Je connais des Marie qui hésitent entre le 1er janvier et le 15 août pour célébrer leur fête... L'argument donné est souvent le même : le 1e janvier est finalement plus simple à comprendre ! Je ne suis certain que ce soit juste, que « Marie mère de Dieu » soit plus simple à comprendre que « Marie assumée par Dieu », mais soit... Permettez-moi la comparaison...
Alors que le 1er janvier, nous fêtons Marie, mère de Dieu,
nous fêtons celle qui porte Dieu, celui qui porte tout.
Aujourd'hui, Marie devient celle qui se laisse envelopper par plus grand qu'elle, celle est portée par Dieu, elle devient celle qui assume l'histoire qui la dépasse, tout en restant véritablement au centre du jeu ! ??Car ce qui est extraordinaire dans le Magnificat, --le cantique dans l'Evangile que nous venons d'entendre-- c'est que Marie, l'humble servante, se voit elle-même au centre de l'½uvre de Dieu. Son humilité ne la met pas à côté, en dehors du jeu, comme nous pourrions parfois le faire, mais bien au centre !
Vous connaissez l'image des poupées russes. Comme pour ces poupées, ?le plus petit reste au milieu et il faut disperser ce qui est grand pour accéder au centre. Marie renverse donc toute logique : «Le puissant fit pour moi des merveilles.» dit-elle. Elle, qui est au c½ur de la promesse de Dieu, c'est par son humilité qu'elle découvre l'½uvre de Dieu au c½ur de sa vie. ?
Quant à nous, face à la promesse de vie qui se trouve en chacun, nous pouvons être traversés par deux réactions. La consommation ou l'assomption. Nous pouvons soit consommer ce don de Dieu, c'est-à-dire garder cette promesse de vie pour nous, en nous. C'est la prétention de ceux que Luc appelle les superbes, les puissants : ceux qui prennent leur vie pour eux, qui consomment l'humain, et se consument.
Mais nous pouvons prendre un autre chemin, un chemin de fécondité, celui de l'assomption ! Vous savez que nous aimons inventer de nouvelles expressions et des néologismes. Je vous en propose un nouveau en ce jeudi de l'assomption.
Cette fête nous invite à devenir des êtres 'assomptionnels'. Les êtres assomptionnels sont ces êtres qui assument la vie qui leur est donnée. Assumer ce don, assumer sa vie, c'est découvrir que nous ne nous appartenons pas car nous sommes inscrits dans une destinée plus grande que nous ne l'imaginons. Il y a tout ce que nous n'avons pas décidé pour nous-mêmes.
Etre assomptionnel, c'est être libre, car pour être libre, il faut parvenir à assumer, prendre à soi le non voulu. Ceux qui ne prennent pas ce chemin assomptionnel, peuvent être tentés de subir la vie, d'être dans la survie: « C'est ainsi. Je ne peux rien faire. Tel est mon destin. Je n'ai pas d'autre possibilité que de m'incliner » de subir la vie. ??Or, prendre le chemin assomptionnel, c'est découvrir dans sa vie un horizon plus grand : voilà l'alternative de la vie :
- soit je choisis de subir ce qui s'impose à moi
- soit je décide de vouloir cet invoulu, c'est-à-dire que je veux entrer dans une démarche active capable d'assumer.
Etre assomptionnel, c'est assumer sa vie, tout simplement. ?La relire avec les yeux de la confiance et non la suspicion.
Il y a donc ceux qui prennent et qui accueillent en eux la présence d'un mystère qui les dépasse. Ce sont tous ces passeurs, ces porteurs, ces personnes qui se sentent visitées par quelque chose de plus grand qu'elles et qui à leur tour, sont capables de le porter aux autres. ??Etre assomptionnel, c'est donc remettre sa vie à plus grand que soi,
lâcher prise...
Etre assomptionnel, c'est accepter que quelque chose de plus grand que nous ?est au plus profond de nous et nous porte ; ?c'est reconnaître que nos vies sont visitées par Celui qui fait des merveilles ;
Alors que consommer, c'est dévorer le plus petit...?Assumer, c'est intégrer en soi le plus grand. ?Alors, si l'assomption est ce mystère de Marie « élevée au ciel », cette fête ne nous invite pas à monter dans les nuages, mais à être enceints de Dieu, à nous laisser habités par sa présence. Un mystique dominicain, Jean Tauler, parlera de « faire naître Dieu en nous ». ??Marie n'a pas cru en un Dieu merveilleux, mais en un Dieu qui fait merveille, ?un Dieu qui nous visite sur cette terre pour relever ce qui est abaissé. ??Quittons nos modes de consommation, ?pour construire un monde d'être assomptionnels, ?un monde qui assume et accueille la présence ?de ce qui est plus grand que lui et qui le dépasse. Amen.
Assomption de la Vierge Marie
- Auteur: Croonenberghs Didier
- Temps liturgique: Temps ordinaire
- Année liturgique : A, B, C
- Année: 2012-2013