Fête de la Dédicace (année A)

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2007-2008

L'homme est paraît-il un être mono tâche, c'est-à-dire qu'il ne peut faire qu'une seule chose à la fois. Quand il a terminé une activité, il peut en commencer une autre. Je me retrouve personnellement assez bien dans cette définition. Si l'homme était un meuble, il pourrait se comparer à une commode à tiroirs. Il faut toujours fermer l'un avant de pouvoir commencer à ouvrir un autre. Une chose à la fois, tel semble être notre devise. Honnêtement, comment est-il possible d'arriver à faire plusieurs choses en même temps ? Cela semble être de l'ordre de l'utopie, sauf si vous êtes une femme. En effet, la femme quant à elle est multi tâches. Elle est capable de faire plusieurs choses en même temps et de plus, de tout mener à bien. Permettez-moi de vous féliciter mesdames devant une telle compétence qui ne peut susciter que de l'admiration de notre part à nous les hommes. Alors si la femme était un meuble, elle pourrait se comparer à une garde-robe. Il suffit d'ouvrir les portes et tout est là, en substance. Une commode pour l'un, une garde-robe pour l'autre. Voilà ce qui nous différencie. Toutefois, heureusement pour l'humanité entière, dans la foi, nous pouvons nous comparer à un même objet mobilier puisque, en Jésus Christ, nous sommes les Tabernacles vivants de la présence de Dieu en notre monde. « N'oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous », clame Saint Paul en ce jour. Nous sommes donc la maison que Dieu construit. Notre fondation s'enracine dans la foi en son Fils Jésus qui se révèle à nous. Quelle merveilleuse aventure. Nous devenons ainsi les architectes de nos destinées. Aucun d'entre nous, nous avons choisi de venir dans ce monde. La vie nous a été donnée et lorsque son souffle se fait ressentir de manière plus fragile dans l'expérience de la maladie ou du deuil, nous prenons encore plus conscience de toute sa valeur, de toute sa force et de toute sa beauté. La vie est ce que nous avons reçu de plus précieux. Dès l'instant de notre conception, notre grande aventure humaine a commencé. Pendant plusieurs mois, nous avons fait confiance à celles et ceux qui ont guidé nos premiers pas puis au fil des années nous avons découvert les joies de l'autonomie, les bienfaits de pouvoir participer à la réussite de sa propre histoire. Il est vrai que nos fondations sont solides puisqu'elles s'enracinent dans les eaux de notre baptême. L'Esprit de Dieu est avec nous. Il est en nous. Il nous accompagne discrètement comme une brise légère venant caresser tout en douceur l'océan intérieur de nos sentiments. Il est bien là et, grâce à toute la tendresse reçue, il nous insuffle les forces nécessaires pour nous permettre de devenir le seul et unique architecte de notre vie. En effet, petit à petit, c½ur à c½ur, pas à pas, comme le dit la chanson, nous avons commencé à nous construire. Cette construction intérieure se réalise bien évidemment grâce à toutes les formes d'amour reçu. Cet amour est à la fois, le ciment, les briques. En fait tous les matériaux nécessaires à notre réussite architecturale. De la sorte, nous devenons responsables de nos histoires. Il est vrai qu'il peut nous arriver de vivre des temps de lassitude, peut-être même de solitude. Nous pouvons être pris de ce sentiment étrange d'être submergé par ce que nous traversons. Il nous reste alors la foi, l'espérance et l'amour. L'amour est le moteur de toute vie humaine. Nous ne pouvons nous en passer. Il est au c½ur de notre c½ur. Il est notre nourriture terrestre et céleste. Toutes et tous, nous avons besoin d'aimer et d'être aimés. C'est une nécessité existentielle. Par le don de l'amour offert, nous pouvons trouver en d'autres les forces nécessaires pour continuer la route de la vie. Il y a également l'espérance. Cette dernière nous permet de ne pas nous laisser pousser par notre passé mais plutôt d'accepter d'être tiré par notre avenir aussi incertain celui-ci puisse-t-il être. L'espérance est ce mouvement intérieur qui nous fait entrer dans un chemin de confiance qui est de l'ordre de l'indicible puisqu'il se vit dans la foi. La foi nous invite alors à prendre conscience que nous ne sommes jamais seuls. L'Esprit de Dieu vit en nous et nous sommes le temple vivant de Dieu. Celui-ci n'est pas à rechercher en regardant le ciel. Nous sommes le Ciel de la Terre, c'est-à-dire des femmes et des hommes inhabités de la présence divine. Dieu se laisse ainsi rencontrer au plus profond de notre être, au plus intime de notre intimité. Il est là. Il est la fondation solide à partir de laquelle nous pouvons construire notre destinée. Il ne nous abandonne jamais. Mieux encore, lorsque le temps se fait ressentir, il vient mettre un peu d'ordre en nous, pour que nous puissions à nouveau vivre en plénitude ces dimensions si essentielles de la foi, de l'espérance et de l'amour. Dieu est en nous. Partons à sa rencontre. Nous sommes les Tabernacles vivants de sa présence.

Amen