Eh bien, non ! Vous n’avez qu’à vérifier : Jésus n’a rien mangé. Quand Jésus était avec les disciples d’Emmaüs dans l’auberge le soir, il a pris du pain, il l’a rompu et l’a donné à ses disciples, et puis il a disparu sans avoir rien pris. Comment Jésus pouvait-il participer à un repas et ne rien manger ? Il a fait la même chose le Jeudi Saint : il a pris du pain, il l’a partagé, mais nullement part il n’est écrit qu’il en a mangé.
Et c’est bien normal, puisque ce pain, c’est le Corps du Christ, son propre Corps, et comment voulez-vous que Jésus puisse manger son propre corps ? Cela n’a pas de sens. Cela prouve une chose : c’est que le pain rompu, le pain consacré, c’est vraiment le Corps du Christ. Inutile de chercher ailleurs une explication au fait que Jésus n’a rien mangé pendant la Dernière Cène, ni pendant son repas avec les disciples d’Emmaüs.
Cela veut dire une chose fondamentale pour chacun d’entre nous : c’est que, si Jésus remonte vers le Père (c’est l’Ascension), ce n’est pas pour cela qu’il nous abandonne. Il est bien au contraire encore bien présent parmi nous, présent d’une façon plus utile et plus efficace pour chacun d’entre nous. Le soir, à l’auberge, quand Jésus était avec les disciples d’Emmaüs, il n’y avait que deux personnes pour profiter de sa présence. Maintenant, quand nous sommes réunis autour de cet autel, Jésus se rend particulièrement présent à des dizaines de personnes. Et ce sont maintenant des dizaines de personnes qui pourront goûter son Corps. Si Jésus est monté au ciel, ce n’est pas pour disparaître à tout jamais. C’est pour nous permettre de le rencontrer tous les jours et partout dans le monde.
Et c’est avec un immense respect que nous devons Le recevoir, Lui, le Roi du ciel et de la terre. Il nous invite à sa table et il nous offre la nourriture. Quand nous sommes invités chez quelqu’un, nous n’allons pas directement à la cuisine pour ouvrir le frigo et faire notre propre menu. Nous recevons comme un cadeau ce que notre hôte nous donne. Et notre hôte, c’est Jésus, et c’est son propre corps qu’il nous donne.
Ce n’est pas à nous à plonger dans le plat pour prendre ce qui nous plaît ou ce qui nous fait plaisir. Ce sont les mêmes mains ouvertes que nous recevons avec gratitude ce qu’il nous offre. C’est la raison pour laquelle nous ne plongeons pas dans le ciboire ou sur la patène comme sur un plateau de cacahuètes pour prendre le corps du Christ. C’est le Christ lui-même qui se donne en nourriture. Il est là devant nous, et c’est lui qui nous offre son Corps. Il le fait par l’intermédiaire du prêtre qui est là devant nous avec l’hostie en main. C’est le Christ qui nous donne son propre Corps.
Et c’est la raison pour laquelle cela mériterait de rester un moment en silence après avoir reçu l’eucharistie, pour nous donner le temps de réaliser ce qui vient de se passer : Dieu vient d’entrer dans mon corps, il vient d’entrer dans ma chair. Cela n’arrive pas tous les jours que nous recevons quelqu’un dans notre maison, dans notre intimité. Ici, c’est vraiment le créateur et le sauveur du monde qui vient chez nous, en nous. Cela mérite un moment de réflexion pour essayer de comprendre, d’imaginer ce qui se passe en nous, dans notre vie, dans notre corps.
Cela, Jésus n’aurait pas pu le faire s’il était resté sur terre avec son corps ressuscité. S’il était resté sur terre, il aurait pu un peu voyager à gauche et à droite pour se manifester à ses apôtres et à ses disciples. Mais il n’aurait pas pu rencontrer beaucoup de monde. Mais, maintenant qu’il est au ciel avec son Père, il y a tous ses disciples qui peuvent l’annoncer partout dans le monde. Et nous, nous avons reçu cette Bonne Nouvelle et nous pouvons l’annoncer autour de nous. Alors, comme les disciples d’Emmaüs, levons-nous et allons-nous dire partout dans le monde: le Christ est vraiment ressuscité, je l’ai rencontré, je l’ai reçu dans mon propre corps.