Veillée pascale

Auteur: Dianda Jean-Baptiste
Temps liturgique: Triduum pascal
Année liturgique : A, B, C
Année: 2001-2002

 

Mt 28, 1-10

" Voici la nuit, l'immense nuit où tout culmine ", et où nous célébrons la Pâques du Christ ; l'espérance plus forte que le désespoir, la vie plus forte que la mort. "

En cette veillée de Pâques, nous sommes invités à refaire la longue route des Alliances de Dieu avec son peuple, progressant de victoire en victoire, de lumière en lumière, il nous est proposé de recueillir à chaque étape les germes de la résurrection, les signes avant-courreurs de temps nouveaux.

C'est bien au creux de la nuit, de toutes les nuits, que nous sommes conviés, non pour nous y blottir, mais à l'inverse pour en partir, pour y recueillir le souffle vital qui nous en chasse afin de surgir dans la lumière. Souvenons-nous, ce soir, de toutes ces parts d'ombres et de nuit du péché, du doute, du désespoir et des innombrables blessures reçues de l'existence. Que célébrons-nous cette nuit ? L'évangile de Matthieu que nous avons proclamé cette nuit, nous laisse sur l'interrogation, la peur, l'absence ( le tombeau vide) et le silence...nous sommes comme en attente, un peu déconcertés...l'énigme, mieux le mystère est total(malgré la mise en scène extraordinaire :tonnerre, tremblement de terre, crainte, l'ange... !) Nous attendions l'affirmations joyeuse, le cri de victoire, l'attestation de la vie et voilà qu'il ne nous est donné qu'un vide, une absence, une ouverture...J'avoue ce soir ma peur, à moi aussi.

C'est ici que se joue pour ma foi la réalité de la résurrection de Jésus. Entre vérité et l'illusion, voire la supercherie, la distance est infime...Elle représente juste le déplacement d'une pierre tombale...Elle n'est comblée que par la parole d'un jeune homme vêtu de blanc...Elle est le vide d'un tombeau qui aurait dû contenir la dépouille d'un jeune homme crucifié...j'ai l'impression, ce soir que toute l'histoire du Salut, toute l'histoire de l'Alliance, est comme une immense pyramide inversée, en équilibre sur sa fine pointe .C'est vertigineux !

Peut-être, sans doute même, devons-nous, en cette nuit, accepter de passer nous aussi par cette inquiétude :accepter de rester là, au seuil du tombeau vide, au c½ur de notre grande interrogation. C'est peut-être là, dans notre Galilée à nous, ce grand tohu-bohu de nos questions, nos peurs, de nos désirs, que le jeune homme vêtu de blanc nous envoie, là où le Vivant nous précède, là où il nous a donné rendez-vous ? Loin des trompettes enrouées de la gloire, la flûte de l'évangile (de Marc ) nous rejoint ici dans le vif de notre chair qui tremble. Ce récit est comme le négatif de la photographie que nous rêvions de contempler. Il nous dit " déchiffres, apprends à déchiffrer le négatif de ta vie. Un jour alors, tu pourras voir se développer l'image positive. Tu verras les formes et les couleurs, les lumières...tu contempleras, tu comprendras... "

Que te donne ce négatif pour l'heure ?

D'abord, on a roulé la pierre. Le mystère de la vie, que tu croyais à jamais enfermé dans les tombeaux de la mort, écrasé sous la lourde pierre de tes désespérances ou de tes résignations, le mystère de la vie a trouvé cette nuit ouverture. Tu sais désormais que la nuit communique avec le jour, que la mort peut communiquer avec la vie. Tu comprends que ta vue était un peu courte, te rendant incapable d'en saisir la fin comme d'en saisir l'origine..

Puisqu'on a roulé la pierre, puisque tu peux désormais passer, sors du tombeau et regarde : Regarde la vie dans les yeux d'un enfant, dans l'impatience d'un adolescent, dans l'élan d'un jeune, dans le courage d'un adulte, dans la fidélité d'un vieillard... Regarde la vie dans le don qu'en font tant et tant de tes frères et s½urs, au service des blessés de l'existence, des souffrances, des pauvres, des exclus de nos sociétés, des opprimés...

Regarde, des jeunes hommes vêtus de blanc, tu reconnaîtras sans cesse sur ta route, maintenant que tu es passé par l'ouverture étroite(du tombeau). Des êtres de lumière, des êtres de la résurrection. Peut-être toi même, quelques jours, seras-tu à ton tour, pour quelqu'un cet être vêtu de blanc. Alors, tu pourras annoncer : " n'ayez pas peur, je vous annonce la vie. La mort est déjà vaincue. Sortez de vos tombeaux ! Allez à la rencontre du Vivant, en toutes les Galilée du monde :il vous précède, il est déjà passé ! Et vous le verrez !