Fête de la Sainte Trinité

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2007-2008

Dieu est Trinité : Grâce, Amour et Communion

Au terme du cycle pascal, à la lumière définitive de l'Esprit venu à la Pentecôte, l'Eglise contemple Dieu tel qu'il s'est révélé à elle peu à peu au long de l'histoire et elle confesse que DIEU EST TRINITE. Ce mot n'a été utilisé pour la première fois que vers la fin du 2ème siècle mais la réalité qu'il désigne fut bien présente très vite parmi les premières générations chrétiennes. Une des preuves en est la célèbre bénédiction finale qui clôture la 2ème Lettre de Saint Paul aux Corinthiens que l'on date des années 56-57 et qui est lue aujourd'hui.

Alors que, dans ses autres lettres, l'apôtre terminait plus simplement : "Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous", ici il déploie une formulation plus ample, plus solennelle :

"La grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint soient avec vous tous".

Ce souhait, nous le reconnaissons tout de suite puisque, depuis la réforme liturgique du concile, il est prononcé par le célébrant à l'ouverture de la célébration eucharistique, au moment où, avec lui, toute l'assemblée vient de se signer en disant : " Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit". Au cours de la messe, les prières seront toutes adressées "au PERE...au nom de Jésus son FILS...dans l'unité du SAINT-ESPRIT". Et l'assemblée ne se dispersera pas sans avoir à nouveau reçu la bénédiction : " Que Dieu tout-puissant vous bénisse : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Allez dans la paix du Christ". Donc le culte chrétien est bien un culte trinitaire. Comme le disait magnifiquement saint Cyprien : " L'Eglise apparaît comme un peuple qui tire son unité de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit-Saint"  [1]

L'habitude transformant toute merveille en banalité et d'ailleurs le fait que certains pratiquants, en retard, ne l'entendent pas, nous incitent aujourd'hui à méditer cette magnifique bénédiction de saint Paul : sa splendeur nous introduit parfaitement dans la profondeur de l'acte communautaire que nous vivons à la messe de chaque dimanche.

" LA GRÂCE DU SEIGNEUR JESUS CHRIST..."

Jésus le Nazaréen, notre Messie et notre Seigneur, nous a obtenu le bienfait suprême, la grâce des grâces : le pardon des péchés, la libération du mal et l'accès à la Vie divine. Cette ¼uvre divine est actualisée à l'Eucharistie. L'Eglise qui y vient célèbre son Seigneur présent en elle, elle est le Corps qui s'unit à sa Tête et ainsi se manifeste la présence réelle de Dieu parmi les hommes. Nous ne sommes pas des gens impeccables venus recevoir une "petite bénédiction" mais des graciés qui ne se lassent jamais d'accueillir l'amour gratuit, généreux, bienveillant, inconditionnel de Jésus. La Grâce accordée par son Seigneur provoque donc en réponse l'"action de grâce" (eucharistie) : la messe est l'épiphanie de la Grâce, l'exultation de l'humanité sauvée et heureuse.

".....L'AMOUR DE DIEU...."

A la Source de tout brûle le brasier de l'amour infini de Dieu - qui est toujours "LE PERE" chez Paul. Dieu n'est ni la projection de notre sur-moi, un justicier implacable, ni un Absolu lointain, ni un décati bonasse indifférent à ses créatures. En Jésus, l'humanité a pu découvrir qui était le seul vrai Dieu et saint Jean le dit magnifiquement dans l'évangile du jour :

" Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la Vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé" (Jean 3, 16)

La mort de Jésus en croix n'était pas le prix à payer pour satisfaire un Dieu sadique. La croix n'est pas le tribunal où Dieu foudroie l'humanité coupable : elle est la preuve de l'Amour - donc le lieu où les hommes se jugent eux-mêmes à partir de l'attitude qu'ils ont devant elle. Quiconque lui fait confiance est sauvé.

"...ET LA COMMUNION DE L'ESPRIT SAINT..."

S'offrant sur la croix, Jésus a non seulement acquis le pardon de nos fautes mais en outre il a permis que naisse une authentique communication d'amour entre Dieu et les croyants car "l'amour de Dieu a été répandu en nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné"( Rom 5, 5). Par la foi, Dieu est en vérité Notre Père et nous sommes ses enfants. Il y a communion, union-commune, vie-ensemble : l'Alliance est définitivement établie.

"...SOIENT AVEC VOUS TOUS" s'écrie Paul.

Une bénédiction n'est pas un v½u pieux, une formule rhétorique, une belle phrase : elle réalise ce qu'elle dit...si elle est prononcée et écoutée avec foi. La messe commence donc par un dialogue qui crée la communauté telle que Dieu la veut et la réalise. Il est très dommage de manquer ce début car c'est comme un portique qui nous introduit d'emblée dans la grandeur divine que nous vivons chaque fois que nous nous rassemblons. L'Eucharistie est la Grâce du Seigneur Jésus Sa Source est l'Amour infini du Père Son effet est la communauté unie dans l' Esprit-Saint.

AMOUR A RECEVOIR DE DIEU ET A VIVRE ENTRE NOUS

Il reste que Dieu ne nous sauve pas sans nous. En terminant sa lettre et avant d'écrire cette bénédiction finale, Paul a multiplié 5 exhortations pour solliciter notre engagement nécessaire afin que nous correspondions à la grâce offerte.

"Frères, soyez dans la joie (Est-ce un peuple joyeux qui sort de l'église ?)...Cherchez la perfection (selon la version liturgique mais il vaudrait mieux traduire : "Formez-vous...Travaillez à votre redressement". La vie chrétienne ne tolère pas la stagnation : elle doit rester tendue vers un avenir meilleur)...Encouragez-vous (les membres de l'Eucharistie sont solidaires, il importe qu'ils s'interpellent, se consolident mutuellement)...Soyez d'accord entre vous ( s'il est fatal que surviennent des altercations, tous doivent rechercher sans cesse la réconciliation)... Vivez en paix..." "Et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous"

Paul ajoute : "Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix". Se disposer les uns derrière les autres, se juxtaposer dans le calme mais sans échanger un mot ne serait pas réaliser l'assemblée telle que le Christ la veut. Les retrouvailles du dimanche doivent s'exprimer par des signes chaleureux : quel lien plus profond pourrait-il exister entre nous que celui de la foi ?

Et l'Apôtre dit encore : "Tous les fidèles vous disent leur amitié" Il est essentiel que les assemblées communiquent, montrent des signes de solidarité entre elles. Chaque petite Eglise locale est une cellule de la grande Eglise universelle : aucune ne peut se refermer sur elle-même. L'ouverture aux autres témoignera de la profondeur et de la vérité de la foi vécue. Dans le Dieu Trinité, la multitude des communautés est UNE

 

  
 

Notes :

[1] (cité dans Vatican II ; De l'Eglise, § 4)