Jn 20, 19-23
Et s'il était resté parmi nous, s'il avait décidé de ne plus jamais quitter la terre afin que nous puissions le contacter en permanence pour que nous sachions ce que nous devrions faire dans telle ou telle situation. Vous vous imaginez notre vie. Nous serions comme enchaînés, prisonniers dans nos vies. Nous n'oserions plus prendre aucune décision avant de lui en avoir référer. Il nous aurait constamment montré la bonne route à suivre. Nous n'aurions plus jamais trébuché. Vraisemblablement, avec les moyens technologiques contemporains, les réponses à nos questions seraient arrivées plus vite qu'auparavant. Juste un petit mail, en quelques mots et un courriel bref pour toute réponse. L'adresse aurait été la suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Une telle omniprésence aurait eu deux conséquences négatives quant à notre liberté, me semble-t-il. La première concerne le choix même de croire. En effet, si Dieu est omniprésent de manière visible comme nous le sommes les uns pour les autres, nous ne pourrions plus choisir de croire ou de ne pas croire puisqu'il serait alors une évidence à nos yeux. Nous pourrions le rencontrer et peut-être à l'une ou l'autre occasion même pouvoir lui parler. Toutefois, Dieu veut que nous soyons à ce point libre par rapport à l'Amour qu'il souhaite nous donner, qu'Il ne veut plus être une évidence, une certitude. Il attend de nous que nous partions à sa rencontre par le biais de la foi, c'est-à-dire ce choix de croire en Lui. Un choix éminemment personnel qui se fonde sur une rencontre et une espérance en la douceur de notre vie terrestre et céleste. L'évidence divine aurait ainsi été une atteinte à notre liberté. Autre conséquence négative, si à chaque croisement ou à chaque question nous avions la possibilité d'avoir une ligne directe avec Dieu pour nous donner la bonne réponse, nous perdrions également notre liberté. Nous deviendrions des automates et non des êtres autonomes tel que le plan divin l'avait envisagé à l'instant de la Création. Donc, si Dieu le Fils avait choisi de rester sur terre nous aurions perdu ce qui fait une des grandes caractéristiques de notre humanité : en d'autres termes, notre liberté. Celle qui nous permet de choisir à partir de notre histoire, de notre personnalité en vue de toujours prendre le choix qui apportera le plus d'amour. Le Fils de Dieu a donc choisi, et c'est heureux pour nous sur terre, de retourner auprès de son Père. Non pas pour nous laisser dans une solitude morbide et une désespérance mais pour nous permettre de partir à la rencontre de la troisième personne de la divinité : l'Esprit Saint. Dieu le Fils s'en est rentré chez lui mais Dieu poursuit son ½uvre d'accompagnement par le biais de l'Esprit. Le souffle divin est venu sur les apôtres au moment de l'événement de la Pentecôte et sur chacune et chacun de nous à l'instant de notre baptême. Nous sommes toutes et tous pétris du souffle de Dieu. L'air divin est en nous. Pour certains, il est cette petite lampe intérieure qui éclaire nos chemins respectifs. Pour d'autres, il est plutôt cette petite voix intérieure qui s'adresse à notre âme, lieu où en nous se noue l'humain et le divin. Mais sommes-nous encore capable de l'entendre et de la voir dans un monde si bruyant et souvent trop gris ? Quel espace donnons-nous au souffle de l'Esprit qui vit en nous. Dieu nous fait confiance, je le crois mais il sait que la vie est tellement complexe et que nos histoires sont souvent blessées, qu'il ne veut pas nous laisser seuls face à l'immensité de notre réalité humaine. Il a alors choisi le meilleur lieu de rencontre possible : au plus intime de notre intime. Là, où personne d'autre que Lui peut venir converser avec nous sur ces différents thèmes qui nous sont chers : la vie, la mort, l'amour, nos souffrances et nos blessures, nos espoirs et nos joies. Au c½ur de cette intimité, la voix de Dieu nous révèle à nous-même et nous inspire afin que nous fassions les bons choix. En effet, comme le souligne saint Paul dans sa Lettre aux Galates, souvent nous sommes confrontés à un croisement où deux routes s'offrent à nous : celle de gauche qui, même si elle est attirante dans un premier temps, nous conduit à une mort spirituelle : nous respirons toujours mais nous ne vivons plus. Ou alors, celle de droite qui s'écrit avec l'encre de l'Amour. Celle-là conduit à la vie. Un peu comme si l'Esprit Saint nous demandait à chaque seconde de nos existences : avez-vous juste envie de respirer et donc de mourir peu à peu à vous-même ou bien avez-vous envie de respirer et de vivre pleinement le don de la vie. Première voie : respirer ou vivre. Seconde voie : respirer et vivre. Pour vivre en Dieu, seule la seconde nous ouvre la voie du salut. C'est une fois encore une question de liberté car c'est à nous, et à nous seuls, de choisir. Que l'Esprit de la Pentecôte nous y aide. Amen.