Pentecôte

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 5/06/22
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Esprit Saint, qui es-tu ? Telle est la question que nous pouvons tous nous poser.  Nous pouvons facilement imaginer ce qu’est un père et ce qu’est un fils.  Cela correspond à notre expérience. Mais un esprit, c’est impalpable, cela n’a pas de consistance, ce n’est pas une personne qu’on peut voir, saisir, toucher.  Et pourtant c’est à cause de l’Esprit Saint que les apôtres sont sortis de leur confinement.  Depuis plusieurs jours, plusieurs semaines, ils vivaient enfermés dans une petite pièce à l’étage, le Cénacle.  Ils avaient peur.  Ils n’osaient plus sortir.  Nous aussi, nous sommes restés pendant plusieurs mois enfermés à cause de la pandémie.  Et pourtant, maintenant encore, nous sommes enfermés par notre peur de la guerre et de ses conséquences économiques.  Nous avons besoin de l’Esprit Saint pour faire comme les apôtres, sortir de notre confinement de peurs et d’inquiétudes.

            Car l’Esprit Saint, c’est comme la sève qui pousse dans un arbre et qui fait éclater les bourgeons pour en faire des fleurs et puis des fruits ouverts au soleil et à la pluie.  Au lieu de rester bien au chand dans l’enfermement de leur petit cocon, ils s’ouvrent à la vie avec ses multiples difficultés.  De même, les apôtres ont brutalement quitté le confort rassurant du Cénacle pour annoncer partout dans le monde que le Christ est ressuscité.  Nous aussi, nous avons connu ces départs fulgurants : fœtus, nous sommes sortis du ventre de notre mère ; adultes, nous avons quitté nos parents pour commencer une vie nouvelle.  Aujourd’hui, nous sommes appelés à aller dans le monde non pas avec un seau d’eau bénite, mais avec le sourire de l’amour et une oreille ouverte à l’écoute.  Cela peut se faire dans les aumôneries d’hôpitaux, comme dans les centres d’accueil pour les plus démunis.  Mais cela doit se faire aussi dans la joie d’être chrétiens, et pas dans le découragement devant les églises vides et les couvents vieillissants.  Aujourd’hui et maintenant, des millions d’hommes et de femmes prient avec nous et pour nous.  Cela, les apôtres ne l’avaient pas.  Ils étaient seuls. Tous les disciples étaient partis.  Ils étaient rentrés chez eux.  Mais les apôtres se sont levés et ils sont allés annoncer la Bonne Nouvelle partout dans le monde.  Nous aussi, nous pouvons nous lever et apporter aux malades le réconfort, aux démunis un peu de pain et aux personnes âgées un peu de tendresse.
            L’Esprit Saint, c’est comme la sève qui monte derrière une écorce durcie par la peur et par le confinement pour faire éclore une fleur fine et délicate qui donnera un fruit ferme et charnu.  L’Esprit Saint, c’est la force de la vie qui nous rend confiants en nous-mêmes et sûrs de l’amour du Christ.  Ce n’est pas la pluie qui nous empêchera de sortir, mais c’est l’amour qui nous donnera envie de vivre.  L’Esprit Saint, ce n’est pas un petit poêle qui nous garde bien au chaud.  C’est la sève qui nous nourrit, nous redresse et nous pousse vers le haut.