Mercredi des Cendres

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A, B, C
Année: 2006-2007

Après Auschwitz, Hiroshima et les Twin-Towers, notre monde a pris un goût de cendres. Nous risquons tous d'être incinérés, individuellement ou collectivement ! Les cendres ne signifient plus seulement la poussière de notre mortalité. Les cendres sont aujourd'hui le résultat de notre violence collective. Elles signent notre autodestruction. Elles marquent notre péché, le contraire même du projet de Dieu. Mais il n'y a pas de cendres sans feu !

Le mystère pascal commence par le Carême et s'accomplit à la Pentecôte. Comme toujours, la foi renverse l'ordre des choses : au début, les cendres ; à la fin, les langues de feu ! Il s'agit de passer de la nuit à la clarté du jour, de la servitude à la liberté, de l'errance à l'alliance, de l'offense au pardon, de l'angoisse à la paix, de la solitude à la communion, des ténèbres à la lumière, de la rupture à la réconciliation et, finalement de la mort à la vie ! D'êtres éteints, il s'agit de devenir lumières, de cendriers : des buissons ardents !

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Le carême est d'abord et avant tout un temps de transformation, de transmutation... Renaître à la vie, à la liberté, à la tendresse, à la compassion ! Il s'agit de se laisser attirer par un amour brûlant, envahir par un goût de la vie, par une passion pour l'homme, entraîner dans une communion qui transfigure tous les vivants. Il s'agit d'implanter l'Evangile dans le vif de nos vies !

Nous recevons les cendres, en un signe d'humilité, signe de notre condition humaine, signe surtout, et avant tout, d'un malheur dont nous sommes aujourd'hui sauvés.

Nous croyons que la braise couve sous la cendre, nous croyons que le feu renaîtra. Le monde est un vieux cendrier refroidi, il sent la solitude et le tabac froid ? Il faut y mettre le feu et la chaleur cordiale de l'amitié ! Il s'agit d'être une Eglise contagieuse qui communique la passion de Dieu, l'enthousiasme, la flamme de la foi, l'amour qui brûle sans consumer, la vie plus forte que la mort !

Nous recevons les cendres, pour dénoncer nos multiples morts et renaître à notre propre vie. Nous recevons les cendres pour communiquer le feu. Il brûle et purifie, dans une passion de vie, toutes les mesquineries, manques de vitalité et complaisances avec le désespoir.

De même que la lumière blanche se diffracte en différentes couleurs, le mystère pascal présente des phases très contrastées, mais il n'est qu'un seul mouvement. Recevoir les cendres et communiquer le feu : c'est tout un. C'est entrer en un chemin où il n'y aura plus d'impasse, ni de mort... Mystère de notre foi. Alors notre geste de recevoir les cendres, les nôtres, celles de nos frères, celles des ruines de partout, a un sens. Solidaires du monde entier, nous sommes appelés à être transfigurés, à renaître de nos cendres, à recevoir les langues de feu, à devenir buissons ardents ! Mais c'est à travers le feu...au c½ur même de la nuit, de la détresse parfois, de la souffrance... si proches alors de la croix victorieuse du Ressuscité.