Mercredi des Cendres

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 21/02/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

 Le carême, une période de tristesse et de privations ? Mais non, c’est bien plutôt une période de rencontre amoureuse. C’est comme pour Roméo. Un vendredi soir, ses copains lui disent : « tu viens ? Ce soir, on regarde un match de foot. Il y aura de la bière et des pizzas. » - « Non, leur répond Roméo, ce soir je reste avec Juliette. On se fait un petit repas en amoureux. » - « Viens, lui disent ses amis, ce sera plus gai tous ensemble. » Et c’est vrai qu’il y aura de l’ambiance ce soir-là pendant le match de football. Il y aura beaucoup de bruit, puis plus rien, tandis que, chez Roméo et Juliette, ce sera plus calme, mais plus profond. Roméo a renoncé à une soirée de fête entre amis pour un petit repas en amoureux avec Juliette.

Et c’est cela que nous sommes invités à faire pendant ce carême : redécouvrir le simple bonheur d’être ensemble avec Jésus. C’est ce que nous faisons tous les dimanches. On arrête toutes les activités, on dépose les soucis de la journée, et on se pose un moment avec Jésus. Et c’est important d’avoir un moment bien précis dans la semaine rien que pour Jésus. C’est un moment de paix et de ressourcement. C’est la raison pour laquelle beaucoup d ‘hommes et de femmes ont dans leur appartement ou dans leur maison un coin réservé à Dieu. C’est sur une étagère ou sur une petite table un crucifix ou une image pieuse. Il n’y a rien d’autre que cela. On ne dépose jamais rien sur cette place. C’est réservé. On a ainsi sacrifié de la place pour Dieu. La place qu’on a réservée pour Dieu dans l’appartement correspond à la place qu’on a réservée pour Dieu dans son cœur. C’est un petit renoncement pour un mieux.

C’est comme cela qu’on peut comprendre le carême : se libérer pour voir l’essentiel. Certains d’entre arrêtent de boire de l’alcool ou de fumer pendant un mois. C’est important, et c’est bon pour la santé. Mais on pourrait faire cela pour être plus libre afin de mieux accueillir Jésus dans l’autre qui me parle. Au lieu de chercher des yeux l’endroit où je pourrai fumer, ou l’heure à laquelle je pourrai prendre l’apéro, je peux, l’esprit liber, écouter l’autre qui me parle.

Oui, le carême est un temps de libération pour mieux accueillir Dieu dans sa Parole. Certains d’entre nous ont le culte du journal télévisé. Rien, ni personne ne peut venir les déranger pendant ce moment-là. Peut-être pourrions-nous faire de même : avoir un moment fixe, précis dans la journée pendant lequel nous lisons la Parole de Dieu. - Oui, mais je ne sais pas quoi lire et je me décourage vite. - Lisons alors l’évangile de la messe du jour. En même temps que nous, des millions d’hommes et de femmes lisent le même passage de l’Écriture et prient avec nous. Oui, mais, quand je l’ai lu, je l’oublie et je suis tout de suite occupé par autre chose. Dans ce cas, lisons-le avant de partir au travail. Pendant le trajet, cette petite parole germera peut-être dans notre esprit. Elle mettra en tout cas un peu de lumière dans notre course de tous les jours.

Car c’est cela, le carême : c’est donner un peu de place à Jésus dans notre vie et mettre un peu de lumière dans notre existence. C’est pour cela que c’est une bonne idée, le matin, de dire bonjour à Dieu et de lui dire merci : « merci, Seigneur, pour la vie que tu me donnes. Merci pour ton amour aujourd’hui. » C’est comme le baiser que l’on donne à son conjoint et ses enfants, ou le bonjour que l’on souhaite à celui et à celles que nous rencontrons. Cela change tout. Nous ne sommes pas seuls. Cela donne de la vie et de la lumière à toute la journée.

Le carême n’est pas quelque chose que l’on fait tout seul. On le vit en Église, avec l’Église et soutenu par l’Église, c’est-à-dire la prière du peuple de Dieu. Des millions d’hommes et de femmes, aujourd’hui et maintenant, partout dans le monde, font la même chose que nous : laisser un peu de place à Jésus pour pouvoir se faire ensemble un petit repas en amoureux.