Et voilà ! C’est fini. Il est parti. Le tabernacle est vide. L’autel est nu. Il n’y a plus de fleurs, ni de bougies. Il n’y a plus que le vide, le vide laissé par le départ. Vous ne trouvez pas qu’on en fait un peu trop. La vie n’est déjà pas très amusante, et voilà qu’on nous rajoute une cérémonie triste et déprimante. Est-ce que l’Eglise a décidé de jouer sur le pathos pour faire venir des gens ? Est-ce que la liturgie veut nous émouvoir et nous faire pleurer ? Eh bien, non, parce qu’il y a une grande différence entre la vérité et la sensiblerie. La sensiblerie, c’est ce qu’on voit à la télévision au journal télévisé, quand on nous montre des hommes et des femmes rescapés de leur traversée de la mer Méditerranée. La sensiblerie, c’est quand on nous montre le cadavre d’un enfant sur une plage, et que rien ne change. La vérité, c’est quand on est à ce point bouleversé qu’on est prêt à changer, pas seulement changer les autres, mais se changer soi-même. Dans l’Evangile selon saint Luc, on nous parle d’un centurion qui se dit : « sûrement cet homme était un juste. » Croyez-vous qu’après cela il continuera à vivre comme avant ? Non, il y a quelque chose qui a été bousculé en lui. Il ne regardera plus la vie comme avant. Il ne regardera plus les autres de la même façon. Oui, le monde et notre cœur sont bien vides quand on a enlevé Dieu. Et on enlève Dieu quand on se bat pour avoir la meilleure place, quand on se bat pour avoir raison. Rendons à Dieu sa vraie place, au centre de notre vie. Nous qui sommes perdus dans un vaste univers sans frontière, perdus dans une petite ville dans un petit pays, Dieu donne à chacun d’entre nous ce qu’il a de plus précieux, son propre Fils. Ça, ce n’est pas de la sensiblerie. Ça, c’est la vérité.
Vendredi Saint
- Auteur: Philippe Henne
- Date de rédaction: 14/04/17
- Temps liturgique: Temps du Carême, Triduum pascal
- Année: 2016-2017