31ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 30/10/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Quel culot ! Jésus interpelle un haut fonctionnaire et lui dit : « descends de là ! ». Il lui parle comme à un gamin qui serait monté dans un arbre pour s’amuser. Il lui dit non seulement : « descends de là ! », mais aussi « dépêche-toi ! Je vais manger chez toi. » C’est le monde à l’envers. D’habitude, c’était Zachée qui allait chez les gens et il était toujours accompagné de deux soldats romains pour l’aider dans sa sale besogne de pillage. Car, quand Zachée venait percevoir les impôts, il prenait une commission, et une belle commission. Il donnait en plus une petite gratification aux soldats romains qui l’accompagnaient. Comme cela, ils étaient toujours prêts à venir l’aider dans ses visites brutales et intéressées.

            On n’est pas Zachée, mais on est parfois confrontés à des gens qui traitent comme des domestiques. Cela peut être les enfants ou des parents devenus vieux et capricieux. Cela peut être aussi ce Jésus, cet étranger qui fai la vedette et qui passe au milieu de la foule et qui vient nous commander. Et on a envie de lui dire : « il ne faut pas exagérer. »

            « Il ne faut pas exagérer » : c’est exactement ce qu’a dit une petite sœur des pauvres au siècle dernier. Les petites sœurs des pauvres s’occupent des personnes âgées, malades et sans ressources. Une petite sœur des pauvres était allée se plaindre auprès de Jeanne Jugan, la fondatrice de cette congrégation. Elle avait dit, pleine d’amertume : « ces pauvres, ils nous traitent comme des domestiques ! » Et Jeanne Jugan lui a répondu : « Ils ont raison. Ce sont nos maîtres. » Sœur Emmanuelle et Mère Teresa n’auraient pas dit autre chose parce que pour elles les pauvres du Caire et les mourants de Calcutta étaient autant de visages du Christ devant elles.

            Il y a des gens qui s’ennuient. Il n’y a jamais personne qui va les voir, ni qui va leur parler. Mais on ne peut jamais rien leur demander. Il y a des gens qui sont toujours occupés parce qu’ils sont toujours prêts à aider. Mais, vous me direz, il ne faut pas exagérer et vous avez raison. Il faut parfois pouvoir dire non à des enfants et même à certaines personnes âgées. Mais Jésus, lui, n’a pas hésité. Il n’est pas descendu d’un sycomore, comme Zachée. Il est descendu du ciel et il s’est fait le serviteur de tous, en mourant sur la croix. C’est peut-être pour nous l’occasion de regarder autour de nous tous ceux et toutes celles qui, dans l’ombre, se sacrifient pour nous dans les petites tâches de la vie quotidienne : ceux et celles qui préparent le repas et qui veillent à la bonne gestion de la maison, les bénévoles qui veillent à l’entretien et à la bonne marche de la paroisse, prêtres, diacres et laïcs, et, bien entendu, ceux et celles qui, sans bruit, vont loirs les malades, les personnes isolées et les nécessiteux.

            Sans le savoir, nous sommes parfois comme Zachée installé sur notre arbre en train de regarder passer les gens dans la rue et dans notre vie. Et voilà que quelqu’un s’arrête chez nous. C’est Jésus ! Il rentre dans notre vie et cela change tout. La grande différence avec Zachée, c’est que ce n’est pas nous qui lui donnons à manger, mais c’est lui qui nous invite à Sa table et c’est lui qui nous apporte à manger : son Corps et son Sang qui continuent à nous transformer. Alors oui ! Allons vite à sa Table et apportons-lui toute notre amitié. Nous pourrons alors repartir chez nous, dans notre famille et dans notre quartier, partager le bonheur que nous avons reçu : avoir été dérangé par Jésus.