4ème dimanche de Pâques

Auteur: Stéphane Braun
Date de rédaction: 30/04/23
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2022-2023
Textes : Jn 10, 1-10

« Il les appellent chacune par son Nom »

 « Celui qui entre dans l’enclos des brebis, en escaladant la clôture, sans passer par la porte, est un voleur. Mais celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom et ses brebis le connaissent ».

Donner un nom à quelqu’un, c’est le rendre unique. Et quand on est unique, on devient irremplaçable.

Quand des jeunes parents donnent un nom à leur enfant, ils le rendent unique en créant par son nom un lien privilégié. Il n’y a pas deux enfants au monde qui ont les mêmes caractéristiques biologiques, culturelles, sociales, etc … avec le même nom. Et en entendant le son d’une voix qui les appellent par leur nom, les enfants reconnaissent tout de suite le lien avec celui qui les appelle.

A la fin de ce même évangile de Jean, Marie Madeleine pleure la mort de celui qu’elle aimait. Deux anges devant l’entrée du tombeau lui demandent « femme, pourquoi pleures-tu ? ». Sentant une présence derrière elle, elle se retourne et croit voir un jardinier qui lui demande : « Marie, pourquoi pleures-tu ? ». Il n’y a qu’une personne au monde qui peut comprendre la tristesse de Marie Madeleine et l’appeler tendrement, dans le creux de l’oreille, par son prénom. … « Alors, c’est toi, Rabbouni, mon Seigneur, tu es vivant. Au-delà de la mort tu es vivant, tu me connais et m’appelles par mon prénom, tu m’aimes toujours ! ».

Donner un nom à quelqu’un, c’est l’inscrire dans une histoire privilégiée de relation. Une histoire de généalogie, de tradition, de confiance, d’émotions, de respect, d’amour, … Et la mémoire d’un nom, maintient en nous quelque chose de toujours vivant qui nous relie.

Les brebis dans l’enclos se ressemblent toutes, comme les roses dans le champ du « Petit Prince » sont toutes roses et blanches. Mais la brebis que j’appelle par son nom ou la rose que j’ai cueillie pour la sentir et la regarder de près ne sont plus les mêmes. Sorties de l’anonymat de l’enclos ou du champ, elles me deviennent précieuses et même un trésor par la force du lien qui nous relie. Mon regard sur elles en change même la nature.

Jésus appelait Dieu « Père » quand il s’adressait à lui dans son intimité. Nous n’avons bien sûr que les limites de notre vocabulaire pour donner un nom à ce qui n’a pas de limite. Nous employons des mots invariables pour dire l’infinie variété de nos désirs humains. Mais quand les disciples demandent à Jésus comment eux aussi peuvent s’adresser au père, comment l’appeler ? Jésus leur propose une prière qui commence par « Notre Père », pas mon Père, mais notre père. Si je suis seul dans ma voiture, dans ma chambre, dans la nature, … je ne dirai pas mon père qui est aux cieux, je dirai notre père qui est aux cieux.

Jésus, en rejoignant sa source, nous en confie le nom pour qu’il soit reconnu dans la multitude de nos enclos comme « notre Père ». Ce nom composé est à la fois respectueux et familier, à la fois tendre et autoritaire, à la fois aimé et aimant. C’est celui d’un berger qui vient nous chercher, nous sort de l’enclos, nous guide et nous entraine dans les verts pâturages. C’est le nom d’une paternité universelle dont nous sommes appelés à être partenaires.  

Nous sommes dans le temps pascal, Ce temps du « père » devenu « notre père ». Celui des gardiens du troupeau appelés à devenir à leurs tour bergers ou bons pasteurs.
Le temps des noms donnés et reçus reliés dans une incroyable fécondité.
Le temps d’une sainte écologie hors de l’enclos à la porte étroite, confiante dans les verts pâturages à notre portée
Mon berger, « Notre Père », que ce nom que je te donne soit sanctifié !
Amen