C’est la panique ! Jésus sait qu’il monte à Jérusalem pour y être crucifié. Cette disparition brutale, cette mort infâmante provoquera la débandade de tous ses disciples et de tous ses apôtres. Effrayés par toute cette violence, ils seront complètement perdus. Tout ce qui avait fait leur vie, leur espoir, leurs rêves d’avenir, tout cela va s’effondrer sans explication. La foule qui acclamera Jésus à son entrée le Dimanche des Rameaux lui crachera toute sa haine le Vendredi Saint. Si les apôtres fuient, c’est bien sûr parce qu’ils ont peur pour eux-mêmes, mais aussi et surtout parce qu’ils ne savent plus quoi faire et où se tourner. Cette situation tragique peut nous arriver à tout instant : un accident peut nous clouer brutalement au lit pendant de longues semaines, une violente dispute peut nous déstabiliser au point que nous ne sachions plus quoi faire, quoi dire.

 C’est pourquoi Jésus a voulu donner à quelques-uns de ses apôtres une idée de ce qu’il était vraiment, le Fils de Dieu. Et il ne l’a pas fait tout seul. Il l’a fait avec son Père, comme il l’avait fait lors de son baptême. Mais cela n’était clair pour les apôtres. Ils ne le comprendront qu’après la résurrection. Pour nous, non plus, ce n’est pas clair, tout ce qui se passe dans notre vie. On est souvent surpris, parfois dans un bon sens, parfois dans un mauvais sens. C’est pour cela qu’il est important d’être ici, aujourd’hui, dans cette église pour prier et pour nous souvenir ensemble des belles choses que Dieu a faites tout au long de l’histoire de l’humanité. Et peut-être qu’en ce temps de carême nous pourrions faire un effort pour nous souvenir en particulier des beaux moments de notre vie. Nous avons tous des milliers de photos dans notre tête ou dans des albums. Ce serait peut-être intéressant de sortir de l’oubli le plus beau moment de notre existence, le moment où tout a changé, où on a rencontré quelqu’un, son conjoint ou Jésus-Christ qui a donné un sens à notre vie. Il suffit d’une rencontre pour que tout change.

En retrouvant le souvenir de ce beau moment, on pourra se dire qu’on s’est peut-être un peu assoupi et qu’on a oublié la force que cela pouvait nous donner. Nous sommes un peu comme saint Pierre qui voulait planter une tente et s’installer, alors que Jésus vient nous toucher, c’est-à-dire nous réveiller, et nous dire : « relève-toi ». On était restés sur ce moment du bonheur et on s’était installés dans la routine de l’habitude. On avait oublié que cela change tout de connaître Jésus ou son conjoint. Cela change toute notre façon de vivre et de voir la vie. Les années passent et on se réveille tout étonnés : on est devenu des étrangers au milieu d’étrangers.

Les apôtres croyaient connaître Jésus : il faisait des miracles et ils espéraient que cela allait continuer longtemps comme cela. Et puis, ça a été la catastrophe : l’arrestation, la condamnation, la mort. C’est à nous de nous relever maintenant. Nous allons goûter à l’eucharistie. Nous allons découvrir la présence de Dieu dans notre vie. C’est à nous à faire comme les apôtres : nous lever et aller porter cette Bonne Nouvelle partout autour de nous.