« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais la guerre »
Comment Jésus peut-il dire une chose pareille ? N’est-ce pas lui, le prince de la paix ? Mais, d’ailleurs, une question se pose après les attentats terroristes que nous avons connus : la religion est-elle source de paix ou de division ? Est-ce que le fait d’être chrétien me coupe, me sépare de ceux qui ne sont pas chrétiens ? Est-ce que ma foi chrétienne me pousse à haïr les autres ou à les aimer autrement ?
Tout d’abord, il est bon de se rappeler que les premiers chrétiens ne sont pas partis dans le monde pour tuer tous les païens, mais qu’ils sont morts martyrs. Tous les apôtres, sauf saint Jean, sont morts brutalement, assassinés par les Romains. Dieu n’a pas envoyé les apôtres conquérir une terre promise, ni envahir de nouveaux territoires. Tout simplement parce que le Royaume de Dieu n’est pas un royaume terrestre, mais parce qu’il est dans les cieux. Et nous qui sommes sur terre, nous sommes heureux d’être dans le royaume de Belgique, mais ce n’est pas le Royaume des cieux que le Christ nous a promis. C’est la raison pour laquelle, quand un croyant dit qu’il aime Dieu au point de haïr les autres, on peut se poser la question si c’est vraiment Dieu qu’il aime, ou quelque chose d’autre de plus égoïste.
Non, Dieu n’est pas venu apporter la guerre, en voulant envahir des pays et en voulant détruire d’autres peuples. Il n’est pas venu apporter la guerre, mais les autres ont voulu le détruire, lui et les chrétiens. L’empereur romain voulait qu’on l’adore comme dieu. C’est la raison pour laquelle il était obligé de persécuter les chrétiens parce que les chrétiens lui disaient : « nous voulons bien prier pour toi, mais nous ne voulons pas te prier, toi, comme un dieu. »
Les chrétiens n’étaient pas venus apporter la révolution pour détruire l’empire romain, mais ils étaient venus apporter la révolution parce qu’ils demandaient de regarder et d’accueillir tous les hommes comme des enfants de Dieu. Et cela change tout. Quand, dans un commerce, on commence à vendre des produits, on ne cherche pas à s’enrichir de manière malhonnête, mais on considère son client, comme un enfant de Dieu. Lui mentir, c’est mentir à Dieu. Le voler, c’est voler Dieu. Il en est de même dans les relations entre patrons et employés, entre chefs et subordonnés. Blesser l’autre, c’est blesser Dieu. Ecraser l’autre, c’est écraser Dieu.
Voilà pourquoi nous devons avoir des paroles de résurrection, comme Jésus avec Marie-Madeleine ou avec Zachée. Nos paroles et nos actes devraient être constructifs, comme ceux de Christ avec la Samaritaine ou avec Nicodème. Etre capables de partir de là où se trouve notre frère ou notre sœur pour leur montrer la beauté de l’amour de Dieu. Cela peut se faire par des paroles, cela peut se faire aussi par des actes. Il y a des mots qui tuent. Il y a des gestes qui sauvent. C’est ce que le Christ nous offre aujourd’hui dans son eucharistie. Il s’était manifesté à Moïse et lui avait donné la Loi. Il avait parlé aux prophètes et les avait envoyés changer les cœurs de leurs contemporains. Et il est venu parmi nous et il a donné sa vie. Et maintenant, aujourd’hui encore, il nous donne son corps et son sang. Et c’est grâce à l’eucharistie que la communauté chrétienne se construit. C’est grâce à celle que nous sommes rassemblés et c’est encore grâce à elle que nous repartons, riches de son amour et forts de notre prière commune. Partons donc construire un monde nouveau, celui où tous les hommes sont frères et où, tous, nous marchons vers le royaume des cieux.
Philippe Henne