Nous voici plongés dans une drôle de période, entre deux fêtes, entre l’Ascension et la Pentecôte. Nous voici plongés dans la monotonie des dimanches ordinaires alors que nous avons célébré l’exaltation de la divinité du Christ avec la fête de l’Ascension et que nous allons célébrer la force irrésistible de l’Esprit avec la fête de la Pentecôte. Et c’et un peu comme notre vie de tous les jours. Nous connaissons parfois la joie, l’exaltation des grandes fêtes, mais nous sommes souvent plongés dans la monotonie de tous les jours. Et cet Evangile nous donne le mot-clef pour gérer cette période : c’est le mot « fidélité ». Mais qu’est-ce que cela veut dire : la fidélité ? Pour moi, la grande question qui se pose, comme prêtre, comme religieux, c’est de savoir quelle est la différence entre la fidélité et l’entêtement. Dans la vie religieuse, dans la liturgie, qu’est-ce qu’il faut garder ? La tonsure, l’habit religieux, la prière pendant la nuit ? Alors la question qui se pose est de savoir ce qu’il faut garder et qu’on peut lâcher. Ou, plus exactement, il faut discerner ce qui nous fait vivre et nous permet de rester fidèle au Christ. Il faut alors chercher dans les Ecritures ce qui pourrait nous éclairer. Justement, je pense que c’est cette période entre l’Ascension et la Pentecôte qui peut nous éclairer. Que font les apôtres ? Ils restent ensemble. Ils prient. Que font-ils ? Ils prient. Qui est avec eux ? La Vierge. Elle, la mère de Jésus, elle aurait pu crier, hurler de colère et de douleur parce que son Fils est mort, et que les apôtres, ces gredins, ont accompagné et suivi son fils sur le chemin révolutionnaire de miracles peut-être, mais aussi de paroles choquantes qui l’ont conduit à la mort. Et bien, non ! La Vierge est là, avec les apôtres, en prière. Et cela nous donne deux pistes de réflexion pour notre vie de fidélité. Tout d’abord, la prière, c’est-à-dire cette intimité avec Dieu. Oh ! Ce ne sont pas toujours des cris de joie et d’extase. C’est le plus souvent des paroles sans intérêt, mais qui peuvent exprimer la complicité qui existe entre Dieu et nous. Dans un couple, dans une famille, ce ne sont pas toujours des cris de joie, ni de grandes déclarations d’amour. C’est souvent tout simplement des paroles de tous les jours qui font que tu existes pour moi et que j’existe pour toi. La deuxième piste de réflexion me paraît être le désir de partager et de se retrouver. Certains se plaignent que nos églises sont vides. Moi, je dis, profitons-en pour approfondir et enrichir notre relation communautaire, osons rencontrer notre voisin, osons rencontrer Dieu à travers notre voisin. Il ne s’agit pas d’en faire un ami, il s’agit d’en faire un frère. Il ne s’agit pas d’être d’accord avec lui. Il s’agit de découvrir, grâce à lui, une autre manière d’aimer Dieu et d’être aimé par lui. Et c’est là sans doute l’attitude fondamentale de la Vierge et des apôtres : l’attente angoissée d’un signe de Dieu dans leur vie de tous les jours. Si Marie et les apôtres pont pue recevoir la grâce de l’Esprit saint à la Pentecôte, c’est parce qu’ils n’étaient ni amers ni déçus, ni assoupis ni indifférents. C’est parce qu’ils avaient infiniment soif de la présence de Dieu dans leur vie. Laissons donc notre cœur être bouleversé par l’angoisse de rencontrer Dieu dans notre vie de tous les jours, de le rencontrer dans les hommes et les femmes que nous rencontrons, parce que leur présence et leurs maladresses nous parlent de Dieu.
Septième dimanche de Pâques
- Auteur: Philippe Henne
- Date de rédaction: 1/05/15
- Temps liturgique: Temps de Pâques
- Année liturgique : B
- Année: 2014-2015