Cela faisait plusieurs mois que j'avais eu le privilège de l'accompagner dans sa maladie. Il est vrai que la perte accidentelle d'un enfant l'avait profondément touchée. Elle devait se battre en même temps contre son corps et vivre le temps de son deuil. Un jour, elle me demanda tout simplement si je pouvais célébrer une messe en famille pour demander à Dieu de la guérir. Je lui ai fait alors part de me foi profonde. Je crois que Dieu ne peut pas changer le cours des événements mais qu'Il nous accompagne dans ceux-ci. Dès lors, je me voyais mal célébrer une eucharistie avec une telle demande. D'autant plus que si elle n'arrivait pas à vaincre sa maladie, comment expliquerais-je après à ses enfants que Dieu n'a pas voulu entendre leurs prières. Je me voyais assez mal leur dire que Jésus aimait tellement leur maman qu'il la voulait auprès de lui. Cette maman comprit mes arguments. Je lui fis également savoir que j'étais tout prêt à célébrer une eucharistie pour demander que l'Esprit Saint accompagne toute cette famille dans ce qu'ils avaient à traverser. Sitôt dit, sitôt fait. Une dizaine de jours après cette célébration, quelque chose d'étonnant se produisit : une amie de la famille vint proposer d'organiser une tournante de repas pour permettre à cette maman de ne plus devoir s'occuper de cuisine et de garder les quelques forces vives qui lui restaient pour ces enfants. Cette amie contacta une trentaine d'autres familles et pendant plus de deux années, en fait jusqu'au décès de la maman, chaque soir un papa ou une maman venait apporter un repas tout prêt. Nous ne saurons jamais avec certitude s'il y a un lien entre cette eucharistie demandant l'aide de l'Esprit Saint ou bien si c'était le fruit du hasard. Cela importe peu. Ce qui est clair, c'est que durant tout ce temps, ces personnes ont pu découvrir la manière dont Dieu les accompagnait. Toutes et tous, un jour, nous avons reçu un merveilleux cadeau : le don de la vie. Nous n'avons jamais rien reçu d'aussi précieux même si la vie a pu nous apporter un lot de soucis et de souffrances. Ils sont un peu comme l'ombre de nos histoires. N'oublions toutefois jamais que pour qu'il y ait de l'ombre, il faut d'abord du soleil. Nous avons donc également toutes ces attitudes qui rendent la vie belle et heureuse. Quel cadeau, la vie ! Dans la foi, nous avons reçu à notre baptême un autre merveilleux cadeau : l'Esprit Saint. Il est cette flamme divine qui éclaire constamment notre c½ur. Il est ce souffle fragile inhabitant au plus profond de nous. Il est cette force intérieure qui nous pousse à accomplir la destinée de notre vie. Pour plusieurs d'entre nous, nous avons confirmé ce choix de nos parents quelques années plus tard ou nous allons le faire dans les prochaines semaines à l'occasion de la confirmation. Dans ces événements, le Christ vient dire à chacune et chacun d'entre nous : recevez l'Esprit Saint. Ce don reçu ne peut se vivre dans la solitude. Il est un appel à la plénitude de la vie et un envoi à participer à l'accomplissement du monde et des personnes de qui nous nous faisons proches. Par le don de l'Esprit Saint, nous devenons partie prenante et surtout partie présente de Dieu au c½ur de notre humanité. Il passe par chacune et chacun d'entre nous. Et la fête de la Pentecôte est là pour nous rappeler que nous avons reçu cet Esprit Saint, qu'il vit en nous. Nous en sommes pétris. Il fait un avec nous. Une vie dans l'Esprit devient ainsi une invitation constante à être tout simplement les « mains » de Dieu sur notre terre. Dieu passe par nous. Il a besoin de nous pour Lui permettre d'accompagner celles et ceux qui le demandent à vivre des traversées parfois difficiles mais peut-être plus légères grâce à tous les gestes et paroles de tendresse qui pourront s'exprimer. L'Esprit Saint, nous pouvons également le demander dans le sacrement des malades que nous allons vivre dans quelques instants. Il est signifié dans le temps de l'imposition des mains par l'appel de Dieu à ce que chacun réalise sa vocation. Puis, il se marque de la croix sur le front et sur les paumes des mains comme une caresse de Dieu, symbole de toute sa tendresse à l'égard de celles et ceux qui le recevront. L'Esprit Saint ne changera pas le cours des événements mais nous accompagnera dans ceux-ci en nous donnant une force intérieure qui nous permettra d'ouvrir les yeux sur celles et ceux qui nous tiennent par la main dans le temps de l'épreuve de la maladie. Par l'Esprit de la Pentecôte, Dieu fait un avec nous. Soyons alors les uns pour les autres, signes vivant de sa présence. La tendresse divine se déclame dès à présent dans nos vies.
Amen.