s'est posé sur la planète Mars et il a commencé à nous envoyer les premières  photos. Coût de la mission : 2, 5 milliards de dollars. Nouvel exploit sensationnel de la NASA et promesse sans doute de futurs voyages : l'homme réalise son rêve séculaire de s'élever de plus en plus loin dans le ciel. Même sans le savoir, il réalise ainsi la première mission que Dieu lui a donnée : «  Je vous donne tout...Remplissez la terre et soumettez-la » (Gen 1). Dieu n'est pas jaloux mais fier des merveilles que « son image » accomplit.
Cependant - qui en doute ? - nous allons aller là-haut avec notre raison mais aussi notre démence, notre courage mais nos jalousies, nos solidarités mais nos haines, notre élan mais notre désespérance. « A quoi bon aller sur la lune si c'est pour s'y suicider ?» soupirait André Malraux. La conquête spatiale est-elle un gage certain de paix ?... Comme disait St François de Sales : «  Là où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie ».

Cet événement excite notre « curiosité » : que cherche l'homme dans sa quête sans fin ? Y a-t-il de la vie sur Mars ? Mais n'y a-t-il pas une « autre Vie » ? Au fait que veut donc dire « aller au ciel » ?...

Ce 15 août, nous fêtons une petite femme juive qui, dit l'Eglise, est entrée dans « le ciel ».
Elle ne s'est pas élevée: au contraire elle s'est faite toute petite, menant une existence modeste et humiliée.
Appelée à être la mère du Messie Fils de Dieu, elle ne s'est pas envolée dans une illumination mystique mais s'est élancée en hâte pour se mettre au service de sa cousine. Pour elle, Dieu n'était pas là-haut dans les étoiles ou les nuées de l'extase mais là-bas, près de quelqu'un à aider.
Elle n'est pas demeurée dans l'espace-temps, lieu du choc des égoïsmes incurables: elle a été accueillie dans la GLOIRE divine, dans la Maison du Père où il y a des places pour tous (Jean 14, 2), où il n'y a plus de rivalités ni de conflits mais communion amoureuse entre personnes dont chacune est unique.

Son « Assomption » n'a pas exigé une fortune : elle était une pauvre villageoise qui avait perdu son mari, qui était objet des critiques des membres de son clan et que l'on montrait du doigt dans la Ville sainte comme la mère du condamné à mort.
Elle n'enverra pas de photos mais l'image de sa vie donnée par l'Evangile est le plus pressant appel pour qu'à notre tour, nous ayons envie de suivre son parcours et de la rejoindre.
Car sa disparition n'est pas éloignement : l'amour de Dieu n'est pas concurrent de l'amour des hommes. Dieu n'attire chacun que pour le rendre plus proche des autres.

L'ULTIME IMAGE DE MARIE DANS LES ECRITURES

Saint Luc, qui termine son second ouvrage, les Actes des Apôtres, dans les années 85,  à un moment où Marie est décédée, ne dit rien de sa fin. Ce sont des traditions plus tardives qui évoqueront sa mort parmi les apôtres, sa « dormition », le tombeau vide, son envol pour le ciel.
Pour Luc, l'ultime image de Marie que nous avons à conserver, c'est celle de sa présence au milieu des disciples rassemblés au cénacle dans l'attente de la venue de l'Esprit-Saint.

« Il y avait là, dans la chambre haute, Pierre, Jean, Jacques, André.... Tous, unanimes, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes, dont MARIE, la mère de Jésus, et avec les frères de Jésus »
(Actes 2, 14)

Au centre de la communauté - ce jour-là et jusqu'à la fin du monde -, Marie, silencieuse, au c½ur blessé par les stigmates horribles de la croix du Calvaire et maintenant comblé par la Joie de la Résurrection de son Fils, prie afin que l'aventure qu'elle vient de vivre se poursuive dans ces hommes et ces femmes. Qu'eux aussi répètent : «  Voici les serviteurs du Seigneur : qu'il nous soit fait selon sa Parole ».
Qu'ils se laissent investir, comme elle, par la force de l'Esprit qui fait naître en eux le Fils divin à donner au monde.
Qu'ils sortent pour « visiter » les hommes afin de partager la Bonne Nouvelle de la Vie dans toutes les langues du monde.
Qu'ils proclament la certitude de l'espérance que le Seigneur leur a inculquée :
« Que votre c½ur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu : croyez aussi en moi.
Lorsque je serai allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi
si bien que là où je suis, vous serez vous aussi » ( Actes 14, 1-3).   
« Prendre-avec » signifie « assumer »,  prendre-avec-moi : l' « assomption » de Marie est l'amorce du mouvement résurrectionnel qui, à partir de la Pâque de Jésus, se continue à travers le temps pour que l'humanité soit glorifiée.
Et enfin qu'ils forment des communautés qui rayonnent de joie et qui chantent « Magnifique est Dieu ! ».

MAGNIFICAT : LE CANTIQUE DE MARIE : PRIERE DE L'EGLISE

La liturgie de ce jour nous invite à écouter, à méditer et à reprendre pour nous le cantique de Marie.

Oui notre c½ur est plein de joie parce que maintenant nous savons qu'il ne faut pas chercher à nous grandir  mais nous laisser regarder par le Dieu de Miséricorde.
Nous ne chantons pas nos exploits, nos réussites, ni encore moins notre perfection mais les merveilles que Dieu accomplit en nous.
Et Marie nous apprend la méthode divine du salut des hommes que son Fils reprendra dans ses Béatitudes :
« Dieu disperse les orgueilleux
Il renverse les puissants de leurs trônes
Il élève les humbles
Il comble de biens les affamés
Il renvoie les riches les mains vides... »
Oui « Son Amour s'étend d'âge en âge ...  Il se souvient de son amour... »

Comme disait le concile, la fête nous invite donc à la prière pour la paix du monde

« Que tous les chrétiens adressent à la Mère de Dieu et des hommes
des supplications instantes
afin qu'après avoir assisté de ses prières l'Eglise naissante, et maintenant exaltée dans le ciel,
elle continue d'intercéder près de son Fils dans la communion des saints
jusqu'à ce que toutes les familles des peuples soient enfin heureusement rassemblées
dans la paix et la concorde
en un seul peuple de Dieu,
à la Gloire de la très Sainte Trinité » 
(Vatican II  -  L'Eglise  -  § 69  -  cf. aussi § 62 et 68)