Quatrième dimanche de Pâques

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 5/04/15
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 2014-2015

« Je suis le bon pasteur, c’est-à-dire le vrai berger » : l’Evangile de Jean a ceci de caractéristique qu’il est le seul à présenter Jésus en train de dire : « je suis ». Il le fait à plusieurs reprises : je suis le pain de vie, je suis la lumière du monde, je suis la résurrection et la vie. Tous ces titres nous rappellent combien Jésus dépasse notre entendement. Dieu est plus grand que notre cœur et que notre intelligence. Tout ce que nous pouvons savoir de Dieu, ce n’est qu’un petit aspect de cette immense et insondable personnalité qu’est le Christ, qu’est Dieu. Voilà pourquoi il y a dans l’Eglise tant de mouvements et tant de tendances différentes. Il y a les conservateurs et les progressistes. Il y a les charismatiques et les fonctionnaires du culte. Toutes ces images de Dieu, toutes ces sensibilités dans la foi et dans l’engagement chrétien sont autant de cordes dans un piano, autant de fleurs différentes dans un bouquet. Tous ces différents titres donnés à Jésus sont autant de cris de joie et d’émerveillement devant la splendeur du Bien-aimé. Tout cela nous invite à la modestie et à la reconnaissance. Non ! Je ne suis pas plus malin qu’un autre. Je n’ai qu’une petite perception de l’immense et insondable mystère qu’est l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous.

            Cette modestie nous permet et nous invite à accepter ce titre de gloire d’être des brebis, les brebis du Seigneur. Certes, dire de quelqu’un que c’est une brebis, un mouton, ce n’est pas une remarque flatteuse. Cela évoque la soumission et la bêtise. Non, sommes-nous prêts à crier, non, je ne suis pas un mouton, je suis fort et fier, prêt à me battre pour ma liberté et mon indépendance. Mais que nous dit le texte ? « Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom ». Oui, en vérité, je ne suis pas un homme perdu dans l’immensité froide et sombre de l’univers, je ne suis pas perdu dans le fleuve immense de l’histoire de l’humanité. Fussé-je un grain de sable sur le rivage de l’éternité, Dieu connaît mon nom et il m’appelle par mon nom et je le suis parce qu’il me connaît personnellement. Et ce Dieu, il me met en garde, en garde de suivre de faux bergers, de faux pasteurs. Et quels sont-ils ces pasteurs qui suivent leur propre intérêt ? Ne serait-ce pas moi, moi-même quand emporté par l’orgueil je veux imposer ma conception étroite et partielle de Dieu, quand je parle intelligemment de la vraie Eglise alors que par mes propos je déchire le manteau sacré de Jésus crucifié ?

            Oui, l’Evangile d’aujourd’hui nous invite à la modestie et à l’humilité. Non pas à une humilité de ver de terre devant la toute-puissance de Dieu, mais l’humilité admirative du croyant devant l’immense bonté de Dieu pour chacun d’entre nous, l’humilité de celui qui reconnaît que Dieu est beaucoup plus grand, beaucoup plus beau que je ne peux l’imaginer, et qu’avec tous mes frères et sœurs j’essaie de chanter. Oui, Dieu nous appelle tous par notre nom et tous nous le suivons parce qu’il est la voie, la vérité et la vie.