Fête de la Pentecôte

Auteur: Lens Patrick
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2004-2005

 

Jn 20, 19-23

Figurez vous, quelque part dans un pays. Une famille est rassemblée après un enterrement, en train de manger dans une petite salle. Mais ils mangent peu. Leur gorge est fermé. C'est l'enterrement du fils unique. Il n'y a que le pain des larmes sur la table. La maman est inconsolable. Et tout d'un coup, un vent énorme tombe sur cette petite pièce, avec une force inouïe. La porte s'ouvre, la fénêtre tombe. La table est renversée. Une tornade frappe la maison. Tout le monde qui était à l'intérieur, devait se raccrocher à quelqu'un d'autre. Le vent hurle. Il vient avec une telle force, une force si incroyable, qu'il faut vraiment se maintenir. Finie la tristesse ; tout d'un coup, il y a une autre priorité : survivre, oui, se raccrocher à la vie.

Peut-être cette histoire vous paraît invraisemblable. Mais elle s'est passé vraiment, il y a presque 2000 ans.

Le Fils unique était enterré. Ses disciples avaient peur. Ils ne savaient plus quoi faire. Et sa maman, elle était parmi eux, mais avec une étrange confiance... Et puis ce coup de vent qui leur change les idées, ces langues de feu qui leur brûlent la peur. Tout est balayé. Finie la tristesse, adieu la peur. Il faut sortir. Une aube nouvelle, à jamais considéré comme impossible, mais qui est là de manière choquante.

Aujourd'hui le Saint-Esprit frappe nos maisons, balaye nos peurs et nos tristesses, nous brûle nos problèmes, nos inquiétudes, souffle dans nos idées, vide nos têtes et nos coeurs par un vent salutaire. Tout d'un coup, il n'y a encore qu'une seule priorité : c'est Dieu. A la Pentecôte, Dieu brûle dans nos coeurs. Et cela change tout. Qui possède Dieu, a tout.

Peut-être vous me direz que c'est la rêverie, que cela ne se passe jamais, surtout pas le temps ma vie, que cette histoire du vent est belle, mais invraisemblable. Pourquoi cela ne se fait jamais chez nous ? Pourquoi les choses restent toujours comme elles étaient ? Pourquoi la vie est si difficile, si lourde parfois ? Quand est-ce que ma tristesse sera balayée ? Quand est-ce que mes soucis seront brûlés ? Pourquoi ai-je toujours ce pessimisme dans mon coeur ? Purquoi est-ce que je me bats avec la depression ? Pourquoi toujours ce grisaille ? Où-est il ton Esprit-Saint ?

Peut-être nous avons eu trop de phantasmes sur la Pentecôte, sur la descente du Saint-Esprit, et les phantasmes ne changent pas la vie.

C'est pour cela que la Pentecôte nous paraît si irréel. Mais si nous devons dire que avons eu peut-être trop de phantasmes sur la Pentecôte, sur la descente de l'Esprit-Saint, il faut dire également qu'en fait, nous avons presque pas l'imagination de créer des pistes d'atterrissage, pour qu'Il puisse réellement venir en nos vies.

Notre soi-disant réalisme dans l'église ne nous a pas forcément apporté la joie ni la nouvelle vie... Le problème de la Pentecôte, c'est le problème de notre auto-suffisance. Nous savons tout, nous savons comment gérer notre vie. Nous savons comment organiser les choses. Nous connaissons nos capacités. Nous avons créé des commissions pour réfléchir sur tout. Nous organisons tout. Nous préparons tout, même les textes de la messe que nous aimerions entendre...d'autres pas. Est-ce que l'Esprit-Saint a encore à dire quelque chose ? Est-ce que le Seigneur peut encore parler dans sa propre maison ? Ou est-ce que c'est nous qui avons préparé ses discours ? Est-ce que nous avons encore besoin de Lui ? Oui, nous en parlons parfois, de l'Esprit-Saint, parce que c'est à la mode de Lui attribuer toutes les choses que nous aimerions changer...

Mais tout d'un coup dans nos maisons, dans nos églises, dans nos églises, c'est le calme plat. C'est le pneu crêvé. C'est la lourdeur et la pesanteur. Et la où nous devenons trop humain, il ne reste que des conflits et de déceptions. Les apôtres étaient bien préparés à la descente de l'Esprit-Saint sans le savoir. Ils avaient perdu toutes leurs espérances, ils étaient totalement pauvres. Et l'Esprit-Saint, le Père des pauvres, est venu, de façon inattendu. Dieu ne se laisse pas manipuler. Il vient quand il veut.

N'attendons rien de nous-mêmes. L'orgueil n'attire pas la colombe de feu. Attendons l'inattendu de Dieu. Et Dieu coulera comme une source fraîche dans nos vie, dans nos prières. Il viendra de façon incompréhensible et là où justement tu avais déjà perdu l'espérance. Construisons des pistes d'atterrissage sur la ruine de nos rêves et Il balayera tout nos tristesses et nos peurs. Il nous brûlera les soucis et remplira nos coeurs d'une joie indécible et totalement inattendu.

Vivons les mains ouvertes et Il nous comblera. Dieu ne se laisse pas surpasser en largesse.