Dimanche de Pâques

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2007-2008

"JESUS EST LE MESSIE ... LE CRUCIFIE A ETE RESSUSCITE" !!!

Ce cri pascal qui a jailli pour la première fois à Jérusalem a changé l'histoire du monde. Cette même annonce est clamée aujourd'hui dans toutes les assemblées chrétiennes de la planète afin de rendre l'espérance aux hommes de tous pays. Nouvelle inouïe, incroyable aux oreilles des uns, scandale pour d'autres et qui, cependant, a été accueillie comme véridique et transmise dans le monde entier. On ne compte plus les hommes et les femmes qui ont accepté de donner leur vie pour en témoigner. Nous sommes bien ici au c½ur de la foi chrétienne : c'est ce Jésus-là qu'il nous faut proclamer et pas un autre. Or d'autres présentations de Jésus Christ se sont répandues, qui font croire - à tort - que l'on serait chrétien.

LE JESUS DE NOËL

L'image de la jeune et jolie maman ravie avec son bébé dans les bras est un archétype universel qui touche et émeut l'humanité qui y reconnaît sa perpétuelle origine. Mais on voit assez combien cette image reste païenne. Le sentimentalisme a déraillé dans le folklore et l'enfant pauvre de la crèche a fait place au père Noël qui appelle au gaspillage et aux beuveries. Non, l' Eglise n'est pas celle du "petit Jésus".

LE JESUS DES MIRACLES

La crédulité des foules est immense : elles se précipitent toujours au lieu d'une soi-disant apparition mystérieuse, là où l'on annonce une guérison miraculeuse. Et à la veille d'un examen difficile, l'étudiant libre-penseur presse toujours sa vieille grand-mère de prier beaucoup pour sa réussite. Or si Jésus a bien guéri quelques malades, il est manifeste que pour lui ces actions étaient secondaires et portaient au malentendu. D'ailleurs il a vite cessé d'en faire. Et aucun malade ou handicapé bénéficiaire de ses bienfaits ne s'est levé pour le défendre lors de son procès. Le miracle demeure à la périphérie de la foi. La foi n'est ni magie ni superstition. Jésus n'est pas le sorcier qui résout nos problèmes à coup de baguette magique.

LE JESUS SAGE PHILOSOPHE

Les enseignements de Jésus ont fini par imprégner les esprits, on les connaît, certains de ses aphorismes sont même devenus des proverbes. Mais on ne peut confondre Jésus de Nazareth avec un sage qui donne des leçons de morale. L'évangile n'est pas un code de bonnes manières et de civisme. Vouloir la paix du monde et la justice, défendre les droits de l'homme, se conduire en homme poli et généreux n'est pas encore être chrétien. Si, à l'école catholique, le cours de religion se contente de brosser les traits d'un idéal humain, on comprend que les élèves ne voient plus la différence avec un cours de morale. Le christianisme induit des leçons de moralité mais ne s'y réduit pas. On se trompe si on cherche dans l'Evangile un code de conduite, un réservoir de valeurs, la liste de ce qu'on peut ou ne doit pas faire. Jésus n'est pas un philosophe ni un philanthrope.

LE JESUS EN CROIX

C'est le Jésus le plus représenté, le plus populaire. Le crucifix a envahi toutes les églises et toutes les maisons catholiques (du moins jusqu'à récemment). Non sans entraîner certaines déviations. Car il ne faut pas en conclure que Dieu a voulu que le sang coule, qu'il a exigé le sacrifice de son Fils ni qu'il faudrait rechercher la souffrance, se résigner au malheur comme chemin du salut. En tout cas, les premiers siècles chrétiens n'ont jamais représenté leur foi dans l'icône d'un Jésus mort. Ce qui faisait leur force dans la tempête des persécutions, c'était leur certitude que Jésus était vivant et ils le représentaient en Seigneur éblouissant de Lumière, promesse d'éternité bienheureuse pour ses frères et s½urs qui suivaient fidèlement son chemin. Jésus n'est pas un héros mort, un martyr à commémorer.

JESUS EST RESSUSCITE.

Tel est le cri primaire que Pierre, Paul et tous les apôtres ont lancé au lendemain de Pâques. Tel est le n½ud de la foi, son c½ur. Ce sans quoi elle s'effondre. Là seulement retentit la Bonne Nouvelle. C'est cela même qui constitue l'Evangile (qui n'est pas d'abord un livre ni moins encore une leçon de catéchisme ). "Si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi" écrit saint Paul ( 1 Cor 15)

Mais si Jésus a été re-suscité, c'est bien parce que, au préalable, il est mort. Plus exactement, il faut dire parce qu'il a été condamné et exécuté". Et il a fini sur une croix parce que les autorités (religieuse et politique, Caïphe et Pilate) se sont liguées pour le supprimer. Et s'ils se sont acharnés contre lui, ce n'est pas parce qu'il guérissait des malades, ni parce qu'il donnait de belles leçons de morale ni parce qu'il demandait que l'on se soucie des pauvres et des misérables( bien d'autres rabbins en ce temps-là disaient et faisaient les mêmes choses que lui )

On a voulu le supprimer parce qu'il disait qui il était, parce qu'il dénonçait les dérives de sa religion, parce qu'il annonçait la venue d'un royaume de Dieu ouvert à tous les peuples, parce qu'il exigeait un changement radical de conduite - même de la part de ses coreligionnaires. Parce qu'il refusait un clivage "bons Juifs / Romains impies", "braves gens pharisiens / malfaiteurs maudits".

La poussée de haine chez ses ennemis a éveillé en lui un élan d'amour incoercible. Ils l'ont livré au supplice : c'est lui qui s'est livré par amour de son Père et des hommes.

" Il s'est dépouillé...obéissant jusqu'à la mort...et la mort sur une croix. C' EST POURQUOI Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le Nom au-dessus de tout Nom, afin qu'au NOM DE JESUS toute langue proclame que LE SEIGNEUR C' EST JESUS CHRIST" (S. Paul : Lettre aux Philippiens chap. 2)

La mort/résurrection du Christ a tellement bouleversé les premiers disciples qu'ils ont décidé de la célébrer non une fois par an au printemps mais chaque semaine, au lendemain du samedi, c'est-à-dire en ce 1er jour de la semaine où Jésus leur était revenu. Les 1ères générations chrétiennes ne connaissaient qu' UN jour de fête : LE DIMANCHE. Le concile Vatican II dit :

"L' Eglise célèbre le Mystère pascal...chaque 8ème jour, qui est nommé à bon droit le JOUR DU SEIGNEUR ou DIMANCHE. Ce jour-là, les fidèles doivent se rassembler pour que, en entendant la Parole de Dieu et participant à l'Eucharistie, ils se souviennent de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus et rendent grâce à Dieu qui les a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ... Aussi, le jour dominical est-il le JOUR DE FÊTE primordial qu'il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles. De sorte qu'il devienne aussi jour de joie et de cessation du travail " ( Constitution sur la Liturgie § 106)

Alors la Pâque de Jésus, son triomphe sur la mort, a créé une nouvelle manière de vivre où chaque croyant est renouvelé au c½ur d'une communauté :

" Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ : recherchez donc les réalités d'en haut où est le Christ près de Dieu. Tendez vers les réalités d' en haut et non pas vers celles de la terre..."