Cinq maris ! La Samaritaine a eu cinq maris ! On ne sait pas s’il faut la plaindre ou l’admirer. L’admirer, parce que recommencer à vivre avec quelqu’un, ce n’est pas facile. On a chacun ses habitudes, ses rêves et ses envies. Ce ne doit pas être facile de bâtir une nouvelle relation avec quelqu’un de nouveau. On a tous notre passé, nos blessures, nos handicaps. Et la Samaritaine devait avoir en elle, une grande, une profonde blessure puisqu’elle s’est écriée à un certain moment : « donne-moi de cette eau, que je n’ai plus jamais soif ! » En changeant de mari, elle cherchait le vrai amour, celui qui pourrait la combler. Nous aussi, nous attendons le vrai, ou un amour plus fort encore que celui que nous avons la chance de connaître pour le moment. Nous n’avons jamais assez d’amour. On pourrait nous téléphoner tous les jours, on serait capable de dire que personne ne pense à nous. On n’a jamais assez.
Et on cherche parfois aux mauvais endroits, aux mauvais moments, comme la Samaritaine. Quelle idée d’aller chercher de l’eau à midi, pendant les heures les plus chaudes de la journée ! C’est tôt le matin ou tard le soir qu’on va chercher de l’eau. Les chasseurs le savent bien c’est le soir que les bêtes sortent de la forêt pour aller boire de l’eau. C’est n’est pas à midi.
Mère Teresa, elle, n’a pas fait comme la Samaritaine : chercher l’amour au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle a cherché l’amour au bon endroit. C’était une Albanaise, qui était entrée dans une congrégation irlandaise pour aller vivre en Inde. Elle n’a pas chercher d’autres Albanaises pour se consoler d’habiter aussi loin de chez elle. Elle est allée apporter aux plus démunis ce dont elle avait besoin : « un peu d’amour, un peu d’attention. Et alors, les clochards et les mourants de Calcutta pouvaient se dire : oui, je connais quelqu’un qui pense à moi. Même si elle n’est pas tout le temps à côté de moi, lui, je sais qu’elle pense à moi et que bientôt elle viendra ».
C’est comme le Christ. Il sait qu’on ne pense pas tout le temps à lui, mais lui, il pense tout le temps à nous, à chacun d’entre nous. Et il nous attend là où nous nous sommes égarés : à midi, en plein soleil, au bord d’un puits où normalement personne ne va jamais à cette heure-là. Il est là parce qu’il sait que ce sont les gens les plus malheureux, les plus désespérés qui sont à cet endroit. Et c’est là qu’il nous accueille et qu’il nous parle.
Il nous pose alors les bonne questions : « qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce que tu cherches ? » Et ces questions nous blessent parce qu’elles nous touchent au plus profond de notre cœur, là où on a le plus soif. Et il n’est pas là pour nous gronder ou nous faire des reproches, mais pour nous donner son Corps et son Sang, pour nous donner toute sa vie et tout son amour. Alors on comprend pourquoi il dit que ce n’est pas nécessaire d’aller à Jérusalem pour le trouver, mais qu’il suffit de se taire et de le laisser parler au plus profond de notre cœur. C’est lui qui vient vers nous. C’est lui qui vient pour tout nous donner. Et lorsqu’on a compris tout cela, on fait comme la Samaritaine : on laisse là notre cruche, c’est-à-dire tous nos petits et nos gros soucis, et on va dire aux autres : « j’ai rencontré Jésus et je viens vous dire ce qu’il m’a dit, je viens vous donner ce qu’il m’a donné », comme l’a fait Mère Teresa aux pauvres de Calcutta.