Dans les années 40-50 de notre ère - il y avait à peine 10 ans que Jésus avait été crucifié -, un homme courait les routes. Seul ou avec quelques jeunes disciples, de Damas à Antioche, de Thessalonique à Corinthe, de la Galatie à Ephèse, ce voyageur n'était pas un commerçant avide de bonnes affaires ni un touriste curieux de découvrir les merveilles de son temps. A pied, parfois en bateau, par tous les temps, cet homme pauvre et toujours pressé parcourut des milliers de kilomètres, affrontant tous les dangers.
Ce Juif originaire de Tarse en Cilicie, toujours combattu, toujours joyeux, se nommait Saül : c'est un des géants qui ont marqué l'histoire du monde. On l'appelle SAINT PAUL.
CRÉER UNE EGLISE
Que cherchait-il, que voulait-il faire ? Rien d'autre que de créer au c½ur des plus grandes cités de son temps une communauté chrétienne, une Eglise. Dans ce but, que faisait-il ? Il parlait, il exposait sa foi et lançait un appel. A peu près ceci :
" J'étais un jeune pharisien à Jérusalem, rempli de zèle pour la religion et les traditions de mon peuple Israël. Lorsque des disciples de Jésus, l'ancien crucifié, commencèrent à répandre l'absurde nouvelle qu'il était ressuscité, je bouillonnai de fureur et je me mis à lutter pour arrêter et emprisonner ces infâmes.
Jusqu'au jour où je l'ai rencontré ! Ou plutôt où il m'a rencontré ! Lui, JESUS ! Sans colère, sans me punir, il m'a dit de sa voix douce : " Saül, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?".
Ainsi donc Jésus était vivant ! Et il régnait dans la Gloire de Dieu, et il demeurait dans ses disciples !... Quel mystère !
Au lieu de me châtier, il me donna une mission : aller raconter cela aux nations païennes !...J'étais fou de joie"
Saint Paul n'ignorait pas les dangers de sa mission. Partout il se heurta à des adversaires farouches, décidés à le faire taire. Sarcasmes, coups, lapidation, flagellation, prison : il a tout connu de la cruauté des hommes. Mais jusqu'au jour où, à Rome, il fut décapité, il ne cessa de proclamer la Bonne Nouvelle, d'appeler hommes et femmes, libres et esclaves, à croire, comme lui, à ce Jésus qui l'avait introduit dans la lumière de la vérité, dans l'épanouissement de l'amour.
VOILÀ LA BONNE NOUVELLE
Paul n'a pas rêvé, pas plus que Pierre, Jean ou Marie-Madeleine : tous étaient mobilisés pour aller proclamer la plus belle, la plus urgente, la plus incroyable des nouvelles.
Car ces chargés de mission n'ont pas joué leur vie pour affirmer qu'il n'y a qu'un Dieu (des philosophes, comme la Bible, l'avaient enseigné), ni pour exhorter à bien se conduire, à vivre honnêtement, sans se faire la guerre (ce que tout le monde souhaite), ni pour appeler à quitter une société perverse et à s'enfuir comme des moines au désert.
Ils affirmaient, répétaient, annonçaient l'essentiel, l'inouï, ce que la loi n'avait jamais dit, ce que la morale n'avait jamais espéré :
Jésus a été crucifié et son Père l'a ressuscité.
Il a offert sa vie pour donner le pardon de toutes les fautes, à présent il vit, il est Seigneur et il communique sa vie - la Vie de l'Esprit, la Vie divine - à ceux et celles qui osent croire en Lui et acceptent de former une communauté.
Cette communauté, issue de tous les milieux de vie, se réunit chaque dimanche afin de faire mémoire de son Seigneur en répétant son dernier repas. Ainsi les croyants comprendront et expérimenteront qu'ils sont réellement son corps, un Corps destiné à s'étendre par toute la terre, lorsque toutes les cellules locales se veulent une unique Eglise, animée par l'unique amour, la charité née du c½ur crucifié de Jésus. Qu'ils ne dirigent pas le monde : qu'ils en soient le ferment dans l'attente de la venue du Seigneur.
REPRENDRE UNE VIE DE BAPTISES
En cette Veillée pascale, au moment de renouveler nos engagements de baptême, de nous redire qui nous sommes devant Dieu et qui nous devons être devant les hommes, nous venons à nouveau d'entendre la voix du grand Apôtre.
Méditons, buvons ses paroles, laissons nos c½urs s'échauffer à sa flamme :
" Nous avons été baptisés en Jésus Christ, plongés dans sa mort pour que nous menions une vie nouvelle, de même que le Christ est ressuscité...
L'homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui ; l'être de péché est réduit à l'impuissance.
Si nous croyons que nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui.
Ressuscité des morts, le Christ ne meurt plus.
Il est mort au péché, il est vivant pour Dieu.
De même vous : vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ" ( Romains 6 )
Tout est là, dans le mystère pascal, le "passage" de Jésus de la mort à la Vie, "exode" qui entraîne le nôtre. Sortie de la vie ancienne, marquée par le péché et la servitude de la loi, pour entrer dans la Vie nouvelle, la communion en Jésus ressuscité, la liberté.
Dans un monde ivre de progrès, mais où chaque succès des sciences allume une nouvelle menace, comment allons-nous faire pour que continue à retentir la Bonne Nouvelle ? En la vivant nous-mêmes.
Le problème n'est pas notre petit nombre (Il n'y avait guère de chrétiens jadis à Corinthe ou à Philippes !) mais notre foi.
Il y a longtemps que nos édifices, nos institutions et même nos dévouements n'impressionnent plus personne. Il est urgent que, le dimanche, jour de la Résurrection de Jésus, les baptisés se ressoudent en communautés vivantes, greffées sur le Mystère pascal de leur Seigneur
" CHRIST NOUS A LIBERES POUR AIMER" clamait saint Paul.
Que cette Bonne Nouvelle, ce Joyeux Message remplisse nos c½urs !