Noël

Auteur: Croonenberghs Didier
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2013-2014


Formidable, fooormidable
Tu étais formidable, j'étais fort minable
Nous étions formidables
Formidable, tTu étais formidable, j'étais fort minable?
Nous étions formidables

Vous avez certainement déjà entendu ce tube de Stromae, qui joue sur l'homophonie entre les mots « formidable », et « fort minable »... La grandeur n'est jamais loin de la dépression. Le fascinant de l'effroi. Ce qui est formidable n'est pas loin de ce qui fait peur... Au sens premier du terme, d'ailleurs. Car étymologiquement, ?ce qui est formidable est ce qui amène la peur !

Et avec Noël, je vous avoue avoir un tel double sentiment... Il y a quelque chose de formidable à Noël. Bien évidemment. Il y a de l'émerveillement, de la magie, des contes, du rêve... ?Mais il y a aussi le fort minable, ce que nous n'aimons pas... 

Comme chaque année, il y a d'une part le fort minable. Beaucoup de personnes ont peur de Noël. Lorsqu'arrivent les fêtes, il y a cette frénésie de cadeaux et de bulles qui agite notre société tout entière, à en faire sauter les systèmes de paiement ! ?C'est une frénésie qui rend plus seuls encore, ?celles et ceux qui sont seuls et sans famille... ?Il y a donc quelque chose de curieux dans cette hystérie collective, où il faut acheter des cadeaux au risque de s'entendre dire --oh... j'ai déjà !

Noël peut donc générer beaucoup d'angoisse ou de tristesse. Et plus encore quand la famille ne joue pas son rôle de soutien et ne se montre pas conciliante. Vous connaissez le mot de Groucho Marx : « Le mariage permet de résoudre à deux les problèmes qu'on ne se posait pas tout seul ».  Même curiosité avec Noël. Noël nous invite à une sollicitude que nous ne devrions pas développer si Noël n'était pas fêtée !  En ce sens, Noël devient ainsi plus une obligation qu'une  fête...

Ca, c'est pour le côté de Noël un peu fort minable...
Mais il y a réellement un côté formidable à Noël, sinon, vous ne seriez pas là !

Le Verbe s'est fait chair !

Ce Noël-là nous invite à être bien en chair, ?nous invite à être bien dans notre corps et notre vie !
Ce Noël-là nous invite au soin, à l'attention patiente, ?à l'ouverture, à l'autre et à son mystère.
Ce Noël-là, c'est lorsque Noël ne célèbre pas un événement, ?mais ouvre un avenir.
Ce Noël-là, c'est Noël qui prépare Pâques !
Ce Noël-là rencontre la vraie question proprement humaine ?et donc chrétienne :
Quel sens donnes-tu à ta vie ? Pour le dire autrement :
Qu'en est-il de ta seconde naissance, celle où tu as à advenir à toi-même ?

Il s'agit d'accepter le risque du manque, celui de ne pas être dans la certitude du savoir, dans la sécurité du lendemain...

Voilà ce que Noël nous invite à vivre. La naissance de Jésus est en soi une Parole qui invite chaque être à naître à lui-même dans la pauvreté de son désir, en quittant son identité première, son « moi » protecteur, en se dépossédant, en quelque sorte pour rencontrer l'autre qu'il s'agit de devenir, d'inventer même.

Et voilà qui fait peur ! Devenir soi-même fait peur, mais il n'y a rien de plus merveilleux lorsque cela se vit dans la rencontre de l'autre.

Il y a donc un côté un peu fort minable, lorsque Noël nous invite à retourner en enfance, de manière infantile !
Mais il y a un côté formidable à Noël. Ce Noël qui, à tout âge, nous invite non pas à retourner en enfance, mais à devenir des enfants.

Voilà le miracle formidable de  Noël : ?Il y a un enfant qui sommeille au fond de chacun.
Pas l'enfant qu'on a été.
Mais l'enfant qu'on a à devenir.
Nous oublions l'enfant que nous sommes profondément.??Celui qui aime grandir.
Celui qui est curieux, aime jouer, jouer à cache cache.
Celui qui apprend.?
Celui qui rit de bêtises. ?Celui qui compte sur la parole d'un autre.
Celui qui a peur et n'a pas peur de le dire.
Celui qui a faim et n'a pas honte de le crier.
Celui qui a besoin de la confiance, de la tendresse,
De la main de quelqu'un.

Cet enfant là malheureusement, avec l'âge adulte, il a l'air de mourir.

Noël nous invite ainsi à enfanter l'enfant qu'on est !
C'est la grâce de ce de Dieu qui vient nous visiter,
qui vient  renouveler l'enfant que nous sommes.
Telle est la côté --formidable-- de Noël.

Si Dieu, aujourd'hui, prend le chemin des hommes pour nous faire découvrir qui Il est, alors nous pouvons toutes et tous nous risquer à emprunter le chemin de Dieu, celui de l'enfant, pour découvrir qui nous sommes. Amen.