Noël

Auteur: Croonenberghs Didier
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2008-2009

Sermon prêché à la communauté internationale de Bruxelles

Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ! Nous avons peut-être des difficultés à être surpris et émerveillés par le signe qui nous est donné : un simple enfant couché... Le tableau nous est connu, trop connu, comme ces gouvernement belges et leurs formateurs ! C'est un peu l'éternel retour du même.

En réalité, il me semble que le seul signe que Dieu nous donne est paradoxalement l'absence de tout signe, l'absence de sécurité, l'absence de merveilleux. Dieu a l'audace de se révéler dans la banalité de la vie de notre quotidien et c'est précisément cela qui doit nous surprendre. Et en cette nuit de Noël, Dieu naît et se révèle non pas dans la 'salle commune' des hommes, dans les lieux communs où nous pourrions l'attendre spontanément, mais il nous surprend. Oui notre Dieu créateur est un Dieu vivant, fragile et dépendant comme une créature. Mais si Dieu prend le chemin des hommes pour nous faire découvrir qui Il est, alors nous pouvons ce soir nous risquer à emprunter le chemin de Dieu pour découvrir qui nous sommes. Dieu est vivant et entre dans notre histoire, pour que nous entrions dans l'histoire vivante de Dieu.

Ce chemin de Dieu est le chemin de la vie et du vivant. Le scientifique Henri Atlan a -je trouve- une très belle image pour exprimer ce qui fait la particularité de l'humain et du vivant : il dit que le vivant se trouve entre 'cristal' et 'fumée'. Dieu n'est pas comme le cristal, solide et indestructible, incapable de recevoir et d'être affecté par quoi que ce soit. Si vraiment Dieu s'est fait l'un de nous, alors nous devons peut-être abandonner les images d'un Dieu cristal, dont la toute puissance ne serait pas une puissance de fragilité. Mais si Dieu est vivant, il n'est pas non plus fumée, capable de tout recevoir, mais incapable d'être reçu et compris. Il n'est pas dans le hasard de nos idées. Non, le paradoxe de Noël est que notre Dieu échappe à toute prise, précisément par ce qu'il se montre à nous, humains, parce qu'il se montre vivant. Il ne faut pas le chercher dans la nécessité et la certitude d'un recensement. Mais il n'est pas non plus dans la nuée, dans le hasard du passage d'un troupeau des bergers. Il est entre les deux. Il est dans la mangeoire. Il est surprise : entre hasard et nécessité.

Et tel est bien le mystère de Noël. Le signe qui nous est donné est celui d'une éternelle naissance faite de surprises. Dieu est éternellement jeune et sans cesse créatif. Et aujourd'hui, Dieu naît en chacun de nous. N'ayons donc pas peur de croire que Dieu nous a créé à son image : dans une mangeoire, sans plan, sans un projet tout tracé. Notre vie n'est pas une dictée. D'une certain manière notre Dieu est comme Gaudi, ce génial architecte un peu fou qui a dessiné la cathédrale de la Sagrada Familia. Je ne sais pas si vous avez déjà vu cette cathédrale inachevée de Barcelone. En tout cas, c'est une horreur à visiter pour ceux qui, comme moi, ont le vertige. Et puis, sa construction est un gouffre financier ! Je souhaite bonne chance à ceux qui devront chercher des fonds pour sa restauration dans 2 siècles. Gaudi, à sa mort, n'a laissé aucun plan pour sa cathédrale. C'est aux constructeurs d'aujourd'hui de poursuivre l'édifice, de le faire vivre. Et en plus Gaudi surprenait ses ouvriers car il donnait ses instructions au jour le jour ! Alors, peut-être que si Dieu se révèle au c½ur de notre humanité comme un enfant ayant tout à recevoir, alors notre Dieu ne nous donne pas d'indications, il n'a pas d'autre plan que celui de notre bonheur. Et c'est à nous de l'écrire.

Therefore, our God does not like common places. That's the reason why there was no place for him in the common room. The Incarnation is the great mystery that destroys all our categories and securities. Our gaze is sometimes too weak to see and understand him. But Christmas makes everything new, afresh. Whilst in the Old Testament, God was presented as creating by separation, the new creation we celebrate today is a creation that put together things that are seemingly impossible to reconcile, God and Man.

In a wonderful sermon, Saint Bernard writes about this paradox. In the Incarnation, he says, we can behold 'Eternity shortened, Immensity contracted, sublimity levelled down, profundity made shallow. We can contemplate the Light without splendour, the Word without speech, Water which is thirsty, and Bread that feels hunger. We see Omnipotence being ruled, Omniscience being instructed, Virtue supported, God feeding at the breast whilst he nourishes the angels.' And that is the mystery and the paradox of the incarnation. Indeed, tonight, we discover 'sadness giving joy, fear producing confidence, suffering a source of health, weakness imparting strength.' In a sense, the mystery of the Incarnation turns upside-down all our categories. God is living, and life is surprising. This is the reason why we can sometimes see the beauty in a dying person in a hospital, not as if pain and suffering could give any meaning to anything at all, but simply because within flaws and rifts, we can discern the feeble strength and the discrete presence of the one who walks with us.

This is the tremendous hope of Christmas. So the wonderful mystery we celebrate today invites us to discern the mysterious presence of God, not outside, but within our lives. God cannot manifest himself clearly as God, as crystal as it were. But God cannot remain hidden forever, and be like the smoke of our vanishing concepts and ideas. He is and has to be like us, fragile, but living. God is with us. God is within us. Joyeux Noël ! Merry Christmas !