4ème Dimanche de Carême

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 19/03/23
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Tout le monde parle de tout le monde, mais peu de gens parlent directement aux personnes concernées. Regardez les apôtres. Ils croisent un aveugle. Ils ne cherchent pas à savoir comment il pourront l’aider. Non, ils se demandant pourquoi il est aveugle. Et c’est souvent comme cela. On parle des adolescents qui sont en pleine révolte, mais peu arrivent à parler avec eux, à les écouter, à les sortir de leurs problèmes.

C’est un peu la même situation dans la première lecture. Samuel, un prophète de la cour royale, arrive. Tout le monde est là autour de lui, sauf le plus petit. On l’a oublié. Il était en train de garder les moutons. Il y a beaucoup de petits derniers qu’on oublie. Cela peut être dans la famille, dans la communauté ou même dans le quartier. Des gens qu’on n’écoute pas. Ils font partie du décor. C’est tout.

Le plus difficile, c’est de pouvoir les approcher. Ils sont tellement habitués à être oubliés qu’ils ont fini par se replier sur eux-mêmes. Et parfois, pour vivre, pour survivre, ils deviennent même agressifs, comme les solitaires, ces vieux sangliers, qui vivent seuls dans les Ardennes. D’autres, au contraire, sont tellement révoltés qu’ils font des bêtises pour qu’on s’occupe d’eux. Alors on réagit, mais le plus souvent c’est pour les punir, ce qui ne résout pas le problème.

Il en est un autre dont on parle beaucoup dans cet évangile, mais avec qui on parle peu : c’est Jésus ! Il apparaît au début et à la fin de l’évangile. Au début, il guérit. À la fin, il dit qui il est : le Fils de l’homme, la lumière du monde. Et c’est peut-être à cela que sert aussi le temps du carême : redécouvrir les petits miracles que Dieu fait dans notre vie. Nous sommes le plus souvent écrasés par les ténèbres de la routine, alors que notre route est parsemée de petites pierres précieuses qui peuvent briller comme des étoiles, si nous les découvrons et si nous enlevons la poussière de l’oubli. Ces petites pierres précieuses, cela peut être une personne qui a l’air sincèrement contente de nous rencontrer au magasin ou à la fin de la messe. Peut-être a-t-elle, elle aussi, besoin d’un peu d’amitié et de sympathie. Ces petites pierres précieuses, cela peut être aussi ces personnes avec lesquelles nous vivons tous les jours et que nous ne voyons plus comme des cadeaux qui nous sont faits par Dieu.

L’exact opposé de l’aveugle, ce n’est pas celui qui voit tout simplement les choses autour de lui, mais c’est celui qui voit la présence de Dieu dans toutes ces petites choses de la vie quotidienne, comme saint François quand il louait Dieu. Il voyait Dieu dans les plus petites choses de la vie, comme notre sœur l’eau, notre frère le soleil, notre sœur la pluie, etc. C’est pour cela que pendant l’offertoire nous disons déjà merci à Dieu pour le pain et le vin, fruits du travail des hommes, oui, assurément !, mais aussi premiers dons offerts par Dieu à tous les hommes, bons ou mauvais, croyants ou incroyants. L’aveugle, c’est celui qui mange et qui boit sans dire merci, comme un adolescent en pleine crise. Le voyant, c’est celui qui reconnaît la présence douce et chaleureuse de Dieu dans toutes ces petites choses. La vie pour lui est pleine de lumière et il peut la partager avec tous les autres.

 

Philippe Henne