Chers frères et sœurs,
« Témoins recherchés ! » Tel est l’appel que la police lance parfois pour rechercher des témoins qui auraient assisté par exemple à un accident de la route, à une émeute ou à une agression et qui pourraient donner des informations plus détaillées à ce sujet.
« Témoins recherchés » – c’est l’appel que nous aimerions lancer également en ce qui concerne l’événement de la nuit du premier jour de la semaine : trouver quelqu’un qui pourrait nous dire plus précisément comment la Résurrection s’est réellement produite, comment elle a eu lieu, comment un mort est ressuscité d’entre les morts.
Mais aucun d’entre nous ne saura jamais rien de plus précis que ce que nous venons d’entendre dans l’Évangile de Jean. Personne n’a été le « témoin oculaire ou auditif » du miracle d’une résurrection d’entre les morts – pas même cette Résurrection de Jésus. Seule la nuit où cela s’est produit sait ce qui s’est réellement passé, comme le dit l’Exultet de la Veillée Pascale : « O nuit de vrai bonheur : toi seule pus connaître cette heure où le Christ a surgi des enfers. »
Les personnes dont l’Évangile nous parle aujourd’hui, Marie Madeleine, Pierre et Jean,n’étaient donc pas des témoins oculaires. Du moins pas des témoins oculaires dans le sens où ils auraient vu ce qui s’est passé. Pourtant, ils nous sont présentés comme des Témoins de la Résurrection.
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, il est question de « voir » ou de « s’apercevoir ». Les verbes voir et apercevoir ont toujours ici quelque chose qui a un rapport direct avec la Résurrectionet le tombeau vide. Le tombeau vide n’est pas une preuve en soi de la Résurrection de Jésus. Il en est un signe. La Résurrection ne s’éprouve pas par des signes tangibles.
Nous ne sommes pas seulement des êtres qui voient, nous sommes aussi des êtres qui aiment. Toute personne qui aime court à la rencontre de l’autre. Ainsi court celle que la tradition chrétienne a nommée « le Treizième Apôtre », c’est-à-dire Marie Madeleine, au tombeau de Jésus. Elle « se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres » (Jn 20, 1). Elle cherche celui que son cœur aime, dit le Cantique des Cantiques (cf. Ct. 3, 1). Elle voulait sans doute rendre les derniers hommages à celui qu’elle aimait : Jésus.
Quelle surprise ! Marie Madeleine voit de loin que la pierre a été enlevée du tombeau et que le corps de Jésus ne s’y trouve pas. Elle court de nouveau en informer les Apôtres afin que ceux-ci viennent constater les faits. Elle leur annonce cette nouvelle troublante : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé » (Jn 20, 2). À sa demande, deux Apôtres se rendent immédiatement au tombeau pour voir.
Pierre et Jean courent, mais chacun à son rythme. Jean arrive le premier, mais regarde d’abord le tombeau de l’extérieur et puis s’efface pour laisser entrer Pierre. Pierre arrive, à son tour, rentre même dans le tombeau et regarde attentivement : les linges sont là, à la place du corps ; le suaire est là aussi, à la place de la tête, bien roulé à part. Ensuite, Jean entre lui aussi dans le tombeau et à l’instant se produit quelque chose d’incroyable que l’Évangéliste résume en deux mots : « Il vit et crut » (Jn 20, 8). Ce sont ces deux mots clés qui nous permettent de méditer sur ce qui est au cœur du mystère de notre FOI : la Résurrection de Jésus.
Jean croit sur la base des signes qu’il voit de ses propres yeux et qui lui permettent de confesser que Jésus est ressuscité. D’ailleurs, toutes les apparitions du Seigneur nous montrent que les gens ont besoin de signes pour croire. Pensons ici à l’Apôtre Thomas qui veut d’abord toucher les blessures de Jésus, avant de croire que le Seigneur est ressuscité.
Aujourd’hui encore, Dieu nous offre des signes qu’Il est vivant et qu’Il prend soin de nous. C’est surtout dans des situations de crise ou de maladie que nous faisons l’expérience des miracles de Dieu. Beaucoup de gens ont également fait l’expérience de la guérison de malades par Dieu, sans qu’il y ait une intervention médicale. Vous avez passé peut-être un moment difficile ces derniers temps dans votre famille, et tout d’un coup les choses ont trouvé une solution.
Mais en fin de compte, ces signes que Dieu pose sur notre route ne sont que des béquilles pour la Foi ! « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », a dit le Ressuscité à Thomas (Jn 20, 29). Et le dernier verset de l’Évangile d’aujourd’hui est remarquable : « Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 9).
Jean a cru parce qu’il a vu des signes, mais il n’a pas cru les Écritures, c’est-à-dire qu’il n’a pas cru la Parole de Dieu.
Jean n’avait pas encore la Foi en la Parole de Dieu. C’est ce que le Ressuscité voulait encore lui faire découvrir. La foi dans la Parole de Dieu est une confiance totale en ce que Dieu dit dans les Écritures. Abraham avait une telle foi (Gen 15, 6) : il ne croyait pas qu’il aurait un fils à cause d’un quelconque signe, mais uniquement sur la base de la Parole de Dieu, bien qu’il ait déjà cent ans.
Chers frères et sœurs, en ce Dimanche de Pâques, nous sommes invités à aller à la rencontre du Ressuscité.
Il t’attend, tel que tu es avec la pesanteur de ta vie, avec tous les soucis de ton cœur, avec tes lassitudes et surtout avec la petite flamme de ton espérance.
Que retenir de cet Évangile de Pâques ? Trois choses :
Premièrement, Pâques, c’est la Résurrection de Jésus. Nous sommes invités à devenir les « Témoins recherchés de la Résurrection ». Ne nous contentons pas de dire que Jésus est ressuscité. La Résurrection se manifeste dans le témoignage de notre vie dans nos familles et nos communautés. Le Saint Pape Paul VI a dit un jour : « Les hommes d’aujourd’hui ont plus besoin de témoins que de maîtres. Et lorsqu’ils suivent des maîtres, c’est parce que leurs maîtres sont devenus des témoins. »
Deuxièmement, Pâques, c’est la fête de la Foi ! La Résurrection est le cœur du mystère de notre FOI en l’Amour de Dieu qui se donne au monde et à nous dans son Fils Jésus. Car l’Amour ne meurt pas, l’Amour est plus fort que la mort. Dieu est Amour !
À chaque Eucharistie, après la consécration, le Célébrant principal dit : « Il est grand le mystère de la foi » et l’Assemblée répond : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta Résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ». Le plan de Dieu se réalise dans la Résurrection de son Fils ressuscité.
Troisièmement, Pâques, c’est la fête de l’Espérance. Ainsi, sommes-nous invités à sortir du monde de la détresse et du désespoir, du chagrin et de la misère, de nos soucis et de nos besoins, et à avoir une confiance totale dans la Parole du Ressuscité. Amen.