Epiphanie

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2007-2008

En fait, les rois Mages ne voient pas une étoile mais deux. Deux étoiles jumelles très brillantes, deux étoiles qui communiquent l'espoir. Deux étoiles amicales qui les invitent au voyage.

Ils n'ont pas bu ! Ce n'est pas l'alcool qui leur fait voir double. Ils voient deux étoiles scintiller parce que deux yeux se posent sur eux, brillants et clairs. Deux étoiles dans leur nuit, parce qu'allongés le plus souvent, le regard de leurs amis vient d'en haut, comme un sourire de Dieu.

Bonne fête mes amis ! Aujourd'hui : les rois mages, c'est vous ! Comme les trois Mages de l'Evangile, vous n'êtes pas rois, vous n'êtes pas trois, vous n'êtes pas non plus magiciens, mais vous êtes chercheurs, chercheurs de vie, de sens et d'amour. Et les grands yeux attentifs des soignants et des amis vous rappellent l'essentiel.

Quand on n'aime pas quelqu'un, on dit « celui-là, je ne peux pas le voir ». Ici c'est le contraire : « vous me regardez, donc je suis. Vous me regardez donc j'existe pour vous, j'ai du prix à vos yeux ».

Dans le grand labyrinthe des parcours de santé, et, quand le temps est long, dans les relectures de votre vie, vous n'êtes pas seuls, vous n'êtes pas abandonnés. Des yeux vous font signe, un regard vous guide, un sourire vous réchauffe le c½ur. Comme les mages à la recherche du Salut, vous parcourez couloirs, ascenseurs et salles de soin pour trouver la santé, traversant des espaces étranges et des lieux inconnus. Où cela vous mène-t-il ? Vous ne savez pas plus qu'eux ! Vers des choses grandioses ? Pas du tout. Je vais vous dire vers quoi cela vous mène. Comme les mages de l'Evangile, vous rencontrez finalement le mystère d'un corps humain, silencieux et frissonnant. Où cela vous mène-t-il ? Au plus près de la misère humaine, fragile et menacée, celle des corps de chair, souffrants et craintifs, cela vous mène au plus près des autres, au plus près finalement de vous-même. Mystère de l'enfant de Bethléem, totalement démuni, mystère des corps à l'hôpital, nus et fatigués, mystère de cette pauvreté humaine que Dieu vient épouser.

Les yeux des mages se posent sur l'enfant, Dieu manifesté qui se laisse regarder. Dans les yeux de nos amis nous voyons des étoiles scintiller. Des étoiles jumelles nous indiquent le chemin, celui de notre propre c½ur, parce que Dieu y est présent, quoi qu'il arrive et pour toujours. Il est l'Emmanuel.